Maroc

Mariage des mineures : il faut stopper l’hémorragie !

Stop. C’est le terme qu’il faut employer pour en finir avec une pratique qui, en plus de nuire gravement à la situation socio-économique des mineures au Maroc, entrave le développement du pays. Le mariage des filles mineures ne cesse de faire des ravages et pénalise, à moyen et long terme, l’avenir d’une tranche importante de la population. En 2022, ce sont ainsi 12.940 actes de mariage d’enfants qui ont été enregistrés. Abandon scolaire, ancrage dans la pauvreté, violences physiques et psychiques, et défaut d’inclusion économique, tels sont quelques uns des aspects négatifs du mariage précoce qu’il y a lieu de combattre à tout prix.

La dernière enquête de l’ONDH sur le mariage des mineures au Maroc indique que 13% des filles mariées avant 18 ans ont atteint le niveau du secondaire qualifiant et que pour 14% d’entre elles, l’obligation du mariage est la cause principale de l’abandon scolaire. Non seulement le mariage précoce des mineures les exclut du système éducatif, mais il les prive également de leur droit d’émancipation socio-économique, avec des conséquences graves sur leur intégrité mentale et physique.

Des chiffres préoccupants
Le dernier rapport du CESE sur «Le mariage des filles et ses répercussions négatives sur leur situation économique et sociale» indique que la majorité des filles mariées ont moins de 17 ans (70%). Près du quart, soit 23%, ont au plus 16 ans, ce qui représente 7.692 petites filles. Les mariages à un âge encore plus précoce, pour leur part, ont connu un déclin relatif, mais concernaient néanmoins toujours, en 2019, 1.906 enfants âgées de 15 ans, et 237 âgés de 14 ans.

Dans la province d’Azilal, par exemple, une enquête de la Présidence du ministère public, menée auprès de 2.300 mineures concernées par une autorisation de mariage entre 2015 et 2019, indique que 48% des filles mariées composant l’échantillon étaient âgées de 17 à 17 ans et demi, tandis que 32% avaient plus de 17 ans et demi. Plus grave encore, la même enquête indique que 57% des demandes d’autorisation sont instruites en une journée, que le recours à une assistante sociale se fait dans 12% seulement des cas, qu’un spécialiste de la santé mentale n’est sollicité que très rarement (moins de 1% des cas), et que les expertises concluent quasi systématiquement (97%) à l’aptitude de l’enfant au mariage.

Des mariages non-consentis
Là ou le bât blesse, c’est l’absence du consentement «libre» dans la majorité des cas. Car les mineures en question se trouvent dans un rapport asymétrique de pouvoirs et de dépendance socio-économique par rapport aux adultes. De ce fait, elles sont dans l’impossibilité d’exprimer librement leur consentement éclairé à un mariage. En termes plus crus, les mariage des mineures sont, dans la plupart des cas, des mariages forcés qui se consomment telles des agressions sexuelles, endommageant leur santé mentale et physique.

Grossesses à haut risque
Les filles mariées en bas âge sont exposées à des risques accrus de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Selon l’OMS, ces mariages sont souvent suivis de grossesses précoces, dangereuses tant pour la mère que pour l’enfant. Au Maroc, 32% des mineures mariées ont 1 enfant ou plus, sachant que toute grossesse intervenant avant 18 ans est considérée à «haut risque». À noter qu’en milieu rural, le taux de mortalité maternelle atteint 111,1 pour 100.000 naissances.

Violences physiques et psychiques
Outre les risques liés aux grossesses précoces, les mineures mariées sont davantage exposées aux violences familiales et conjugales, physiques, sexuelles et verbales. Ces sévices engendrent privation de liberté, blessures, dépressions, troubles anxieux et suicides.

Selon les données du ministère de la Santé, ces violences sont perpétrées par le mari (43%), la belle famille (36%) voire une autre personne n’appartenant pas à la famille (28%). De plus, 77,5% des femmes âgées de moins de 25 ans subissent la violence au sein de leur foyer.

Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ÉCO


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