Maroc

Marché mondial du GNL : quelles opportunités et quels défis pour le Maroc ?

Le rapport 2024 sur le marché mondial du GNL met en lumière une croissance continue de ce secteur mais aussi des contraintes. Pour le Maroc, ces dynamiques présentent à la fois des opportunités et des défis. En diversifiant ses sources d’approvisionnement, en investissant dans des infrastructures robustes et en adoptant les dernières technologies, le Royaume peut renforcer sa sécurité énergétique et tirer parti des évolutions du marché mondial du GNL.

Comment se présentent les dynamiques actuelles du marché mondial du Gaz naturel liquéfié (GNL) et quels enjeux en découlent pour le Maroc ? Les réponses à ces interrogations sont à trouver dans le «2024 World LNG report», publié il y a quelques jours par le Comité GNL de l’Union internationale du gaz (IGU).

Le document présente, en effet, une vue d’ensemble détaillée du marché mondial du GNL, qui continue de croître malgré une baisse des prix et des contraintes d’approvisionnement. Le rapport met, par ailleurs, en lumière les défis et opportunités de ce marché global en pleine évolution, avec des implications spécifiques pour le Maroc. Le Royaume, en quête de diversification énergétique et de sécurité d’approvisionnement, pourrait tirer profit de ces nouvelles dynamiques pour renforcer sa position énergétique. Décryptage…

Panorama mondial
Le rapport fait part d’une augmentation du commerce mondial de GNL, en 2023, de 2,1%, reliant 20 marchés exportateurs à 51 marchés importateurs. Quoique limitée par la disponibilité de l’offre, cette croissance souligne une demande mondiale soutenue pour le GNL, est-il précisé.

De leur côté, les prix spot du GNL ont diminué, au cours du même exercice, facilitant ainsi la reprise des importations en Asie, avec la Chine en tête en tant que plus grand importateur avec 71,19 millions de tonnes (MT). Le Japon et la Corée ont maintenu leurs deuxième et troisième position malgré des baisses annuelles, tandis que l’Inde est revenue à la quatrième place grâce à une demande accrue en réponse à la baisse des prix. L’Europe a également consolidé son rôle en tant que deuxième plus grande région importatrice.

Par ailleurs, au registre des contraintes du secteur, le rapport attribue la fragilité de ce marché à plusieurs incertitudes : la pause des projets GNL non-FTA par l’administration Biden, les sanctions sur le GNL russe, la possibilité de non-renouvellement de l’accord de transit gazier russe par l’Ukraine fin 2024, les goulots d’étranglement dans les chantiers navals, l’insécurité persistante au Moyen-Orient, ainsi que la diminution de l’approvisionnement de certains champs gaziers.

Une mine d’opportunités pour le Maroc
Pour le Maroc, l’expansion du commerce de GNL présente des opportunités cruciales. En diversifiant ses sources d’approvisionnement, le Maroc peut sécuriser des contrats d’importation plus avantageux et stables. Cela est particulièrement pertinent dans un contexte où le pays cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles traditionnelles et à intégrer davantage de gaz naturel dans son mix énergétique.

«Le Maroc pourrait tirer parti de cette croissance en explorant des partenariats stratégiques avec de nouveaux exportateurs de GNL, ce qui renforcerait sa sécurité énergétique», est-il indiqué dans le rapport.

L’autre opportunité est offerte par le repli des prix du GNL, à même de rendre cette ressource plus attractive pour le Royaume, en lui permettant d’augmenter ses importations pour répondre à la demande croissante d’énergie. Cette dynamique peut contribuer à réduire les coûts énergétiques nationaux, offrant ainsi un soulagement économique et une compétitivité accrue.

«La baisse des prix du GNL offre au Maroc une opportunité de sécuriser des approvisionnements à moindre coût, ce qui est essentiel pour stimuler la croissance économique et répondre aux besoins énergétiques croissants», soulignent les auteurs du rapport.

Et si le Royaume est capable de tirer profit des facteurs de croissance du marché du GNL, il n’en demeure pas moins exposé naturellement aux incertitudes qui entourent cette filière au niveau mondial. Les diverses contraintes pourraient affecter la capacité du pays à sécuriser des approvisionnements stables de GNL, signale le rapport. C’est cela qui rend crucial pour le pays la nécessité de diversifier ses sources d’approvisionnement et de renforcer ses infrastructures de réception et de distribution de GNL.

«Les incertitudes actuelles du marché mondial du GNL imposent au Maroc de renforcer sa résilience en diversifiant ses sources d’approvisionnement et en investissant dans des infrastructures robustes», recommandent les auteurs.

Il est important de souligner que le rapport mentionne spécifiquement le Royaume comme un pays ayant un potentiel significatif pour augmenter ses importations de GNL : «Le Maroc est identifié comme un marché émergent clé qui pourrait jouer un rôle crucial dans le commerce mondial de GNL, grâce à ses efforts de diversification énergétique et à ses investissements dans les infrastructures».

Dans la même lignée, le rapport estime qu’il est essentiel pour le Maroc de renforcer ses relations diplomatiques et commerciales avec une variété de pays exportateurs pour minimiser les risques à l’international.

«Les défis géopolitiques et les sanctions économiques exigent du Maroc une stratégie proactive pour diversifier ses sources d’approvisionnement et sécuriser ses besoins énergétiques», insiste le document.

Et d’ajouter que le Royaume a également l’opportunité de renforcer ses partenariats stratégiques avec des acteurs mondiaux du secteur énergétique.

«Les partenariats stratégiques et les collaborations internationales sont essentiels pour le Maroc afin de sécuriser ses besoins énergétiques et de développer des solutions durables et innovantes.»

Une dynamique soutenue
Depuis le début de l’année 2024, le Royaume a intensifié ses efforts pour sécuriser ses approvisionnements en GNL et renforcer ses infrastructures énergétiques. Citons à ce titre l’accord stratégique signé en janvier 2024, avec QatarEnergy, pour l’importation de GNL.

Cet accord prévoit la livraison de plusieurs cargaisons de GNL au Maroc au cours des cinq prochaines années. Citons, également, l’annonce en mars dernier, d’un projet majeur de terminal de regazéification de GNL à Jorf Lasfar.

Ce terminal, qui sera opérationnel d’ici 2026, permettra d’améliorer considérablement la capacité d’importation et de stockage de GNL du pays. En avril 2024, le Maroc a, par ailleurs, renforcé sa coopération énergétique avec l’Union Européenne à travers un nouveau partenariat visant à promouvoir les énergies renouvelables et à améliorer les infrastructures de transport du GNL.

Le GNL dans la Stratégie énergétique nationale

Le GNL occupe une place de plus en plus importante dans la stratégie énergétique du Maroc. Le Royaume s’efforce de diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie pour assurer une sécurité énergétique à long terme et répondre à la demande croissante.
Principaux axes de cette stratégie :
• Diversification des sources d’approvisionnement : le Maroc cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de ses fournisseurs traditionnels en explorant de nouveaux partenariats avec des pays exportateurs de GNL, comme le Qatar et les États-Unis.
• Renforcement des infrastructures : la construction de nouveaux terminaux de regazéification, comme celui de Jorf Lasfar, est essentielle pour augmenter la capacité d’importation et de stockage de GNL.
• Intégration des énergies renouvelables : en parallèle au développement du GNL, le Royaume investit massivement dans les énergies renouvelables pour diversifier son mix énergétique et réduire son empreinte carbone.
• Innovation et technologie : le Maroc s’engage à adopter les dernières technologies et innovations dans le secteur énergétique pour améliorer l’efficacité et la durabilité de son infrastructure énergétique.

Capitaliser sur l’innovation !

Le marché mondial du GNL évolue rapidement, répondant à la demande croissante dans les marchés émergents, à l’augmentation et à la diversification des acteurs du marché, ainsi qu’à l’accélération du développement technologique et de l’innovation. Pour le Maroc, l’adoption des nouvelles technologies et l’innovation dans le secteur du GNL offrent des opportunités d’améliorer l’efficacité énergétique et de réduire les coûts. À ce titre, le pays pourrait bénéficier de partenariats avec des leaders mondiaux pour accéder aux dernières avancées technologiques et adopter des pratiques optimisées, estiment les auteurs.

S.N. / Les Inspirations ÉCO


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