Maroc-France : les affaires reprennent de plus belle
«Deux bons vieux amis se retrouvent». C’est l’impression donnée lors du Forum économique Maroc-France à Rabat, en marge de la visite au Royaume de Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Loin des discours politiques creux, des projets clés et budgets faramineux ont été annoncés pour relancer le partenariat économique entre les deux pays.
Plus de 300 chefs d’entreprise marocains et français, intervenant dans divers secteurs, ont participé au Forum économique Maroc-France, organisé par la CGEM en collaboration avec le MEDEF. La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, et son homologue français, Bruno Le Maire, étaient également présents. L’objectif était clair : instaurer un nouveau partenariat multidimensionnel, avec une forte implication du secteur privé.
Diplomatie économique
«Nous y voilà, nous voilà enfin réunis», s’est réjoui le chef du MEDEF, Patrick Martin. «Je voulais que mon premier déplacement en dehors de l’Union européenne, soit au Maroc, pays que j’admire pour sa transformation profonde, tout en respectant ses traditions», a affirmé devant l’assistance le président du MEDEF, qui, il y a des décennies déjà, a décidé d’installer une filiale de son groupe familial au Maroc.
Dans une déclaration au journal Les Inspirations ÉCO, le chef d’entreprise explique que «même lorsque la situation politique et diplomatique était flottante, nos entreprises et organisations ont continué à se parler». «Nous sommes rentrés, grâce au Roi Mohammed VI, à Emmanuel Macron, et les différents ministres, dans une nouvelle phase», a-t-il souligné, tout en appelant à une «redynamisation» et une «accélération» du «long partenariat» entre les entreprises marocaines et françaises.
L’ultime signal de bonne volonté du gouvernement français pour renouveler son partenariat avec le Maroc se traduit par la proposition de la France d’investir au Sahara, annoncée par Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger, et confirmée durant ce forum par Bruno Lemaire. Mais ce n’est pas tout, la France envisage la possibilité de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire avec le Maroc, a révélé le ministre de l’Économie.
«C’est un signe très fort. Le fait que notre ministre signale que la France est prête à travailler avec le Maroc dans un enjeu aussi sensible que le nucléaire, c’est un signe d’engagement extrêmement fort. Nous ne pouvons pas permettre à tous les pays d’accéder au nucléaire, parce que nous savons les dérives qui peuvent en résulter», nous confie Patrick Martin.
Coopération énergétique
Le ministre français Bruno Lemaire a enchaîné les annonces. Dans les domaines du ferroviaire, de l’aéronautique, de l’agroalimentaire ou encore de l’automobile, la France et le Maroc sont appelés à fructifier leurs partenariats, a déclaré le ministre. La France souhaite aussi lancer un partenariat étroit avec le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, a-t-il dit. Le domaine de l’énergie n’est pas en reste.
«Nous allons travailler ensemble dans le domaine du solaire, de l’éolien et de l’hydrogène», a annoncé Bruno Lemaire, qui s’était entretenu quelques heures auparavant avec le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch.
«Nous voulons également travailler sur le développement des réseaux de transport énergétique. Le Maroc veut notamment produire à Dakhla à destination de Casablanca. Il faut des réseaux électriques pour transporter cette énergie, je vous confirme que nous sommes prêts au financement de cette infrastructure», a révélé le ministre.
Toujours dans les domaines de l’énergie, deux grandes annonces ont été faites par le ministre. D’abord un projet commun entre l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et le cluster SATT Paris-Saclay pour développer une recherche appliquée et de l’innovation dans l’hydrogène décarbonaté. Deuxièmement, l’octroi d’un prêt de 350 millions d’euros par l’Agence française de développement (AFD) à destination du groupe OCP pour investir «massivement» dans l’hydrogène et la décarbonation.
Coupe du monde
Bruno Lemaire a également fait part de son souhait de mettre en place un groupe de travail commun «pour travailler ensemble à la préparation de la Coupe du monde sur le volet économique». «Le plus grand stade de la planète, ça fait rêver !», a-t-il dit, faisait référence au futur Grand stade de Casablanca, notant que la France, qui a déjà organisé la grand-messe du football en 1998 et organisera dans quelques mois les Jeux olympiques, pourrait être d’une grande aide au Maroc.
Mais, «ne limitons pas notre partenariat à la formation et la qualification autour de grands projets et très grandes entreprises», a souligné le ministre, appelant les petites et moyennes entreprises marocaines et françaises, à travailler «main dans la main, en multipliant et développant les échanges».
La France demeure le premier investisseur étranger au Maroc, avec un flux d’investissements directs qui ont atteint les 8,1 milliards d’euros en 2022, a rappelé Chakib Alj. Cela dit, «je pense que nous pouvons faire beaucoup mieux au vu du potentiel existant. Nous devons trouver un nouvel équilibre mutuellement bénéfique», a estimé le président du patronat, pour qui «tous les ingrédients sont là pour créer des investissements prospères. Un nouveau rendez-vous est déjà pris, a annoncé Chakib Alj. Après Paris, Abidjan et Québec, la 4e édition de la Rencontre des entrepreneurs francophones se tiendra le 30 mai à Marrakech, à l’initiative de la CGEM et de l’Alliance des patronats francophones.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO