Lubrifiants : hausse imminente des prix

De plus en plus d’opérateurs pétroliers nationaux annoncent la hausse de leurs tarifications pour les lubrifiants. Décryptage…
La vague de la hausse des prix des huiles de table passée, c’est maintenant le tour des huiles de base pour le secteur automobile, la grille tarifaire des lubrifiants étant revue à la hausse ! Depuis le 15 avril dernier, quelques pétroliers opérant sur le marché national ont commencé à afficher des tarifs plus élevés pour les lubrifiants automobiles. Cette tendance se confirme de plus en plus sur le marché et sera généralisée dans les prochains jours à tous les opérateurs du secteur. «La couleur a été annoncée en début d’année avec la hausse des prix des pneus. En effet, avec la crise sanitaire, tout l’écosystème mondial a été impacté, d’où la hausse des tarifs des lubrifiants. Ceci, sans oublier que l’activité des pièces de rechange se prépare également à augmenter ses tarifs», affirme Hatim Kaghat, directeur général de Midas Al Fourat.
Le topo est clair: les différents maillons de l’industrie automobile commenceront à répercuter les effets de la crise sanitaire qu’ils ont accumulés jusqu’ici, sur leurs prix finaux. Selon le DG de Midas, les tarifs en question accuseront une hausse moyenne de 15% sur les prix actuels. En effet, les pétroliers marocains brandissent la carte de la cherté mondiale des matières premières. La situation mondiale actuelle a aussi donné lieu à une certaine pénurie de la matière première provenant des raffineries qui, elles, produisent de moins en mois d’huiles de base. Certaines ayant carrément arrêté la production de ces substances. «Cette insuffisance mondiale d’huiles de base a malheureusement impacté les prix à la hausse jusqu’à atteindre aujourd’hui des évolutions exorbitantes de plus de 100% sur les prix de 2020», soulignait à ce sujet la société Petromin Oils du Maroc. L’opérateur a d’ailleurs récemment adressé un écrit à ses clients, dont nous avons pris connaissance, pour motiver la hausse qu’il envisage de répercuter sur les tarifs de ses produits lubrifiants.
L’approvisionnement impacté
Il faut dire que, depuis plusieurs années, les pétroliers opérant sur le marché national ont maintenu une structure tarifaire des lubrifiants stable, malgré les tendances haussières du marché à l’international. Toutefois, avec la crise sanitaire, ce marché a été chamboulé. Les cours des matières premières ont connu une hausse sans précédent, qui a influé sur les coûts d’approvisionnement des huiles de base des opérateurs nationaux. Devant cette conjoncture qui dure depuis plusieurs mois, les opérateurs se sont retrouvés devant le fait accompli, devant répercuter la hausse sur les prix de vente des lubrifiants sur le marché marocain. En procédant à cette hausse, les opérateurs tentent de couvrir leur prix de revient et assurer leurs charges, vue la conjoncture actuelle engendrée par la crise sanitaire. De leur côté, les centres de services automobiles vont certainement devoir faire porter cette hausse des prix par le client final. Mais en attendant, Hatim Kaghat rassure: «nous allons tenter de supporter cette hausse pendant quelques mois, probablement d’ici juin-juillet prochains. Nous pouvons, en fait, encaisser le coup car les opérateurs disposent de stocks». Mais au-delà de cette échéance, les prix seront certainement revus à la hausse, surtout si la conjoncture économique mondiale et nationale demeure inchangée.
Yasser El Bermaki.
Directeur général SiliGom Maroc
«Les tarifs des lubrifiants ont effectivement connu une hausse, récemment. En effet, à titre d’exemple, les produits en provenance d’Allemagne ont connu une hausse mensuelle de 10% depuis le mois de février. En tant qu’opérateurs, nous subissons de plein fouet ces effets. Il faut dire que le pouvoir d’achat du Marocain est de plus en plus lésé avec cette crise sanitaire. La hausse des prix des lubrifiants ne ferait qu’impacter davantage le consommateur. Dans nos 17 centres SiliGom à travers le Maroc, la majorité des clients repoussent justement la date de vidange de leur véhicules, à cause de la conjoncture mais aussi d la hausse de prix des lubrifiants. Ceci nous a poussé à supporter la hausse des prix et de ce fait, à baisser nos marges, car nous voulons fidéliser notre clientèle. Bien que nous voulons supporter cette hausse, sur le long terme, le client final finira par la ressentir. Globalement, notre activité a été fortement touchée par la crise, le chiffre d’affaires sectoriel ayant accusé une baisse de pas moins de 40%. C’est pourquoi, hélas, nous ne pourrons pas baisser nos marges indéfiniment !
Un secteur en croissance accélérée
Devant l’absence de statistiques officielles du marché marocain des lubrifiants, les opérateurs l’estimaient en 2014 à environ 120.000 tonnes avec un parc automobile avoisinant les 3,5 millions de voitures / poids lourds. La tendance que connaît ce secteur est haussière depuis une décennie, et tous les indices laissent croire que le trend d’évolution suivra la tendance du marché automobile. Le marché marocain se caractérise par une prédominance des grandes marques pétrolières qui accaparent environ 90% du marché. Les 10% de parts de marché restantes sont partagées entre les marques indépendantes de toutes les nationalités.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco