Maroc

Maroc-France : la co-industrialisation, enjeu central de la visite d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, entouré des poids lourds  de l’économie française, est en déplacement  au Maroc pour une visite d’État aux allures  de réaffirmation stratégique.

 À la tête d’une délégation d’affaires regroupant les fleurons de l’industrie française, Emmanuel Macron semble bien décidé à asseoir une nouvelle base économique pour le partenariat franco-marocain dans un contexte mondial marqué par l’instabilité des prix des matières premières et des tensions géopolitiques. La Visite d’État du président français met résolument les enjeux économiques au premier plan.

Après son discours au Parlement ce mardi, le président Macron participera à une rencontre clé organisée en tandem par la CGEM et le MEDEF, ayant pour mot d’ordre la consolidation des acquis industriels. Une importante délégation d’hommes d’affaires représentant des géants comme Thalès, dirigé par Hervé Derrey, Patrick Pouyanné à la manœuvre chez TotalEnergies, Airbus sous la présidence de Wouter Van Wersch, et Veolia, menée par Estelle Brachlianoff, accompagne Emmanuel Macron, reflétant la portée stratégique des relations économiques entre la France et le Maroc.

Transport et logistique, des axes de développement majeur
Parmi les domaines clés représentés au sein de cette délégation, le transport et la logistique occupent une place de choix. En tête de liste, le port de Marseille Fos, sous la direction d’Hervé Martel, principal port de commerce français, d’où s’opèrent des liaisons régulières avec le Maroc, notamment avec Tanger Med.

Le port dispose pour rappel de connexions maritimes, soutenues par des services Ro-Ro (Roll-on/Roll-off), qui facilitent le transit des marchandises entre l’Europe et l’Afrique. L’armateur franco-libanais, CMA CGM, l’un des leaders du transport maritime mondial, représenté lors de cette visite par son président-directeur général Rodolphe Saddé, témoigne de l’importance du Maroc dans le développement de nouvelles liaisons maritimes. Rappelons que la compagnie a lancé plusieurs lignes avec Tanger Med, principal port méditerranéen, et participe activement au développement du port Nador West Med, appelé à devenir le futur hub logistique du pays.

Dans le secteur aérien, Transavia, filiale low-cost d’Air France-KLM, est représentée au sein de la délégation par son directeur Olivier Mazzucchelli. La compagnie, qui a renforcé sa présence au Maroc ces dernières années, poursuit son expansion sur un marché de plus en plus compétitif, notamment face à Ryanair.

Ce développement s’inscrit dans un contexte de forte demande pour les liaisons aériennes reliant les deux pays, tant sur le plan touristique qu’économique. Sur le front ferroviaire, Alstom, sous la direction d’Henri Poupart-Lafarge, faisait évidemment partie de la délégation.

Le groupe joue un rôle de premier plan au Maroc, où il a contribué à la réalisation de la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca, en fournissant des TGV duplex adaptés aux spécificités du réseau national. L’entreprise poursuit son engagement à travers le développement des tramways à Rabat et Casablanca, consolidant ainsi sa position d’acteur clé dans la modernisation des infrastructures de transport urbain au Maroc.

Dans l’impressionnante suite qui accompagne le président français, on retrouve aussi Pierre Vanstoflegatte, directeur général de Colas, mastodonte de la construction et de l’entretien d’infrastructures de transport, impliquée à travers sa filiale dans plusieurs projets de construction et de rénovation routière. Ces travaux revêtent une importance particulière à l’approche du Mondial 2030, en améliorant la connectivité entre différentes villes du Royaume et en accompagnant les projets dans le domaine des infrastructures sportives et touristiques.

Transition durable
L’une des pierres angulaires de la coopération entre Rabat et Paris demeure la transition énergétique. Le Maroc s’est fixé pour objectif de porter à 52% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030. Un enjeu crucial pour le Royaume qui fait face à un stress hydrique croissant et à des défis environnementaux majeurs.

La France entend accompagner son allié dans cette transformation, notamment à travers des projets autour de l’hydrogène vert, considéré comme une technologie clé pour décarboner l’industrie et répondre aux enjeux liés à la transition énergétique. Plusieurs firmes françaises accompagnant le président se positionnent en tant que partenaires stratégiques. Veolia, acteur historique dans la gestion de l’eau et des déchets, joue un rôle central au Maroc dans la mise en place de solutions innovantes de gestion des ressources naturelles.

Sa présence dans les grandes villes marocaines témoigne de son engagement à soutenir les initiatives locales en matière de durabilité. TotalEnergies continue de renforcer ses alliances dans les énergies renouvelables, tout en restant actif dans les hydrocarbures.

De son côté, Engie, se focalise sur le développement de l’offre hydrogène vert, un secteur stratégique sur lequel ces entreprises cherchent à se démarquer, alors que le Maroc s’impose comme un acteur central dans cette technologie de pointe. Hy24 et HDF Energy participent également à cette évolution, en proposant des solutions innovantes pour promouvoir l’hydrogène comme levier essentiel de la décarbonation. L’offre hydrogène vert, portée par le Maroc, représente une opportunité pour ces entreprises d’intégrer pleinement la transition énergétique, tout en répondant aux défis environnementaux globaux.

Pratiques durables
L’agriculture, secteur clé de l’économie marocaine, fait l’objet d’une coopération renforcée entre Paris et Rabat, en particulier face aux défis du changement climatique. La gestion des ressources en eau et l’adaptation des cultures aux nouvelles réalités climatiques sont au cœur de cette collaboration, attirant l’attention de plusieurs entreprises françaises.

Des entreprises, telles que M2i Lifescience, Mycophyto, Intercéréales et Avril, faisant partie de la délégation d’affaires accompagnant le président lors de cette visite d’État, cherchent à se positionner comme des acteurs majeurs dans la modernisation de l’agriculture marocaine.

À travers des solutions innovantes, notamment dans la protection des cultures, le renforcement de la résilience climatique, et l’intensification des échanges dans le secteur des céréales, ces entreprises participent activement à une dynamique de transformation durable.

Technologies de surveillance
Le secteur de la défense illustre parfaitement l’importance de la coopération franco-marocaine. Thales Alenia Space, spécialiste des technologies spatiales et de défense, travaille aux côtés du Maroc pour développer des systèmes de surveillance avancés, notamment grâce à des satellites.

Ce partenariat permet de renforcer les capacités de surveillance et de gestion des frontières, un enjeu d’autant plus crucial dans un contexte géopolitique marqué par des tensions croissantes.

Dans le même sillage, Safran, implanté depuis plusieurs années, joue un rôle clé dans la modernisation des capacités aéronautiques militaires et civiles. En collaboration avec des acteurs locaux, l’entreprise produit des équipements de pointe et participe à la formation d’ingénieurs qualifiés, contribuant ainsi à l’essor des compétences techniques nationales.

Cette dynamique s’étend aux nouvelles technologies avec XSun, spécialisée dans les drones solaires, qui développe des solutions autonomes et durables pour la surveillance maritime et terrestre, répondant ainsi aux besoins de sécurité stratégique.

Infrastructures numériques
Ce rapprochement stratégique ne se limite pas à la défense. Des acteurs majeurs des télécoms sont présents au sein de la cohorte présidentielle. Parmi eux : InfraNum, qui fédère les acteurs de la fibre optique en France, ou encore le groupe Orange, qui déploie des investissements significatifs dans le développement de la fibre optique à travers plusieurs régions du Maroc. Bien au-delà des protocoles diplomatiques, la visite d’Emmanuel Macron dépasse les cadres habituels de la coopération bilatérale.

Pour l’Hexagone, il s’agit avant tout de ne pas perdre la main avec un partenaire historique, dans un contexte de concurrence accrue imposée par des acteurs comme l’Espagne et la Chine. En face, l’objectif est de consolider la position de hub régional tout en diversifiant les alliances.

Un agenda économique dense

Lors de sa visite au Maroc, Emmanuel Macron participera à des échanges stratégiques avec les représentants du MEDEF et de la CGEM. Au programme, des discussions sur la co-industrialisation sous le label «Made with Morocco», axées sur des secteurs clés tels que l’industrie, l’énergie et la décarbonation. L’objectif est de consolider un partenariat économique équilibré, en créant des synergies entre les deux pays autour de projets à forte valeur ajoutée. La signature d’accords bilatéraux viendra concrétiser cette ambition, renforçant ainsi la coopération industrielle franco-marocaine.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



Fraude : la douane plus conciliante en 2025 ?


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page