Maroc

Moins de profs, plus d’étudiants

La mobilisation des syndicats de l’enseignement supérieur monte d’un cran. Une grève générale et un  sit-in sont prévus cette semaine. Zoom sur un secteur en crise.

Le nombre d’étudiants dans les universités publiques a évolué de 12% en une année universitaire. L’effectif total pour l’actuelle année est de 840.000 étudiants. Au même moment, le nombre d’enseignants évolue d’à peine 1,2%: en effet, le Maroc compte 14.000 enseignants. Même les facultés de médecine pâtissent d’une baisse du taux d’encadrement. Le nombre d’établissements universitaires évolue également très peu. Il est de 126 pour l’actuelle année universitaire (2017-2018). De facto, le nombre de bancs a évolué de 5,7%. L’ensemble des filières connaissent des évolutions à deux chiffres. Les technologies (+18%), le droit, l’économie et science sociales (+11%), les sciences et techniques (+11%), le commerce et gestion (+11%) et l’ingénierie (+11%). Selon les données du département de l’Enseignement supérieur, en huit ans, le nombre d’étudiants a connu un bond de 24%! Pourtant, l’encadrement pédagogique et surtout administratif sont en baisse. Les cadres administratifs du secteur public sont passés de 10.457 à 8.834 fonctionnaires. Le taux d’encadrement est aujourd’hui de 217 étudiants par fonctionnaire pour les établissements à accès ouvert et de 41 pour les établissements à accès limité. Ces chiffres renseignent sur la situation des RH dans ce secteur. Les syndicats des professeurs se mobilisent face «à la crise que traverse l’Université depuis des années». Une situation accentuée par l’hémorragie des RH à cause des départs à la retraite des professeurs universitaires. Une vague de départs qui coïncide avec l’évolution constante des effectifs des étudiants.

Contre la fin de la gratuité
Hausse des salaires des enseignants-chercheurs, respect des engagements pris par le ministère, refus «total» de toute tentative de mettre fin à la gratuité dans l’enseignement supérieur… ce sont là quelques-uns des points de la longue liste composant le cahier revendicatif des enseignants du secteur supérieur public. Le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP) et le Syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SMASUP) affichent leur colère face «à la détérioration des conditions de travail». Le SNESUP annonce une grève générale nationale de deux jours (14 et 15 mars), tandis que le SMASUP tient un sit-in aujourd’hui devant le siège du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Rabat. Dans une déclaration à la MAP, Saïd Amzazi, ministre de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique affirme «n’avoir reçu aucune demande de rencontre de la part du SMASUP.  Le dialogue avec les syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation nationale a été positif et marqué par un esprit de responsabilité». Ce bras de fer entre le ministère et les syndicats dure depuis deux mois. Le SNESUP avait déjà organisé une grève générale le 20 février dernier pour     «défendre la dignité de l’enseignant-chercheur et de l’enseignement supérieur public». Les deux syndicats tirent à boulets rouges sur le système pédagogique. Pour le SMASUP, «les approches suivies pour réformer le modèle pédagogique sont marquées par des hésitations et des incohérences». Le SNESUP ajoute que «les circulaires du département de l’Enseignement supérieur limitent le rôle de l’Agence nationale pour l’évaluation de la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans la fonction d’inspection». Or pour le SNESUP, «cette vision s’oppose aux pratiques internationales en termes d’évaluation et à la situation catastrophique du secteur qui nécessite une évaluation globale et sérieuse». Pour ces raisons, le syndicat historique du secteur invite ses membres à boycotter les commissions d’inspection. Les syndicats de l’enseignement supérieur réfutent depuis deux mois l’introduction de la participation des ménages dans le financement du système de l’enseignement supérieur. «Nous sommes attachés à la gratuité du système éducatif et nous refusons que l’État abandonne ses responsabilités dans le financement de l’enseignement supérieur public», peut-on lire dans le communiqué de la SMASUP. Ce syndicat, créé en 2015, refuse également que «l’État soutienne des établissements hybrides à but lucratif, via des deniers publics». Les syndicats de l’enseignement supérieur critiquent aussi la démarche choisie pour réformer la CMR. «Nous exigeons que l’ensemble de ces points soient résolus de manière à tourner la page de ce dossier revendicatif», insiste le SNESUP. Pour rappel, les postes budgétaires alloués au secteur n’arrivent pas non plus à combler le vide des départs. Après 500 postes en 2016, le nombre alloué au secteur a régressé à 400 en 2017. Pour 2018, le secteur obtient également 400 postes. Pour faire face à ces départs, le ministère de l’Enseignement supérieur fait désormais appel aux enseignants du lycée titulaires d’un doctorat pour assurer des cours au sein des universités publiques. En somme, on colmate les brèches… 


Budget : la recherche scientifique, le parent pauvre

10,7 MMDH : tel est le budget consacré à l’enseignement supérieur par la loi de Finances 2018. Ce budget est réparti comme suit : masse salariale (57,7%), soutien aux étudiants (20%), programme enseignement supérieur (19%), gouvernance et pilotage (1,8%) recherche scientifique (1,69%). En une année, ce budget a évolué de 7%. Les plus fortes hausses ont concerné la rubrique «Programme enseignement supérieur» (+23%) et «Recherche scientifique» (+6,5%).


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