MarocTable ronde

Marque employeur : talent factory, la fabrique des talents

Fidéliser les nouvelles générations hyper connectées de la globalisation oblige le recruteur à s’adapter. La formation des étudiants et des collaborateurs est un investissement social qui permet aussi de modifier le marché. Au-delà du salaire, la culture d’entreprise est la clef d’une entreprise talentueuse.

Fidéliser les collaborateurs, remarque Mohammed Benouarrek, est encore plus difficile avec les jeunes diplômés qui n’ont pas d’expérience préalable des réalités de l’entreprise. Le défi est de les rendre conscients de la qualité de leur environnement. Certains partent et reviennent. Il faut les laisser revenir. Ils deviennent des ambassadeurs, puis des témoins de ce qu’ils ont vécu ailleurs. Le territoire de la marque employeur ne se limite donc pas à attirer, engager et fidéliser, approuve Youssef El Hammal.

L’entreprise peut accompagner ses collaborateurs dans l’idée de partir et revenir dans de meilleures conditions. C’est alors une « talent factory », une fabrique de talents. Généralement, quelqu’un qui revient reste plus longtemps. Il a pu comparer. Le groupe de Karim Idrissi Kaitouni travaille avec plus de 1.000 entreprises dans le monde, qu’il certifie chaque année. Cela représente plus d’un quart de million de collaborateurs, interrogés au moyen de questionnaires. Les jeunes diplômés portent un nouveau regard sur leur parcours professionnel.

Cette génération est née avec le téléphone mobile et un accès immédiat à l’information. Pour les précédentes, il fallait aller en bibliothèque, trouver le livre, avoir de la patience pour chercher… Aujourd’hui, en un clic, les collaborateurs ont tout ce qu’il faut. Cela crée un « mindset » complètement différent. Qu’ils soient à Fès, à Tanger, à Bucarest ou à Delhi, ils ont la même mentalité, puisqu’ils ont accès à la même information. Une personne au Maroc ne se considère pas comme limitée physiquement par sa situation. Elle a une optique globale et s’attend à ce que son entreprise, son employeur, à qui elle fournit son énergie, son intelligence, etc. lui offre le meilleur en retour. Les entreprises doivent s’adapter.

Par ailleurs, à partir de la masse d’informations récoltées, le groupe est capable de détecter quelques tendances. L’IA permet de prévoir certains comportements, comme le taux de rotation. Elle peut indiquer que telle ou telle population, parmi les collaborateurs, est plus susceptible de partir que d’autres. Elle permet aussi de travailler sur la gestion émotionnelle des collaborateurs. Elle peut, à travers les verbatims et l’information fournie, repérer un esprit ou une ambiance toxique à laquelle il va falloir réagir rapidement.

La formation aux métiers d’avenir
Hajar Bououd remarque que toutes les branches du secteur de l’ingénierie sont fortement sollicitées. Certaines encore un peu plus sur le marché marocain, comme les nouvelles technologies, le ferroviaire, la qualité et sécurité de l’aéronautique, système embarqué, IoT, intelligence artificielle, qui sont des domaines très demandés. Ce à quoi s’ajoutent les exigences de la nouvelle génération.

ALTEN est probablement la première entreprise au Maroc, voire du continent, à avoir conçu un programme pour enseigner des compétences qui n’existent pas dans le pays, souligne Mohammed Benouarrek. Le groupe a des clients à l’international qui sollicitent des prestations qui requièrent des compétences rares. Les écoles et les universités marocaines n’offraient pas de telles formations. Pour pouvoir répondre, ALTEN a créé un programme et le partage avec une université qui le déploie.

Au-delà de l’aspect scolaire, l’action a une dimension sociale, sociétale formatrice. Le groupe a la volonté d’introduire de nouvelles technologies, de nouvelles compétences sur le marché marocain. ALTEN a lancé par exemple, explique Hajar Bououd, des filières pour la 5G, , l’industrie 4.0, l’intelligence artificielle… Ces technologies ou ces métiers sont recherchés.

Cependant, aucune formation équivalente n’était proposée par les universités marocaines. Seuls quelques experts ayant acquis de l’expérience à l’étranger et souhaitant retourner au Maroc possédaient les compétences nécessaires. En collaboration avec le ministère de l’Industrie, le groupe a lancé des programmes de formation en alternance. Des étudiants intègrent ALTEN, dans le cadre d’une véritable alternance, avec des universités bien précises. ALTEN adapte leur planning pour qu’ils puissent à la fois apprendre et acquérir de l’expérience.

Au-delà du salaire
Il ne faut pas trop se focaliser sur le levier financier, rappelle Mohammed Benouarrek. Il est important, mais il n’est pas le seul. Chaque personne a sa propre cartographie motivationnelle. Le rôle du manager de proximité est de détecter les leviers de motivation de chacun. Ce n’est pas un traitement de masse, c’est un traitement très individualisé.

Ainsi, le groupe Alten fait une revue des performances deux fois par an, ce qui permet de comprendre ce que les collaborateurs pensent être, ce qu’ils pensent donner, ce qu’ils pensent mériter. Cette réciprocité d’échange renforce le sentiment d’équité au sein d’ALTEN. Parmi les nombreux schémas de modélisation de la motivation, on peut prendre le cercle de Paris.

Dans celui-ci, certains sont motivés par le pouvoir, d’autres par l’argent, d’autres encore par la reconnaissance, ou l’indépendance, ou, enfin, la sécurité. À cela il convient d’ajouter la formation, la nature des tâches confiées, la clarté des consignes, le style de management, la motivation du sens donné au travail… Le recruteur doit donc analyser les compétences, le type de motivation, et l’accord avec la culture d’entreprise qu’il veut créer ou recréer. La culture est très importante. Peter Drucker disait : « Culture eats strategy for breakfast », la culture mange la stratégie au petit-déjeuner. Le véritable gain d’une entreprise est d’avoir pu créer une culture positive.

Karim Idrissi Kaitouni
Directeur chez Best Place To Work

«La procédure de Best Place To Work ne se limite pas à auditer les procédures sur le papier. Cela ne représente que 30% de la note. Les autres 70% viennent du feedback, des témoignages des collaborateurs eux-mêmes. Certains de ses clients, comme ALTEN au Maroc, sont benchmarkés annuellement par rapport à d’autres centres, en Inde, en Roumanie…».

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO


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