Maroc

Les enseignants marocains brillent à l’étranger, pas leurs universités

Les enseignants marocains sont réputés “bons” à l’international en dépit du rang qu’occupent les universités du pays dans les classements mondiaux.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les enseignants marocains, tout comme les médecins, ont une solide réputation à l’étranger. Ils sont souvent invités dans les plus prestigieux colloques, congrès et autres manifestations scientifiques à l’international. Quant à leurs travaux de recherche, ils sont fréquemment couronnés de succès.

Par ailleurs, le bon niveau des étudiants marocains dans les universités étrangères -ou de ceux qui participent à des compétitions à l’international, formés et encadrés par des enseignants marocains- corrobore ce discours. Malgré cela, nuance Khalid Karbaoui, spécialiste en développement personnel et orientation et docteur en entrepreneuriat, ces performances sont à relativiser. Dans les classements internationaux, nos universités brillent soit par leur absence soit par leur mauvais positionnement, estime-t-il.

Pourtant, n’est pas enseignant au Maroc qui veut ! Le diplôme le plus élevé, à savoir le doctorat, reste la norme. Il s’obtient sur trois ans minimum et six ans maximum d’études supérieures, selon les disciplines. Toutefois, «un bon chercheur n’est pas forcément un bon enseignant.

Par conséquent, le ministère est appelé à revoir les critères d’octroi d’un doctorat basé uniquement sur l’accomplissement d’un long travail de recherche en vue d’intégrer des modules sur la pédagogie et l’animation des cours pour ceux qui souhaitent faire carrière dans l’enseignement», préconise Kabaoui. Aussi, pour avoir le profil adéquat d’enseignant, explique-t-il, il faudra choisir le bon candidat lors du concours de recrutement.

À cet effet, la commission composant le jury de recrutement doit être rigoureusement sélectionnée. Quant aux résultats de la présélection et de la sélection définitive, ils devront être connus de tous. L’implication de professionnels du monde socio-économique dans le recrutement des enseignants serait souhaitable, notamment dans certaines disciplines.

En effet, la bonne connaissance des soft skills qui structurent le savoir-être et la personnalité du candidat doit être un facteur distinctif déterminant. Le constat est là : si certains ont opté pour cette profession par passion, beaucoup s’y sont orientés par opportunité. En effet, rares sont les entreprises qui recrutent des docteurs d’autant que ces derniers sont rarement préparés à évoluer dans des domaines bien éloignés de l’enseignement.

Pourtant, poursuit le spécialiste, l’État marocain consacre environ 7% de son PIB à l’enseignement en général. Plusieurs études et recherches scientifiques ont établi un lien positif et significatif entre le niveau du budget de l’enseignement et le développement économique des pays. Plus le budget qui y est alloué est important, mieux l’économie se porte.

Seulement, au Maroc, les immenses efforts consentis par l’État sont loin de se répercuter sur la qualité de la formation des étudiants, ni celle de l’enseignement et de la recherche, regrette notre interlocuteur. Le Maroc est positionné à la 136e place dans le dernier classement de l’Unesco, avec une absence des universités marocaines dans les classements mondiaux des meilleurs établissements, dont celui du «Shanghai Ranking Universities».

Cette situation interpelle sur l’efficacité des réformes engagées depuis l’indépendance ainsi que sur la bonne gouvernance car le secteur de l’enseignement souffre encore sur plusieurs plans dont une absence de visibilité, une dégradation des conditions matérielle des enseignants, des parcours non adaptés à l’économie et un niveau de recherche scientifique obsolète.

«Seule une bonne volonté politique et un réel diagnostic des vrais problèmes et faiblesses, en capitalisant sur nos forces en dehors de tout marchandage ou compromis, pourra hisser le niveau de l’enseignement et de la recherche au Maroc et accordera à l’enseignant la place qu’il mérite.», explique notre interlocuteur. Dès lors, la réforme de l’enseignement supérieur, et au-delà, des concertations menées avec la région et l’université pour identifier les besoins des territoires de demain, doit associer impérativement les cadres de l’éducation nationale ainsi que les enseignants du primaire et du secondaire.

Cette implication devrait permettre à nos enseignants d’avoir une connaissance réelle des besoins futurs de l’économie et de la société ainsi que des comportements et attitudes les plus recherchés. De telles connaissances les conduiront à réinventer, tenter et oser des pédagogies adaptées et différenciées.

Khalid Karbaoui
Spécialiste en développement personnel et orientation et docteur en entrepreneuriat

 

La reconnaissance quantitative est liée, évidemment, au salaire qui doit être revu pour une meilleure justice salariale. Il est inconcevable qu’un enseignant dans l’enseignement supérieur perçoive le même salaire, voire moins, qu’un salarié bac+2 ou bac+3 dans certaines grandes entreprises.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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