Motivation par le sport : un retour sur investissement non négligeable
La question de rentabilité à l’heure d’investir dans des activités sportives en entreprise a le mérite d’être posée. Bien que les bienfaits peuvent sembler inquantifiables, lorsqu’on parle de motivation, de cohésion d’équipe ou encore de prise de responsabilité, d’autres éléments le sont.
Les chiffres et statistiques officielles manquent cruellement à l’heure de parler de sport en entreprise au Maroc. Tarik Slaoui, membre du bureau de la commission RSE et Diversité au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), explique, dans le cadre de cette table ronde, que «les statistiques précises sur l’impact de la pratique sportive sur la productivité des collaborateurs nécessitent des études approfondies pour établir une corrélation précise».
Néanmoins, «il est indéniable que le sport contribue à améliorer la santé physique et mentale des individus, renforçant les liens entre les collaborateurs et favorisant une ambiance de travail plus apaisée et moins sujette au conflit», poursuit-il.
De plus, l’introduction du sport développe des compétences transversales telles que la résistance à la pression, la combativité, l’orientation vers les résultats, la concentration, la communication et le leadership, affirme-t-il.
Absences en moins
Généralement une politique sociale dans une entreprise, incluant la politique sportive, représente environ 0,5% de la masse salariale, indique Tarik Slaoui, et même en considérant un budget conséquent pour les activités sportives, «nous resterions probablement autour de 1% de la masse salariale, jamais plus». Quant aux bénéfices, plusieurs sont à considérer, dont trois pourraient convaincre les entreprises encore réticentes.
D’abord, «le sport réduit le taux d’absentéisme de 3 ou 4 points, voire de 5 points ; deuxièmement, on constate une amélioration de 14% de la productivité due à un renforcement du sentiment d’appartenance à l’entreprise et à une meilleure santé des employés ; et troisièmement, nous pouvons tabler sur une réduction du coût de sinistralité de 4%», résume le membre de la CGEM, soulignant qu’«au final, le 0,5% initialement investi sera largement récupéré».
Cependant, il est essentiel de noter que de telles initiatives nécessitent des budgets parfois conséquents, affirme pour sa part Mourad Benhammacht, directeur du Capital humain, de la RSE, du juridique et de la compliance chez Sothema. Pour de plus petites entreprises, cela peut s’avérer moins évident, admet le DRH, suggérant d’explorer les possibilités de subventions de l’État, en octroyant des aides ou exonérations, qui pourraient alléger la charge financière des entreprises souhaitant introduire le sport en entreprise. Du même avis, Boujdil, secrétaire général de le Fédération marocaine des professionnels du sport (FMPS) et président de la commission Sport en entreprise, affirme même qu’il est «crucial que l’État accompagne les entreprises dans leurs initiatives sportives».
Dans ce sens, la commission Sport en entreprise de la FMPS, en collaboration avec la CGEM, pourrait mener une étude pour démontrer tous «les avantages et les retombées financières, de manière précise et constructive», recommande Boujdil.
L’exemple français
Une enquête a été menée il y a quelques années par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) sur l’impact économique de l’Activité physique et sportive (APS) sur l’entreprise, le salarié et la société civile. Citant cette étude, Tarik Slaoui affirme qu’au Maroc «nous partageons une certaine proximité culturelle du travail avec nos amis français». Les chiffres ne peuvent pas être extrapolés, mais disons qu’au Maroc, nous serions à un peu moins, explique-t-il. Il en ressort, notamment, que «9 dirigeants sur 10 sont convaincus de l’utilité du sport et de ses bienfaits sur la motivation des équipes et sur la productivité, mais que seuls 17% d’entre eux passent à l’action, ce qui est peu », estime l’intervenant.
«Un salarié qui fait du sport en France coûterait 350 euros en moins à l’entreprise», renchérit Youssef Boujlid évoquant la même étude.
«Ces économies sont le résultat direct des bienfaits pour la santé engendrés par la pratique sportive, et cela souligne l’importance de mener des études similaires dans notre contexte local pour évaluer les impacts financiers spécifiques», suggère-t-il.
Youssef Boujlid
Président de la commission sport en entreprise à la FMPS
«Un salarié qui fait du sport en France coûtait 350 euros en moins à l’entreprise. Ces économies sont le résultat direct des bienfaits pour la santé engendrés par la pratique sportive, et cela souligne l’importance de mener des études similaires dans notre contexte local pour évaluer les impacts financiers spécifiques».
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO