L’Oriental : un écosystème en construction pour les métiers du futur
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La région de l’Oriental ambitionne de devenir un pôle majeur des métiers du futur. Portée par une jeunesse dynamique et des initiatives novatrices, elle mise sur la digitalisation, la formation et l’entrepreneuriat pour créer des emplois durables.
La région de l’Oriental est à un tournant décisif de son histoire économique. Longtemps pénalisée du fait de son éloignement des grands centres économiques du Royaume, elle s’apprête à embrasser une transformation profonde, portée par l’émergence des métiers du futur.
Ces professions, issues de la révolution digitale, de la prise de conscience environnementale et des mutations sociétales, constituent un levier de croissance et de création d’emplois sans précédent. La table ronde organisée à Oujda par le cercle des ÉCO, en partenariat avec Intelcia, a permis de dresser un panorama régional prometteur, mettant en lumière le potentiel de l’Oriental à devenir un pôle d’attraction majeur pour ces métiers d’avenir. L’enjeu est de taille : il s’agit de renverser la tendance actuelle, marquée par un taux de chômage élevé, et de faire de la région un modèle de développement, capable de rivaliser avec les autres pôles économiques du pays.
L’Oriental, riche d’une population jeune et dynamique, avec un taux d’activité supérieur à 44% pour les plus de 15 ans, dispose d’atouts indéniables pour réussir cette transition.
Les métiers du futur : un levier de croissance pour la région
Le Maroc, conscient des opportunités offertes par les métiers du futur, a mis en place des stratégies ambitieuses, à l’instar de la stratégie digitale Maroc 2030, qui vise à positionner le pays en leader africain du numérique.
Saad Berrada, General Manager Morocco & Tunisia d’Intelcia, a souligné à cette occasion l’importance de ces métiers, en particulier ceux liés au digital, à l’intelligence artificielle, à la robotique et à l’analyse de données. Ces secteurs, en pleine expansion, promettent de transformer radicalement le marché du travail, avec des estimations de remplacement de 40% à 60% des emplois actuels.
Pour l’Oriental, ces métiers représentent une opportunité unique de diversification économique et de création d’emplois durables. Des secteurs clés tels que l’IT, l’offshoring, l’automobile, le tourisme et l’agriculture sont appelés à se métamorphoser grâce à l’intégration de ces nouvelles compétences.
Noureddine Bachiri, président de la CGEM Oriental, a insisté sur la capacité des nouvelles technologies de l’information à abolir les distances, offrant ainsi à la région la possibilité de capter des investissements et de se positionner sur des marchés autrefois inaccessibles.
Le rôle de la formation et de l’adaptation
Jaafar Khalid, vice-président de l’Université Mohammed Ier d’Oujda, a mis en lumière le rôle de la formation dans cette transformation économique. Il a insisté sur l’importance d’une approche évolutive, considérant que les métiers du futur ne doivent pas nécessairement remplacer les métiers traditionnels, mais plutôt les amener à se réinventer.
«L’artisanat, par exemple, qui est un métier ancestral, peut aujourd’hui intégrer les outils du numérique et de l’intelligence artificielle pour se moderniser», a-t-il expliqué.
Il a également souligné les efforts de l’université pour adapter ses programmes aux besoins du marché, notamment en créant des parcours d’excellence et en développant des formations en alternance.Il a également mis l’accent sur la nécessité de la reconversion professionnelle, permettant aux travailleurs d’acquérir de nouvelles compétences pour s’adapter aux métiers émergents.
Selon lui, l’université joue un rôle central dans un écosystème régional propice à l’évolution des formations, en étroite collaboration avec les acteurs économiques et les autorités locales. L’objectif est de garantir l’employabilité des diplômés, tant au niveau régional que national et international, en les préparant aux défis du marché du travail de demain.
Un potentiel de création d’emplois important
L’analyse des chiffres du marché de l’emploi dans l’Oriental révèle un potentiel de création d’emplois considérable. La région s’est fixé comme objectif d’en créer 50.000 d’ici 2026, un défi ambitieux mais réalisable au regard des perspectives offertes par les métiers du futur.
Rachid Rami, directeur par intérim du CRI de l’Oriental, a mis en avant le rôle déterminant de l’investissement privé, stimulé par la nouvelle Charte de l’investissement, pour atteindre cet objectif. L’entrepreneuriat est également identifié comme un vecteur essentiel de création d’emplois, notamment dans des secteurs innovants tels que l’industrie culturelle, l’artisanat et les coopératives digitales.
L’émergence de ces nouvelles activités, combinée à l’essor des métiers du futur, ouvre des perspectives prometteuses pour l’emploi des jeunes de la région. La digitalisation, en particulier, offre des opportunités inédites en termes de travail à distance et d’accès à des marchés globaux, permettant ainsi de réduire la fracture géographique et de dynamiser l’économie régionale.
Mobilisation des acteurs et perspectives d’avenir
La réussite de cette transformation économique repose sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la région. La table ronde d’Oujda a permis de souligner l’engagement des acteurs publics et privés à œuvrer ensemble pour faire de l’Oriental une terre d’avenir pour les nouvelles générations.
Le CRI, la CGEM, l’Université Mohammed Ier d’Oujda et des entreprises comme Intelcia collaborent activement pour créer un écosystème favorable à l’innovation, à la formation et à l’entrepreneuriat. Des initiatives concrètes, telles que le programme P2E de soutien aux projets d’entreprise portés par les étudiants, témoignent de cette dynamique collective.
L’enjeu est désormais de poursuivre et d’amplifier ces efforts, en misant sur la formation aux métiers d’avenir, en encourageant l’investissement dans les secteurs stratégiques et en promouvant l’image de la région auprès des talents et des investisseurs.
L’Oriental, en capitalisant sur ses atouts et en investissant dans les compétences de demain, dispose de tous les atouts pour réussir sa transformation et devenir un pôle majeur des métiers du futur au Maroc et en Afrique, porté par une vision partagée et une ambition collective. L’avenir s’annonce ainsi plein d’espoir pour la jeunesse ainsi que pour le développement économique et social de l’Oriental.
Jaafar Khalid
Vice-président de l’Université Mohammed Ier d’Oujda
«L’artisanat, qui est un métier ancestral, peut aujourd’hui intégrer les outils du numérique et de l’intelligence artificielle pour se moderniser.»
Saad Berrada
General Manager Morocco & Tunisia d’Intelcia
«Les métiers du digital sont très en vogue, autour de l’intelligence artificielle, de la robotisation, de la transformation digitale. Le Maroc a bien saisi cela avec la stratégie Digital Morocco 2030.»
Noureddine Bachiri
Président de la CGEM dans l’Oriental
«Au niveau des nouvelles technologies, on peut travailler à Berkane comme à Casablanca. Le plus important c’est de capter les investisseurs, car l’axe Casablanca-Tanger est saturé.»
Rachid Rami
Directeur par intérim du CRI de l’Oriental
«L’emploi du futur, ce n’est plus la Fonction publique, mais le secteur privé et l’entrepreneuriat. Le nouveau modèle de développement économique du pays est basé sur l’investissement privé.»
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO