Maroc

Marché monétaire : période de tensions pour la liquidité des banques

La situation sur le marché monétaire n’est pas rose. C’est le moins que l’on puisse dire. Les tensions sur la liquidité bancaire étaient telles que le déficit se creuse mois après mois. Il faut dire que la période estivale y est pour beaucoup. Elle se traduit généralement par la hausse de la circulation  de cash.  

Si le déficit de liquidité bancaire culmine au dernier pointage (semaine du 6 au 12 juillet) à plus de 120 MMDH, c’est en grande partie en raison de la Fête du sacrifice et des vacances scolaires, deux périodes propices à l’augmentation de l’usage du cash. Il faut dire qu’en juin, la situation était plus ou moins maîtrisée avec besoin moyen hebdomadaire de 84 MMDH en creusement déjà par rapport à mai où le déficit s’était limité à 68,3 MMDH. Ceci dit, Bank Al-Maghrib a pour l’occasion augmenté le volume global de ses injections le portant à 102 MMDH contre 80,2 MMDH en mai. Comme à l’accoutumée, l’institut d’émission intervient à travers de nombreux instruments qui incluent, notamment, les avances à 7 jours (47,2 MMDH en juin), les opérations de pension livrée à long terme (32,9 MMDH) et les prêts garantis à long terme (21,9 MMDH). Pour ce qui est du marché interbancaire, le volume quotidien moyen des échanges a atteint 3,4 milliards en juin alors que le taux moyen pondéré s’est situé en moyenne à 3%.

Flambée des taux débiteurs
S’agissant du marché primaire des bons du Trésor, BAM relève des baisses modérées des taux sur l’ensemble des maturités. A l’inverse, les taux sur le marché secondaire ont augmenté de 5 points de base (pb) pour le moyen terme à 11 pb pour le court terme.

Les taux créditeurs ont, dans ce sillage, augmenté en mai de 7 pb à 2,50% pour les dépôts à 6 mois et de 22 pb à 3,14% pour ceux à un an. Progression aussi pour les taux débiteurs au premier trimestre 2023. Les résultats de l’enquête de Bank Al-Maghrib auprès des banques laissent entrevoir une augmentation trimestrielle du taux moyen global de 53 pb à 5,03%. Celle-ci se traduit dans le détail par une hausse de 68 pb à 4,98% des taux assortissant les prêts aux entreprises.

Il s’agit là du reflet des accroissements de 79 pb de ceux des facilités de trésorerie à 4,98% et de 43 pb de ceux des prêts à l’équipement à 4,81%. Même constat pour les crédits aux particuliers. Les taux appliqués aux prêts à la consommation ont progressé de 55 pb à 6,95% et ceux à l’habitat ont quasiment stagné à 4,36%.

La progression de la création de monnaie se maintient
L’accroissement de la masse monétaire se poursuit. L’agrégat de monnaie M3 s’est accru de près de 8% en mai, principalement porté par les dépôts à vue auprès des banques qui affichent une progression dépassant les 9%. Ils profitent de la thésorisation des ménages dont l’épargne a augmenté de 8,4%. Les entreprises privées ne sont pas en reste avec 10,5% de hausse de leurs dépôts. Les dépôts du secteur public affichent, eux, la meilleure progression (+23,9%). Dans le même sillage, la circulation fiduciaire s’est accrue de 12,4% et les titres des OPCVM monétaires de 32,9% alors que les dépôts en devises se sont repliés de 10,2% et les comptes à terme auprès des banques de 2,7%. En cause, les baisses de 30,7% des dépôts des sociétés financières et de 1,8% de ceux des ménages.

Croissance solide du crédit en attendant juin
En attendant les chiffres de juin, le crédit bancaire a affiché une croissance remarquable de 6,5% en mai. Cette évolution recouvre des accroissements de 5,1% du crédit destiné au secteur non financier et de 16,9% pour les prêts au secteur financier.

Dans le détail, par secteur, le crédit aux entreprises privées s’est accru de 4,3% suite aux progressions de 2,9% des prêts à l’équipement et de 1% des facilités de trésorerie. Pour ce qui est des crédits aux ménages, ils progressent de 3,2%, sous l’effet des augmentations de 2,5% des prêts à l’habitat et de 2,1% de ceux à la consommation. Quant aux concours aux entreprises publiques, ils se sont aussi inscrits en hausse (+28,5%), suite au bond (99,6%) des facilités de trésorerie et de 5,8% des prêts à l’équipement.

Les impayés ne faiblissent pas
En ce qui concerne les créances en souffrance, elles ne faiblissent pas. Bien au contraire, elles se sont accrues de 6,3%. Au point que leur ratio à l’encours du crédit bancaire s’est situé à 8,9%. Elles ont progressé de 9,4% pour les entreprises non financières privées et de 3,5% pour les ménages, portant leurs ratios respectifs à 12,5% et 9,8%.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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