Maroc

Moody’s : Notation maintenue pour le Maroc

Dans une récente note analysant l’état du crédit annuel du Maroc, l’agence de notation Moody’s maintient la notation Ba1 négative pour le royaume en raison d’un niveau d’endettement supérieur à la moyenne. 

L’agence de notation internationale Moody’s maintient la note Ba1 négative du Maroc. Selon l’agence, cette notation reflète les défis croissants posés par les niveaux d’endettement supérieurs à la médiane des pays notés Ba1. Elle reflète également, selon la même source, les niveaux de richesse relativement faibles et des perspectives de croissance modérées après la pandémie, en raison de l’exposition concentrée du Maroc aux secteurs et partenaires commerciaux fortement impactés. «Nous nous attendons à ce que l’assainissement budgétaire et la croissance économique stabilisent la dette publique en dessous de 80% du PIB (70% en termes d’administration publique) au cours des trois prochaines années», lit-on dans la note de Moody’s. Cette dernière ajoute qu’il existe un risque élevé d’engagements conditionnels envers les entreprises publiques, secteur représentant plus de 15% du PIB.

D’un autre côté, l’agence met l’accent sur un large accès à des sources de financement nationales et externes à des conditions favorables, sans oublier l’accessibilité financière de l’encours de la dette et la maîtrise des risques de vulnérabilité externe. La note relève également que les autorités ont stratégiquement réorienté l’économie vers les industries exportatrices à valeur plus élevée (en particulier dans les chaînes de valeur mondiales de l’automobile et du secteur aéronautique), tout en positionnant le Maroc comme plaque tournante du commerce entre l’Europe et l’Afrique. «Dans le même temps, les banques marocaines se sont développées en Afrique subsaharienne, augmentant les risques et opportunités de croissance», poursuit la même source, précisant qu’une mise à niveau des infrastructures de transport du Maroc a soutenu ces changements.

Par ailleurs, Moody’s se montre pessimiste quant à une revalorisation de la note du royaume. En effet, elle affirme qu’«une revalorisation de la note du Maroc est peu probable à court et moyen terme compte tenu du caractère négatif des perspectives». Pour l’agence, si un changement de perspective devait avoir lieu, il serait probablement lié à une politique supplémentaire garantissant la stabilisation du ratio de la dette publique et les passifs éventuels des entreprises publiques. Moody’s estime aussi que la mise en œuvre des réformes du climat des affaires qui améliorent les perspectives de croissance non agricole de l’économie pourrait également être favorable au Maroc.

Le Maroc, champion en matière de vaccination
Néanmoins, Moody’s fait remarquer qu’une action politique rapide et globale du gouvernement marocain durant la pandémie a fortement contribué à limiter les dommages de cette crise. À titre d’exemple, l’agence rappelle que le Maroc a été le premier pays d’Afrique à avoir lancé sa campagne de vaccination, notant que le gouvernement a mis l’accent sur les mesures de soutien à l’investissement pour soutenir la reprise. La note mentionne, à ce propos, le Fonds d’investissement Mohammed VI, doté de 15 MMDH, soit 1,5% du PIB, pour co-investir avec le secteur privé et les PME, ainsi qu’un programme de crédit subventionné et garanti par l’État. D’ailleurs, faut-il le rappeler, Jihad Azour, directeur du département MENA et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), a récemment déclaré : «L’économie marocaine est l’une des plus dynamiques à s’ajuster et à s’adapter face aux contraintes, mais aussi aux opportunités posées par la crise liée à la Covid-19». Comme Moody’s, il a fait part de ses appréciations concernant la campagne de vaccination au Maroc, indiquant que «le royaume est l’un des pays les plus avancés dans la vaccination». Et d’expliquer: «Cette année, grâce aux mesures que le gouvernement a mises en place l’année dernière, à la fois les mesure sanitaires et les mesures fiscales et monétaires, le Maroc a réussi à reprendre le chemin de la croissance». Tant au niveau de la production qu’au niveau social et bancaire, un certain nombre d’innovations ont permis d’améliorer la protection sociale en transférant à plus de 5 millions de familles à travers les applications bancaires le soutien du gouvernement, a tenu à rappeler le directeur de la région MENA du FMI. Selon Azour, l’ensemble de ces actions ont permis au Maroc de renforcer sa croissance pour cette année et d’emprunter une meilleure trajectoire pour l’avenir, en vue de la reprise de la croissance et pour bâtir une économie plus intégrée et plus forte économiquement parlant.

Fitch et S&P dégradent la note du Maroc

En octobre dernier, l’agence de notation Fitch Ratings avait abaissé la note souveraine du Maroc de BBB- à BB+ avec, néanmoins, des perspectives stables. L’agence expliquait cette baisse de la notation du Maroc par le «grave impact de la pandémie sur l’économie marocaine et les finances publiques et extérieures». «Une baisse des recettes budgétaires et une contraction historiquement importante du PIB entraîneront une augmentation sensible de la dette publique, tandis que les répercussions sur l’industrie et le tourisme entraîneront une aggravation significative du déficit du compte courant et de la dette extérieure à partir de niveaux déjà élevés», alertait la note. Plus récemment, précisément début avril, c’était au tour de l’agence S&P Global Ratings d’abaisser ses notations sur le Maroc à BB+/BBB-/A-3. L’agence rappelait dans son analyse la contraction du PIB en 2021 ainsi que le déficit budgétaire, prévoyant une baisse «lente» de la réduction du déficit. Par ailleurs, l’agence tablait sur une croissance de 5% en 2021 et un retour au niveau du PIB de 2019 en 2022, soulignant que le rebond prévu dépendra de l’atténuation des effets de la pandémie au Maroc, mais aussi chez ses principaux partenaires.

Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco

 


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