Les équipementiers montent en puissance
C’est dans le contexte d’une dynamique vertueuse qu’a démarré le 20 avril à Tanger le Salon de la sous-traitance automobile pour se terminer le 22 avril. En plus de la signature de nouveaux contrats de formation plaçant les compétences au cœur de la stratégie de développement du secteur, l’écosystème continue de s’étoffer, accueillant de nouveaux équipementiers. L’enjeu est d’anticiper la montée en régime de Renault et le démarrage de l’unité de PSA.
Le secteur de l’industrie automobile est en pleine ébullition. Les écosystèmes mis en place par le département de tutelle ont pris forme, et les annonces d’investissement se multiplient, sans oublier que l’automobile s’est hissée en premier secteur exportateur, ayant doublé les phosphates et dérivés en valeur. Mieux encore, le Maroc semble bien parti pour poursuivre sur cette lancée, et même accélérer la cadence. L’automobile n’est pas près de lâcher son nouveau titre de champion national des exportations. C’est dans le contexte de cette dynamique vertueuse qu’a démarré le 20 avril à Tanger le Salon de la sous-traitance automobile pour se clore aujourd’hui 22 avril. À cette occasion, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, Larbi Bencheikh, directeur général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) et Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (AMICA) ont procédé à la signature de deux contrats relatifs à l’offre de formation pour l’accompagnement des écosystèmes automobiles. À cette même occasion, deux équipementiers français de référence ont lancé des investissements dans l’outil de production, accompagnant ainsi la montée en puissance de l’industrie automobile marocaine.
Acome, SNOP… les équipementiers français au taquet
En effet, autour de Renault Tanger, et anticipant sa montée en régime et le démarrage de l’unité de PSA, les équipementiers s’activent. De nouvelles références continuent à affluer tandis que d’autres, déjà présentes, montent en puissance. Dans ce registre, en marge du salon, le ministre de tutelle a lancé deux nouveaux projets qui vont venir enrichir l’écosystème automobile tangérois en amont de Renault. Il s’agit d’une part du lancement, par le ministre, des travaux de construction d’une nouvelle usine dans la zone franche de Tanger, première en Afrique, de l’équipementier français Acome, spécialisé dans la production de câbles automobiles. Avec une superficie de 18.000 m², cette nouvelle unité industrielle mobilise un investissement d’environ 280 MDH (25 millions d’euros) et devrait permettre la création de 150 emplois directs. Sa livraison est annoncée pour le quatrième trimestre de l’année 2016. D’autre part, sur la même lancée, Elalamy a présidé l’inauguration de l’extension de l’usine tangéroise de l’emboutisseur français SNOP. Cette extension augmente la taille de l’usine d’emboutissage de pièces automobiles de 25%, pour un investissement de plus de 75 MDH (7 millions d’euros). Elle est destinée à anticiper la croissance de l’usine en fonction de la montée en cadence de Renault, son client principal, tout en permettant l’intégration de nouvelles machines.
Le patron de l’équipementier français prévoit déjà une extension supplémentaire, et compte étendre l’activité de l’unité à la production des pièces métalliques découpées et embouties en utilisant un maximum de capacité de production.
Les compétences, pierre angulaire
Du côté de la formation, le premier contrat d’exécution est relatif à l’offre de formation pour l’accompagnement des écosystèmes automobiles. Le second pose les bases d’un modèle de gouvernance des établissements de formation professionnelle de l’OFPPT dédiés à l’automobile. «Ce modèle vise une co-gestion de ces établissements pour impliquer directement les industriels dans le processus pédagogique de l’établissement de formation, notamment l’identification des filières, l’élaboration des modules, les stages, etc.», fait savoir le département de l’Industrie. Cette offre de formation globale et intégrée s’inscrit dans le cadre des contrats de performance des écosystèmes automobiles. Elle est axée d’une part sur le rapprochement entre les besoins en profils identifiés par les écosystèmes et l’offre de formation professionnelle sur la période 2015-2020, et d’autre part sur le développement de la formation par alternance (FPA), d’un module de formation en Soft Skills. Elle s’attaque également à l’élaboration par les professionnels d’un module de formation portant sur la «Culture automobile», la co-animation de modules de formation par les professionnels et le développement de la formation continue. Le volet des ressources humaines et des compétences constitue en effet une composante charnière dans ce contexte de multiplication de nouveaux sites industriels, avec des besoins grandissants en profils spécialisés et en compétences qualifiées. Revenons donc sur cette série d’investissements annoncés qui se sont succédé depuis le début de l’année, et qui laissent les professionnels du secteur s’attendre à porter la production nationale à 1 millions d’unités à l’horizon 2020.
Renault, acte II : 20 MMDH de revenu additionnel annuellement
Le constructeur automobile français a signé, le 8 avril 2016 à Rabat, en présence du souverain, des partenariats avec le Maroc portant à terme sur 10 MMDH d’investissements et 50.000 emplois. Construire un écosystème industriel à part entière est l’objectif de la marque au losange au Maroc. Pour Moulay Hafid Elalamy, la convention avec le constructeur français «va changer définitivement le secteur automobile au Maroc. Ce projet d’envergure permettra d’ancrer plus profondément l’industrie automobile dans le tissu économique du royaume avec 10 MMDH d’investissement engagés par Renault et ses fournisseurs, 50.000 nouveaux emplois permanents, la génération d’un chiffre d’affaires additionnel de 20 MMDH par an, issu des achats de pièces fabriquées localement, et un taux record d’intégration locale qui sera portée à 65%.
PSA Peugeot-Citroën à Kénitra : les travaux démarrent cet été
Avec une production à terme de 200.000 véhicules et de 200.000 moteurs par an, le groupe PSA Peugeot-Citroën lance un projet majeur dans le secteur de l’automobile au Maroc. Le groupe français s’active pour une ouverture prévue d’ici 2019 sur un espace de plus de 120 ha. Le site mobilisera un investissement total de 6 MMDH pour une capacité initiale de 90.000 véhicules. Cette nouvelle implantation à Kénitra ouvre un champ d’opportunités considérable pour les équipementiers. L’approvisionnement par Peugeot en composants et pièces automobiles produits au Maroc, pour un volume de plus de 10 MMDH par an, permettra le renforcement de la chaîne de valeur locale, et ainsi l’accroissement du taux d’intégration pour le porter à terme à 80%. Ce projet permettra également l’émergence de filières plus innovantes et plus performantes, avec évidemment des perspectives à l’export prometteuses. Ce projet majeur apportera une précieuse contribution à l’émergence d’un nouveau pôle industriel régional d’excellence dans l’automobile.
Écosystème «moteurs et transmission» : le Maroc accède à un club très «select»
Dans le cercle très fermé de l’industrie de conception et de construction de moteurs et de systèmes de transmission, l’on recense seulement 31 fabricants et exportateurs de moteurs dans le monde. Cet écosystème à haute valeur ajoutée permettra la création de 10.000 nouveaux emplois directs à forte valeur ajoutée et la génération d’un chiffre d’affaires additionnel de plus de 6,5 MMDH. Il contribuera également à l’émergence de métiers pionniers à forte valeur ajoutée comme la fonderie fonte, la fonderie aluminium, l’injection d’aluminium sous pression, l’affinage d’aluminium ou encore l’usinage moteur. L’industrie nationale bénéficiera ainsi de précieux transferts de technologies dans la fabrication de nouvelles pièces et le développement de nouvelles techniques dans le cadre d’un tissu couvrant toute la chaîne de valeur automobile.
Bilan d’étape très prometteur
Le Maroc est entré pleinement dans une dynamique d’investissement industriel. En effet, depuis le lancement du Plan d’accélération industrielle, il a été procédé à la signature de 36 contrats d’investissement dans le secteur de l’automobile dans le cadre de l’appui du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Déjà, la création de 11.863 emplois, soit 49% des emplois engagés dans le cadre des 4 premiers écosystèmes lancés en octobre 2014, est en cours de concrétisation. L’on relève également un effet de levier important. En effet, selon les estimations du département de l’Industrie, chaque million de dirhams de contribution du Fonds Hassan II génère 8,22 MDH d’investissement et participe à la création de 24 emplois stables. L’automobile conforte ainsi son nouveau titre de premier secteur exportateur avec 50 MMDH de chiffre d’affaires à l’export en 2015. D’ici 2020, le Maroc ambitionne la production d’un million de véhicules annuellement, ce qui, au passage, suppose l’implantation d’au moins une nouvelle usine majeure de la part d’un constructeur. L’ambition est ainsi d’atteindre 100 MMDH à l’export, de créer 160.000 emplois et d’atteindre un taux d’intégration de 80%.