Lutte contre le changement climatique : Le Maroc, locomotive pour le continent
Plusieurs mesures ont été préconisées par le roi pour permettre aux Africains de s’exprimer d’une seule voix, et ce dans l’objectif de parvenir à une justice climatique. Les impératifs identifiés concernent essentiellement la détermination des mesures d’accès aux financements nécessaires afin de coordonner les efforts d’adaptation du continent, de même que l’exigence de trouver les mécanismes adéquats qui visent à soutenir les programmes phares.
La dimension africaine de la COP 22, tenue du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, a été mise en exergue au 10e jour des travaux avec l’organisation du Sommet africain de l’action. C’était une occasion pour le souverain d’appeler les dirigeants africains à concrétiser des projets transnationaux structurants en vue d’esquisser une Afrique résiliente aux changements climatiques. Même si le continent n’émet que 4% des gaz à effet de serre, il demeure particulièrement exposé aux bouleversements climatiques qui entravent fortement le développement de l’Afrique, et menacent gravement les droits élémentaires de plusieurs dizaines de millions d’Africains. Tel est le point de départ de la vision royale exposée lors du sommet de l’action tenue en marge de la 22e Conférence des parties à la convention sur les changements climatiques, durant lequel le souverain a indiqué clairement que l’Afrique paie un lourd tribut dans l’équation «climat», et constitue sans aucun doute le continent le plus pénalisé. Un fort appui politique devra être assuré pour les initiatives conjointes qui seront mises en œuvre, parallèlement à une forte mobilisation des moyens et compétences nécessaires à leur mise en œuvre. «Nous sommes tous conscients qu’il en va de la sauvegarde de la Vie, et qu’il nous appartient de travailler solidairement à la protection de notre terre. Voilà pourquoi Je souhaite que se mette en place une convergence de vue dans l’action», avait expliqué le roi durant ce sommet. Et de demander : «Faut-il rappeler que le temps de la colonisation est révolu, qu’une décision imposée ne peut être productive ? Faut-il rappeler que les acteurs ne manquent pas de force d’engagement, ni de bonne volonté; mais qu’il leur arrive de manquer de moyens?».
La feuille de route royale
Plusieurs mesures ont été préconisées par le roi en vue de permettre aux Africains de s’exprimer d’une seule voix dans l’objectif de parvenir à une justice climatique. Les impératifs identifiés concernent essentiellement la détermination des mesures d’accès aux financements nécessaires afin d’organiser les efforts d’adaptation du continent, ainsi que l’exigence de déterminer les mécanismes adéquats qui visent à soutenir les programmes phares. D’autres impératifs s’imposent aussi durant cette étape, portant sur le renforcement des capacités institutionnelles du continent et la nécessité de «saisir les opportunités et étudier les implications qu’offre un développement sobre en carbone, dans les domaines de l’énergie, de l’innovation technologique, ou encore des métiers verts», comme cela a été indiqué par le roi. L’optimisme royal reste cependant présent à propos de la portée des actions continentales et régionales qui ont été convenues lors de ce sommet, qui «favorisent la résilience de notre Continent, face aux menaces du dérèglement climatique», et qui «permettent une co-émergence durable de notre Continent», ainsi que l’a mentionné le chef de l’État. Ce qui est crucial, c’est l’engagement réitéré par le Maroc durant cette rencontre planétaire pour soutenir et s’impliquer activement dans les projets dédiés à l’Afrique. Le roi a dévoilé que «le royaume contribue, aujourd’hui, à y inclure de nouveaux partenaires, publics et privés, et à structurer les mécanismes de gouvernance. En outre, il animera un réseau africain d’expertise climatique, à partir du Centre de compétences en changements climatiques installé au Maroc». La mutualisation des efforts et le renforcement de la coopération stratégique avec les partenaires du Maroc devront mettre un terme, dans des délais raisonnables, à l’injustice climatique qui affecte le continent, et devront favoriser la réalisation des Objectifs de développement durable, 12 sur les 17 programmés étant liés de manière directe ou indirecte aux changements climatiques.
L’implication des dirigeants africains
Les chefs d’État africains ont confié au roi Mohammed VI la mise en œuvre de la Déclaration du premier sommet africain de l’action en faveur d’une co-émergence continentale. Dans cette déclaration, adoptée lors de ce sommet, les chefs d’État et de gouvernement africains ont invité le roi, «en relation avec le président en exercice de l’Union africaine, à œuvrer pour la mise en œuvre de cette Déclaration, notamment au niveau de la coordination et du suivi des initiatives prioritaires dans les domaines de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable, ainsi que de la mobilisation des partenaires du Continent, bilatéraux ou multilatéraux». Ils ont décidé, dans ce cadre, la création de trois commissions dédiées à la région du Sahel, à la région du Bassin du Congo et aux États insulaires, présidées respectivement par la République du Niger, la République du Congo et la République des Seychelles. Outre la pertinence d’unir les voix du continent pour mieux défendre ses intérêts, les leaders africains ont lancé un appel «à nos partenaires stratégiques pour renforcer notre coopération dans le sens de l’ambition africaine pour un développement durable et inclusif, et fournir un appui efficace et concret à la mise en œuvre de cette ambition, à travers notamment l’augmentation du financement public, la facilitation de l’accès au financement climatique et son rééquilibrage en faveur de l’adaptation, le renforcement des capacités et le transfert de technologies».
Les chefs d’État africains se sont également engagés à promouvoir les politiques et les mesures en matière d’adaptation requises, qui soient aussi des catalyseurs pour une transformation structurelle profonde sur les plans économique et social en Afrique, à consolider leurs engagements respectifs en matière de lutte contre les effets du changement climatique pour donner davantage de cohérence à leurs stratégies et avancer ensemble et à accélérer la réalisation des initiatives déjà identifiées ou lancées, en s’appuyant non seulement sur leurs ressources intrinsèques, mais également en mobilisant les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, ainsi que les acteurs non étatiques. La forte implication dans la mise en œuvre de la vision royale se manifeste aussi à travers la mise en œuvre adéquate des Objectifs de développement durable, fondés sur les Principes de Rio, en particulier celui de «la responsabilité commune mais différenciée pour relever le défi du changement climatique et l’engagement concret et substantiel des pays africains à contribuer à l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques. L’ambition est de faire de l’action pour le climat un levier d’émergence, en vue de construire un modèle de développement inclusif et durable répondant aux aspirations légitimes des populations africaines et préservant les intérêts des générations futures», précise la déclaration finale qui indique surtout la ferme volonté «d’œuvrer collectivement et solidairement pour une Afrique résiliente au changement climatique et qui façonne son destin, à travers des approches sous-régionales et régionales».