Melilia veut une connexion avec Nador pour relancer l’économie
Les opérateurs économiques de Melilia œuvrent activement pour la mise en place d’une ligne maritime entre l’enclave et le port de Béni Ansar, qui inclut le transport de passagers et de marchandises.
L’avenir des échanges entre Melilia et sa région limitrophe passera-t-il par la voie maritime ? C’est du moins le souhait de la Confédération des entrepreneurs de Melilia (CEME). Las d’attendre une réouverture des frontières et la reprise de l’activité commerciale, le patronat de Melilia œuvre pour que l’activité commerciale avec la région orientale se réalise par voie maritime.
Le président de la CEME a souligné que l’organisation patronale soutenait cette initiative, la plus à même de relancer le commerce et les échanges entre les deux régions, a-t-il indiqué au média local, Melillahoy.es. Selon les patrons de l’enclave, l’essor économique et commerciale de la ville passe désormais par la réactivation de son activité portuaire.
C’est ce qui ressort d’une récente rencontre ayant réuni le président de l’autorité portuaire du port de Melilia, le président du gouvernement local et le patronat local. Pour les opérateurs de l’enclave orientale, frappés de plein fouet par la crise sanitaire et la fermeture des frontières avec le Maroc, la mise en place d’une desserte directe entre l’établissement portuaire de Beni Ansar et le préside serait bénéfique pour les deux parties. Durant cette réunion, le responsable du port de Melilia a présenté les grandes lignes de ce projet. Une compagnie maritime espagnole serait même intéressée pour assurer cette liaison, selon l’autorité portuaire de Melilia.
Il s’agit de Balearia qui dispose de deux navires, capables de faire face à la demande, incluant le transport de passagers et de marchandises. La compagnie aurait même assuré être en mesure de démarrer son activité deux jours seulement après le feu vert des autorités compétentes, marocaines et espagnoles.
Une opération win-win
Cette connexion serait une grande opportunité d’affaires pour les deux partenaires, assure le patronat du préside. Ainsi, cette liaison maritime permettrait à la partie marocaine d’écouler son poisson, ses fruits et légumes et du matériel de construction (granulat principalement). Mais à y voir de plus près, le Maroc perdrait au change vu que c’est l’enclave qui réalise d’importantes recettes en écoulant sa marchandise sur le marché national.
Rien qu’à travers la douane, fermée à présent, Melilia introduisait dans le royaume des marchandises d’une valeur de 40 millions d’euros par an. De plus, cette liaison devrait stimuler les échanges touristiques, croit savoir le patronat. Celui-ci a toujours milité pour l’arrivée des touristes et visiteurs marocains pour effectuer des emplettes au sein de l’enclave.
D’ailleurs, aux yeux des opérateurs locaux, la desserte serait une occasion en or pour booster les arrivées. Reste à savoir si les autorités marocaines seront intéressées par cette offre, qui semble servir davantage les intérêts de l’enclave, en manque de débouchés commerciaux pour maintenir à flot une économie vulnérable. De fait, la ville aspire à redynamiser son commerce maritime avant le démarrage du Nador West Med, le mégaport oriental. Son souhait est de multiplier les connexions avec d’autres établissements portuaires, et de se positionner sur la carte des échanges commerciaux par voie maritime. En effet, depuis l’annonce de l’aménagement de cette plateforme industrialo-portuaire intégrée, Melilia s’est découvert une vocation “maritime”.
Cette volonté de redynamiser son infrastructure s’est accentuée après la fermeture des frontières. C’est le moment qui avait été choisi par les opérateurs et les autorités pour parler de rediriger ce commerce vers l’Algérie.
Les opérateurs dans l’expectative
Melilia avait commencé à faire les yeux doux au pays voisin en évoquant la possibilité de faire appel à ses imams pour s’occuper de la chose religieuse, au lieu de leurs homologues marocains.
Les patrons avaient même laissé entendre qu’ils envisageaient d’écouler leur marchandise en Algérie. Depuis, les opérateurs ont changé leur fusil d’épaule, optant dorénavant pour un discours qui prône la «coopération» ainsi que «le renforcement de relations commerciales qui existent depuis des siècles», comme le répètent à l’envi la représentation patronale de l’enclave.
Melilia ne sait plus sur quel pied danser. Privilégier les relations avec le Maroc ou courtiser le voisin maghrébin. Une chose est sûre, tant que le Maroc fermait les yeux et laisser passer des marchandises à profusion, au détriment de son économie locale et du développement de la région, Melilia et ses dirigeants semblaient être satisfaits. Or, dès que les autorités marocaines ont décidé de prendre les choses en main, en proposant un plan de développement de la région, Melilia n’a pas tardé a réagir.
Les opérateurs de l’enclave devront toutefois prendre leur mal en patience. Ils espèrent désormais que cette proposition soit débattue durant le sommet bilatéral prévu en février entre le Maroc et l’Espagne. Une rencontre où les deux pays voisins ont l’habitude d’adopter une série de conventions et d’accord bilatéraux.
Amal Baba Ali / Les Inspirations Éco