Maroc

Marché du travail : quelle place pour la femme cheffe d’entreprise au Maroc ?

Pour inaugurer son nouveau cycle d’after-works, baptisé «Le Cercle des ECO», Horizon Press a choisi le momentum de la célébration du 8 mars. Une occasion de faire le point sur la situation de la représentativité féminine dans le tissu économique, et notamment, aux postes de responsabilité, mais aussi de décrypter les freins persistants à l’essor économique des femmes. Quatre dirigeantes d’exception se sont prêtées au jeu. Immersion.

Mettre en avant l’opportunité que représente le fait d’être femme, patron, ou manager d’entreprise au Maroc, mais évoquer également les situations où la féminité peut représenter un blocage pour une femme dirigeante. Telle était la portée de la rencontre organisée par Horizon Press, qui a choisi d’inaugurer son nouveau concept, organisé sous forme d’afterwork et baptisé «Le Cercle des ECO», en le faisant coïncider avec la célébration de la Journée internationale des droits de la femme.

Mardi 8 mars, donc, quatre femmes d’exception étaient les invitées du groupe, pour partager en toute convivialité leur appréciation de la situation de la représentativité féminine dans le milieu des affaires marocain. Abla Benslimane, Directrice des affaires externes chez Philip Morris Maroc (PMI), Meryem Bouazzaoui, Directrice générale de BMCE Capital Gestion, Myriam Lahlou Filali, Directrice générale de Pharma 5 et Lamiae Benmakhlouf, Directrice générale de Technopark (MITC), autant de dirigeantes venues d’horizons divers et fortes de longues expériences professionnelles, qui se sont prêtées au jeu de l’échange à bâtons rompus pour discuter, sans langue de bois, du diagnostic qu’elles dressent du positionnement des femmes dans le tissu économique.

Comment se porte la représentativité féminine dans l’économie nationale ?

Pour Abla Benslimane, si le marché marocain revient de loin, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre un niveau de représentativité honorable. Pour démontrer que lorsque la volonté stratégique est réelle, l’atteinte de la parité est tout à fait possible, la responsable donne l’exemple de Philip Morris où «de nombreuses actions en faveur de l’équité de genre ont été déployées, tant au niveau salarial qu’au niveau des opportunités».

En 2019, explique-t-elle, Philip Morris a mis en place des KPI’s (objectifs chiffrés, ndlr) très clairs pour atteindre, en 2022, 40% de représentativité féminine dans les postes managériaux. Aujourd’hui, au Maroc, ces objectifs sont dépassés puisqu’en janvier 2022, PMI recensait 53% de présence féminine dans ses postes de responsabilité.

Meryem Bouazzaoui abonde dans le même sens, ajoutant que les mentalités sont en train de changer au point que la question du genre «paraît presque démodée». Il faut, malgré cela, continuer à faire plus en la matière, car le poids de la parité diverge d’une entreprise à l’autre, selon les secteurs et les managements… Bref, nombre de variables qui rendent d’autant plus important le fait que les femmes s’engagent à transmettre «les bons messages» car il a été prouvé par de nombreuses études qu’elles peuvent être plus performantes que leurs collègues hommes.

Au sein de BOA, la représentativité des femmes atteint 40%, mais leur présence est encore insuffisante aux postes de responsabilité, souligne la responsable. «Il faut une vraie solidarité pour aider les femmes à s’imposer», préconise la DG de BMCE Capital Gestion. La situation est aujourd’hui telle que Myriam Lahlou Filali choisit d’entrer dans le vif du sujet en avançant un chiffre qu’elle estime «effrayant» : Le Maroc fait toujours étrangement partie des pays les moins performants en matière d’intégration de la femme dans la vie professionnelle.

D’après le HCP, seules 20% d’entre elles sont intégrées dans le marché du travail dans une activité économique déclarée. «Ceci place notre pays à la 180e place sur 189 pays, ce qui montre tout le travail qui reste à réaliser en la matière», illustre la DG de Pharma5. Mais il ne suffit pas de changer les mentalités, estime Lahlou Filali, car la société civile doit faire preuve d’une plus grande mobilisation pour soutenir la parité, laquelle doit être consacrée d’abord dans l’éducation. «Ce sont les droits des femmes qui doivent être révisés. L’égalité homme-femme est désormais consacrée par la Constitution dans son article 19, mais elle n’est pas suffisamment palpable dans le Code de la famille», déplore Myriam Lahlou Filali dont l’entreprise est dirigée par deux femmes, compte 56% de femmes parmi les collaborateurs et où la présence féminine au Comité de direction polarise les 2/3 des membres.

«La moyenne nationale de représentativité des femmes chefs d’entreprises est de 10%. Au Technopark, nous sommes à 15%, sachant que nous sommes positionnés sur des secteurs assez pointus. Notre communauté compte 2.500 collaborateurs dont 45% sont des femmes. Nous atteignons une parité parfaite au sein de la société de gestion du Technopark», souligne de son côté, Lamiae Benmakhlouf. Celle qui est la première femme à prendre les commandes du Technopark affirme : «Nous militons pour faire du digital un levier d’inclusion économique des femmes».

Vous retrouverez tout au long de cette semaine, les meilleurs passages des interventions de nos quatre invités.  



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