Les femmes dans la filière oléicole : un rôle essentiel mais sous-estimé
L’Association des femmes actives dans la filière oléicole au Maroc veut promouvoir le rôle des femmes dans cette filière qui assure plus de 51 millions de journées de travail par an. Les efforts de la gent féminine restent souvent sous-estimés et peu rémunérés, ce qui nécessite des mesures d’accompagnement et de sensibilisation pour contrer les inégalités de genre.
Au Maroc, la filière oléicole est un secteur économique important qui assure plus de 51 millions de journées de travail par an, soit 380.000 opportunités d’emploi permanent, dont une grande majorité à des femmes. Pourtant, ces dernières sont souvent confrontées à des défis qui limitent leur participation et leur impact dans cette filière.
C’est dans ce contexte que l’Association des femmes actives dans la filière oléicole au Maroc (FAFOM) a organisé sa première conférence sur le rôle de la femme dans cette filière, en marge de la 15e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM).
La présidente de l’association, Amal Chami, a fait savoir que cette initiative vise à créer une plateforme d’échanges de connaissances, d’expertises et d’expériences entre les femmes actives dans toutes les activités de la filière oléicole. «L’objectif étant d’apporter des changements positifs pour le développement de la filière et des activités des adhérentes de l’association», précise Chami.
Cette plateforme permet également de promouvoir les bienfaits des produits de l’olive ainsi que les bonnes pratiques en matière nutritionnelle et productive. Chami a ainsi fait savoir qu’afin de soutenir le rôle de la femme dans les différentes activités oléicoles, l’association organisera des visites aux différentes coopératives et unités de transformation et de valorisation des produits oléicoles.
Une contribution essentielle, mais sous-estimée
Siham Rouas, professeure à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV), a souligné l’importance du rôle des femmes dans la récolte et le stockage des olives dans plusieurs régions du Royaume pour assurer la qualité de l’huile d’olive. En effet, ces deux opérations sont déterminantes à hauteur de 45% pour la qualité de l’huile.
Cependant, bien que le pourcentage des femmes employées dans l’oléiculture soit estimé à 36%, leur travail n’est pas toujours rémunéré et rarement comptabilisé dans les statistiques officielles.
Rouas a également souligné que la plupart des exploitations oléicoles ont une superficie inférieure à cinq hectares et sont souvent dirigées par des femmes.
Dans ce cadre, elle a appelé à la valorisation et à la rentabilisation des efforts considérables que déploient les femmes dans cette filière, tout en sensibilisant les hommes et les femmes pour contrer les inégalités de genre dans les zones rurales. Notons que l’oléiculture est la principale espèce fruitière cultivée au Maroc avec 65% de la superficie arboricole nationale.
Les participants à cette rencontre ont appelé à la mise en place d’options de financement et de services d’aide par les ministères clés pour appuyer l’autonomisation économique de la femme comme principe de base pour la parité et l’égalité.
Mesures d’accompagnement de la tutelle
S’agissant des mesures d’accompagnement du ministère de l’Agriculture, Loubna Amhaïr, ingénieure en agro écologie au ministère, a fait part de la vision stratégique de son département visant à mettre en place des mécanismes pour atténuer les contraintes auxquelles font face les femmes travaillant dans l’agriculture, et ainsi réduire les écarts de genre dans ce secteur, tout en misant sur les potentialités existantes.
«Cette vision s’appuie principalement sur la mise à niveau des coopératives féminines des produits du terroir, l’aménagement et l’équipement des unités de valorisation, l’accompagnement des coopératives pour l’accès aux marchés et le renforcement des capacités techniques en termes de marketing et d’emballage», a-t-elle précisé
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO