Maroc

Centres de transfusion sanguine. Faut-il donner plus ?

Chaque année, les informations circulent sur les stocks de sang insuffisants au sein des centres régionaux de transfusion sanguine. Des appels aux dons de sang sont régulièrement faits
pour assurer des quantités suffisantes, mais ces appels atteignent-ils le but souhaité ?
 Les centres régionaux disposent-ils de suffisamment de sang pour répondre à la demande ? Faut-il plus de dons ?

Interrogé à ce sujet, le docteur Kamal Bouisk, directeur du Centre régional de transfusion sanguine de Casablanca, déclare que le Centre national a lancé un appel au don de sang, qui avait coïncidé avec la période des vacances et une vague de froid. C’est pourquoi, explique-t-il, le nombre de donneurs était réduit non seulement à Casablanca, mais dans toutes les grandes villes disposant d’un CHU (grands consommateurs).

À Casablanca, qui abrite le plus grand centre à l’échelle nationale, ce dernier fournit du sang à 216 établissements de soin, répartis dans la Région Casablanca-Settat, dont le CHU. Chaque jour, le Centre de transfusion de Casablanca reçoit, en moyenne, l’énorme chiffre de 240 demandes de sang par jour, et distribue en moyenne près de 600 produits sanguins par jour. En 2017, 147.000 poches ont été distribuées à différents établissements de soin (publics et privés) par le seul Centre régional de Casablanca.

Selon le docteur Bouisk, pour satisfaire à cette demande, le Centre a besoin au minimum de 400 donneurs par jour. Le responsable explique également que le problème des stocks n’est pas un problème de donneurs, mais un problème de surconsommation. En effet, les statistiques montrent que, chaque année, la consommation progresse de 23%, alors que le nombre de donneurs n’augmente annuellement que de 10%. Il y a donc un écart entre ce que produisent les CRTS à l’échelle nationale, et l’augmentation en matière de besoins en produits sanguins.

Plusieurs facteurs causent cette augmentation de la consommation, le premier est le nombre d’établissements de soins : plus leur nombre augmente, plus la consommation explose. Le deuxième facteur est celui des établissements de soins spécialisés dans la chirurgie cardio-vasculaire, ces cliniques spécialisées consomment beaucoup de produits sanguins. Sans oublier, aussi, d’autres facteurs plus positifs comme l’augmentation de l’espérance de vie, qui voit apparaître avec elle un certain nombre de maladies, entre autres les insuffisances rénales chroniques, les cardiopathies, etc, qui sont sujettes à une transfusion.

Certaines graves maladies expliquent aussi la surconsommation, dont le cancer du sang, les leucémies, les thalassémies (qui requièrent une transfusion toutes les trois semaines), les opérations chirurgicales, les accidents de circulation qui ne cessent d’augmenter, etc. Toutes ces situations font qu’il y a un besoin accru en produits sanguins.

Le docteur Bouisk précise que le Centre régional de Casablanca travaille sur deux stratégies pour palier au problème : une stratégie fixe et une stratégie mobile. La stratégie fixe est naturellement la réception des donneurs qui se présentent au centre chaque jour du lundi au samedi. Le centre est en train de rapprocher ce service de la population, par l’établissement d’unités de prélèvement de proximité, et des maisons de don de sang dans les préfectures, jusqu’à présent, une unité de don a été établie à la place des Nations Unies au centre-ville de Casablanca, et une maison de don de sang à la préfecture de Ben M’sik. L’ouverture d’une nouvelle unité est également prévue dans les prochaines semaines à Hay Moulay Rachid. Pour la stratégie mobile, le centre a mis en place une unité mobile de prélèvement sanguin.

Ces stratégies font en sorte de rapprocher le service du don de sang de la population, de manière à ce que les donneurs n’aient pas à se déplacer jusqu’au centre. Parallèlement, le centre a noué des partenariats avec des associations, pour que chacune d’elle parraine un site de prélèvement, ce qui est un point positif, les associations étant bien rodées dans l’organisation et la sensibilisation quant aux dons de sang.

Si des efforts sont faits du côté du centre, la garantie, pour un stock de sang suffisant et capable de répondre au besoin, reste celle des donneurs. Au final, c’est à la population de prendre en compte l’importance d’une telle action humanitaire, et ainsi contribuer à sauver des vies.



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