Modèle de développement. Les jeunes indifférents ?

Une culture ambiante de l’attentisme et de la déresponsabilisation, un manque d’engagement politique…De nombreux experts regrettent la place vacante des jeunes dans le nouveau modèle de développement.
Les jeunes sont appelés à jouer un grand rôle dans le nouveau modèle de développement voulu par le roi. Dans ce sens, quelle doit être leur contribution dans la mise en place de cette nouvelle approche centrée sur la satisfaction des besoins des citoyens, apte à réduire les disparités et les inégalités existantes, à instaurer la justice sociale et territoriale, à suivre, en les intégrant, les évolutions de l’environnement national et international pour reprendre les termes du souverain ? S’il est clair qu’aujourd’hui les jeunes, en tout cas pour une grande partie, sont confrontés au chômage, par exemple, en sont-ils pour autant conscients jusqu’à vouloir proposer une autre voie de salut ? Pour répondre à toutes ces questions, la Fondation Attijariwafa bank a organisé, le 30 janvier à Casablanca, en partenariat avec les associations Atlas 4 Development, JCI et TIZI, une nouvelle édition de son cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre» autour de la thématique : «Nouveau modèle de développement : la parole aux jeunes». Cette 56e édition se propose de lever le voile sur les attentes des jeunes à propos du nouveau modèle de développement du Maroc et de souligner l’importance de leur contribution à la réflexion nationale entamée par la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement créée en décembre dernier.
«Nous devons changer de lunettes et réfléchir au futur du Maroc sur 100 ans et au-delà. Le Maroc doit relever de nombreux défis mais n’oublions pas que plusieurs choses fonctionnent et qu’il faut les valoriser», déclare Adnane Addioui, président de l’Association MCISE.
Ce dernier qui fait partie des 35 membres désignés pour composer la Commission spéciale sur le modèle de développement poursuit sa réflexion soulignant que pour qu’un système fonctionne, il faut que toutes les parties prenantes se sentent concernées. «Cela implique de réunir toutes les franges de la société, de consommer en priorité nos ressources locales et de nous encourager les uns les autres à trouver des solutions à nos propres problématiques», a-t-il ajouté regrettant dans la même foulée l’attentisme des jeunes Marocains. Il les invite tous à être des acteurs de changement. «Il nous faut une prise de conscience générale pour assumer pleinement notre rôle de citoyen et notre responsabilité. De ce fait, une révolution culturelle s’impose pour lutter contre la culture de l’attentisme et de la déresponsabilisation», précise-t-il.
Un nouveau logiciel de pensées pour les jeunes
Un constat que partage Karim Tahri pour qui aujourd’hui seul 1% des jeunes participent à la vie politique, cela veut dire qu’il n’y a pas de relève. La politique fait peur aux jeunes.

«Pour régler la crise de confiance dans les institutions, la reddition des comptes doit s’appliquer à tous. Par ailleurs, il faut intéresser les jeunes à la politique à travers la formation et une bonne connaissance des institutions. Enfin, il est dommage que l’école publique ait démissionné. Dans ce domaine, je préconise un modèle d’éducation basé sur un partenariat public-privé-associatif», souligne le président de l’association Tizi. Aimane Cherragui, président de l’association Sim-Sim-participation citoyenne est également amer. Il regrette que les jeunes ne s’identifient pas aux partis politiques existants.
À ce propos, il recommande un dispositif juridique basé sur les libertés individuelles pour assouplir les modalités de création des associations et partis politiques. Sinon, prévient l’enseignant consultant, «aucun changement durable ne viendra en dehors des institutions» mais il y a une lueur d’espoir. C’est en tout cas ce que veut croire Sara Maalal, présidente de l’association JCI Maroc qui estime que malgré tout, nos jeunes nourrissent le besoin de mieux se connaître et se découvrir pour mieux se défendre.
De ce fait, il est indispensable de leur offrir des cursus de formation adaptés à leur profil pour développer des aptitudes en communication et en soft skills. Ces formations sont très utiles parce qu’elles permettent aux jeunes de devenir des citoyens actifs capables de trouver des solutions durables aux maux de la société, soutient-il.