Maroc

Marché boursier : les prérequis de la reprise

Les niveaux de valorisation demeurent aujourd’hui le seul argument crédible qui justifierait un éventuel retour d’intérêt envers les actions. Le marché devrait faire face à une volatilité sensible durant le prochain trimestre.

Le marché boursier serait disposé à renouer avec une tendance haussière de fond une fois que les investisseurs anticiperont un pivot de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib ou bien, percevront une reprise visible de la demande locale sous l’effet du retour de l’inflation à des niveaux modérés, ou encore, lorsque les actions se traiteront à des multiples de valorisation relativement «bas» qui intègrent l’essentiel des risques générés par le contexte inflationniste actuel.

C’est ce qu’estiment les analystes d’Attijari global research dans leur lettre d’investissement du mois d’avril même s’ils pensent le moment prématuré pour valider les deux premières conditions, au moins sur les deux trimestres à venir. «Par contre, les niveaux de valorisation demeurent aujourd’hui le seul argument crédible qui justifierait un éventuel retour d’intérêt envers les actions».

Une volatilité sensible
Face à la persistance des tensions inflationnistes, AGR pense que le marché Actions devrait faire face à une volatilité sensible durant le prochain trimestre. «Ce scénario est soutenu par l’affaiblissement continu de la demande dans un contexte marqué par les anticipations de la poursuite du resserrement monétaire de la part de Bank Al-Maghrib», explique-t-on dans ce sens. La société de recherche continue à privilégier les secteurs résilients face à l’inflation dont les multiples de valorisation sont relativement «bas». Pour le cas du marché Actions, il s’agit d’un P/E 25E en dessous du niveau fondamental cible de 16,0x. Son approche conservatrice fait ressortir quatre secteurs qui pourraient faire l’objet d’une implémentation progressive, et ce, dans le cadre d’une stratégie de placement à MT. Il s’agit des Banques, des Mines, des Télécoms et des Ports.

Le pivot de la politique monétaire est loin d’être d’actualité
Sur la base des dernières projections économiques et du discours du gouverneur de Bank Al-Maghrib, AGR croit au maintien d’une politique monétaire restrictive durant l’année 2023. Ce scénario est soutenu par une série d’arguments, notamment la détermination affichée de BAM de vouloir éviter un cycle inflationniste long qui mettrait en péril les perspectives de croissance de l’économie marocaine sur le LT. Pour AGR, avec la persistance de l’inflation et une croissance acceptable du PIB autour des 3% en 2023, la poursuite du relèvement du TD est loin d’être un scénario «désastreux» pour l’économie.

Par ailleurs, les analystes d’AGR estiment qu’en tant qu’importateur net de produits énergétiques libellés en dollar, et dans la perspective de la hausse du service de la dette extérieure, la soutenabilité du dirham devient aujourd’hui un sujet de vigilance. Ainsi, BAM ne peut se permettre un décalage significatif entre sa politique monétaire et celle des grandes banques centrales à l’international, est-il noté auprès de la société de recherche.

De plus, les dernières prévisions de l’inflation au Maroc, qui projettent un niveau supérieur à 4,5% durant la période 2023-2024, portent la problématique de la rémunération de l’épargne au devant de la scène. Un TD de 3% n’est toujours pas suffisant pour rétablir les taux de rendement réels en territoire positif. Par ailleurs, il est noté auprès d’AGR que la faiblesse de la rémunération de l’épargne semble favoriser, dans la durée, la prolifération de l’économie informelle. Durant la période 2019-2022, la monnaie fiduciaire au Maroc a augmenté de plus de 100 MMDH pour atteindre un plus haut historique de 350 MMDH.

L’impact de l’inflation n’est pas encore consommé
En dépit de l’accélération du cycle inflationniste en 2022, on assiste, néanmoins, à un décalage visible de sa transmission vers la demande locale. Cette situation est justifiée, selon AGR, par le renouvellement progressif des stocks des entreprises et par les effets différés relatifs aux chaînes logistiques.

À cet effet, la société de recherche estime que l’impact négatif de la soutenabilité de l’inflation n’est pas entièrement visible sur la dynamique de la demande locale. Deux indicateurs en attestent, notamment l’accélération de la tendance baissière de la consommation du ciment depuis le T2-22, considérée comme le baromètre de l’activité économique au Maroc.

Il s’agit aussi de la décélération de la croissance des revenus des secteurs industriels et de services, cotés depuis le T1-22. À l’origine, un effet dégradation de la demande locale qui prend de plus en plus le dessus sur l’effet prix relatif à l’inflation.

Normalisation des niveaux de valorisation des actions
En l’absence des anticipations de pivot de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib et dans l’attente d’une solide reprise de la demande locale, AGR juge que le principal argument qui pourrait plaider en faveur des actions aujourd’hui réside dans leurs niveaux de valorisation.

Ces derniers devraient être relativement «bas» afin d’intégrer l’essentiel des risques générés par la persistance des pressions inflationnistes. Concrètement, le P/E du marché poursuit sa normalisation depuis 2022 et se rapproche de la cible fondamentale de 16,0x (Cf. AGR House View Janvier 23). Néanmoins, la disparité des P/E sectoriels exige une analyse plus fine pour évaluer le niveau d’attractivité des valorisations affichées.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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