Mounir El Bari : “L’optimisation de la consommation d’eau dans nos usines a permis une économie de 20 %”
Dans cet entretien, Mounir El Bari, revient sur la gestion par les eaux minérales Al Karama de la situation actuelle de déficit hydrique. Avec nous, il évoque également les grandes lignes de sa stratégie de développement et de pénétration du marché marocain.
Avant de parler de l’activité de la société Al Karama, l’industrie de l’eau fait face à un contexte de pénurie, mais aussi d’impacts de spirale inflationniste. Quelles sont les conséquences sur votre activité ?
Au cours de l’année 2022, l’industrie d’embouteillage de l’eau a connu une reprise à deux chiffres après les deux années de la pandémie de la covid-19 (2020 et 2021), où la consommation d’eau au Maroc a pratiquement stagné. Néanmoins et malgré cette reprise d’activité, le coût de revient de l’eau embouteillée a spectaculairement augmenté à cause de la cherté du packaging d’origine pétrolier, notamment la préforme en PET (polyéthylène téréphtalate, ndlr), le bouchon en PEHD (polyéthylène haute densité, ndlr) et les étiquettes en OPP (polypropylène orienté, ndlr).
Cette augmentation du coût de revient n’a pas altéré le prix de vente, puisque le secteur n’a pas répercuté ses hausses sur le prix. Au quatrième trimestre de l’année 2022 et avec la baisse du pouvoir d’achat du citoyen et l’inflation qui a atteint des niveaux considérables, la consommation a diminué par rapport à la même période de l’année d’avant.
Dans ce contexte, la société Al Karama a évolué et a pu, malgré la baisse de la consommation constatée au quatrième trimestre, réaliser une croissance à deux chiffres avec une très faible rentabilité due à l’augmentation des charges directes, notamment le packaging, et aussi à l’augmentation du prix du gasoil, intrant principal de la distribution et de la logistique.
De quelle manière la chaîne de production des eaux minérales Al Karama réagit-elle face à la situation de déficit hydrique que vit le Maroc ?
Depuis plusieurs années, la société Al Karama commercialise deux marques sur le marché marocain, à savoir Ain Soltane et Amane. La société a mis en place un programme d’optimisation de la consommation d’eau dans ses usines implantées dans les régions d’Imouzzer, Agadir et Kénitra. Cette rationalisation, qui entre dans le cadre de l’atténuation du stress hydrique que vit notre pays depuis quelques années, avec un taux de pluviométrie très bas, a permis une économie de 20 % de nos besoins en eau.
La société continue à engager des investissements à travers des extensions d’usines, de nouvelles lignes d’embouteillage et la mise sur le marché de nouveaux produits. Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie de développement et de pénétration du marché national ?
Présente sur le marché marocain depuis 2007 – avec la marque Ain Soltane -, le groupe des eaux minérales Al Karama ne cesse de lancer des actions pertinentes pour augmenter sa part de marché et améliorer sa notoriété. Nous avons ouvert deux sites d’embouteillage d’eau de table, Amane Souss, à Agadir en 2015, et Amane Gharb, en 2020, à Kénitra. En 2021, la société a lancé un investissement de 40 MDH à Imouzzer, pour une extension de l’usine et l’installation d’une ligne d’embouteillage dédiée aux petits formats de la marque Ain Soltane. Au début de l’année en cours, l’usine d’Imouzzer a mis sur le marché une eau minérale naturelle gazéifiée après l’obtention de toutes les autorisations et agréments. Désormais, Ain Soltane Gazéifiée est commercialisée en deux formats : 1 litre et 50 cl. Cette stratégie de pénétration du marché et d’amélioration de la notoriété de nos marques constitue la base de notre business plan des cinq prochaines années.
Quelles sont vos perspectives à moyen et long terme sur le marché marocain ?
Al Karama continuera sa percée sur le marché marocain et ne ménagera aucun effort pour avoir une part de marché honorable. L’objectif de notre société est d’atteindre les 20 % à l’horizon 2027.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO