Maroc

Louardi brandit la carte de la faiblesse du budget

Pour sa première sortie médiatique au cours de ce nouveau mandat gouvernemental, le ministre de la Santé El Houssaine Louardi déplore la faiblesse du budget alloué à son département. L’enveloppe budgétaire du secteur ne représente que 5,69% du budget général alors que la recommandation de l’OMS est de 12%.

Le gouvernement est très attendu sur le secteur de la santé qui fait l’objet de critiques acerbes aussi bien de la part des professionnels que des citoyens. Les insuffisances sont en effet grandes, comme le reconnaît le ministre de la Santé qui a tenu un point de presse hier à Rabat. Fidèle à lui-même, El Houssaine  Louardi pointe du doigt les carences du secteur tout en tenant cette fois-ci à soulever avec insistance la question de la faiblesse des ressources financières qui freinent les ambitions.

Le budget du département de la Santé ne dépasse pas 5,69% du budget général de l’État alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande un pourcentage de 12% pour améliorer le secteur et atteindre les objectifs escomptés. Le responsable gouvernemental déplore la stagnation du budget de son département alors que les attentes grandissent au fil du temps. En 2017, une enveloppe de 14,3 MMDH  est consacrée au secteur, soit une augmentation timide de 0,1% par rapport à 2016. Moins de la moitié de ce budget est consacré à l’investissement (54% sont dédiés aux salaires du personnel).

À cela s’ajoute le manque criant de ressources humaines. Le Maroc est classé par l’OMS parmi 57 autres États qui connaissent un grand manque en ressources humaines. Malgré la sonnette d’alarme, rien n’est fait pour combler les insuffisances en médecins et infirmiers. Pire encore, une régression est constatée au niveau de la loi de Finances de 2017. Pour l’année en cours, le ministère de la Santé n’a eu droit qu’à 1.500 postes budgétaires alors que la moyenne lors des cinq dernières années est de 2000. Le ministère de l’Économie et des finances justifie cette baisse par la nouvelle réforme des retraites ayant permis d’augmenter l’âge de départ à la retraite, selon Louardi qui estime que des solutions doivent être mises en place pour régler la question épineuse de la faiblesse des ressources humaines notamment en milieu rural.

À ce titre, le ministre n’écarte pas la possibilité de remettre sur la table la mesure du service sanitaire obligatoire ayant suscité un tollé. Il s’engage à ce que ce dossier soit discuté avec les partenaires sociaux. «Il faut en discuter et trouver la formule adéquate. Cette mesure a permis à plusieurs pays de régler la problématique des ressources humaines dans le secteur de la santé. Si la durée du service de deux ans est longue, on peut la réviser», relève-t-il. S’agissant de l’équipement qui connaît aussi une grande insuffisance, des efforts sont déployés pour améliorer la situation. Une enveloppe d’1 milliard de dirhams a été, rappelons-le, allouée en 2016 pour les équipements biomédicaux dans les zones éloignées et montagneuses. Le même montant est prévu cette année. Néanmoins, l’amélioration de l’accès à la santé est complexe au vu de l’ampleur des insuffisances enregistrées. En dépit des contraintes qu’il tient à soulever, Louardi défend son bilan tout en reconnaissant que le citoyen ne ressent pas un impact palpable des différents programmes sectoriels. «Le citoyen doit ressentir l’effet des politiques menées dans le secteur en améliorant notamment l’accueil, la prise des rendez-vous et en élargissant le panier des soins de la couverture sociale…», précise-t-il. Pour ce mandat, l’accélération de la cadence s’impose.

Parmi les priorités se trouve la diminution des disparités entre les milieux rural et urbain. À cet égard, des efforts seront déployés en matière d’équipement. Chaque hôpital provincial sera doté d’un scanner et chaque hôpital régional d’une IRM. L’accent sera mis aussi sur la gouvernance du système de la couverture sociale. De nouveaux programmes seront lancés : surdité, maladies cardiaques, hépatite virale. Le ministre de la Santé veut entamer son nouveau mandat par des mesures concrètes comme l’ouverture de quelque 14 nouveaux hôpitaux. Il compte aussi nouer le contact avec les syndicats qu’il recevra vendredi. Louardi s’engage à défendre certaines de leurs causes auprès du chef de gouvernement. Il s’agit notamment des infirmiers qui n’ont pas droit à l’échelle 10 contrairement aux autres fonctionnaires titulaires d’un diplôme BAC+3. «J’ai déjà soulevé cette question lors du précédent mandat auprès du ministre de l’Économie et des finances et de l’ancien chef de gouvernement. Je continuerai à plaider cette cause», souligne-t-il.

Baisse de la mortalité maternelle
Le ministre de la Santé affiche sa fierté de la baisse de la mortalité maternelle au Maroc dont le ratio est passé à 72,6 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes contre 112 en 2010, soit une réduction de 35%, selon la sixième enquête nationale sur la population et la santé familiale – 2017 menée par le ministère de la Santé en coordination avec le Haut-commissariat au plan, l’Organisation mondiale de la Santé, l’UNICEF, l’UNFPA et la Ligue des États arabes. L’enquête a été effectuée sur un échantillon de 121.725 ménages répartis sur les 12 régions du royaume et les milieux urbain et rural qui ont enregistré une nette amélioration : une réduction de 39% en milieu urbain et une réduction de 25% en milieu rural. S’agissant de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, l’actualisation des données devra se faire vers la fin de l’année. Le dernier chiffre date de 2011 (30,5 décès pour 1.000 naissances vivantes).


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