Sahara: Le rapport de Ban Ki-moon en 7 points
Avec plusieurs jours de retard, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a présenté son rapport sur la situation au Sahara au Conseil de sécurité. Les points saillants.
1. Pourquoi ce rapport ?
Ce rapport annuel est soumis au Conseil de sécurité en conformité avec la résolution 2218, votée en avril 2015, permettant de prolonger la mission de la MINURSO jusqu’à avril 2016. Le rapport présente la situation sur le terrain et fait le point sur les avancées dans les négociations politiques pour mettre fin à ce conflit, ainsi que l’action du SG de l’ONU et son émissaire spécial sur ce dossier. Ce rapport est publié depuis le cessez-le-feu déclaré sous l’égide de l’ONU en 1991. Cette année, il est publié dans un contexte particulier marqué par les fortes tensions entre le SG de l’ONU et le Maroc.
2. Ban Ki-moon présente-t-il des excuses au Maroc ?
Au sujet de ses déclarations formulées lors de sa visite dans la région, Ban Ki-moon se garde bien de présenter des excuses. Au contraire, il «regrette que le gouvernement du Maroc ait choisi de renoncer à demander des précisions par la voie diplomatique». Et de renchérir: «Mes paroles et mes actions n’expriment pas d’hostilité au royaume, ou signalent tout changement dans l’approche de l’ONU».
3. Quelle est la situation dans les camps de Tindouf ?
«La vie publique et les activités sociales étaient menées pacifiquement et dans une atmosphère relativement calme», note le rapport onusien suite à la visite datant de mars 2016. Les conditions de vie difficiles de la population à Lahmada, déjà affectées par une baisse continue de l’aide humanitaire, se sont «détériorées» en octobre 2015 à la suite d’inondations inédites. Les cinq camps ont été touchés. L’étendue des dommages a incité le HCR, l’UNICEF, l’OMS et le Programme alimentaire mondial à lancer un appel urgent pour récolter 19,8 millions de dollars en vue de faire face à cette catastrophe naturelle. Le rapport du SG de l’ONU a omis d’évoquer les détournements des aides destinées aux populations des camps. Des trafics qui font l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays de l’Union européenne (leseco.ma). Il promet de tenir une conférence des donateurs au profit des réfugiés.
4. Quelles sont les conséquences de la réduction des effectifs sur la MINURSO ?
Le 20 mars, 84 membres de la MINURSO et trois observateurs de l’Union africaine quittent Laâyoune à la demande expresse du Maroc. Ban Ki-moon est inquiet pour l’avenir de cette mission. «La réaffectation temporaire du personnel de la MINURSO de Laâyoune vers Las Palmas a gravement affecté sa capacité à poursuivre ses fonctions», s’alarme le SG de l’ ONU. Et d’ajouter: «Au-delà de l’impact opérationnel, le retrait de la composante civile internationale a gravement compromis la capacité de la Mission à exécuter le mandat établi par le Conseil de sécurité».
5. Quelle est son évaluation de la situation des droits humains ?
En matière de droits humains, le Maroc réalise «des progrès». Le royaume a permis la visite de plusieurs rapporteurs des Nations Unies, la dernière en date étant celle en charge du droit à l’alimentation. Le rapport revient sur les efforts du Maroc, via le CNDH, pour garantir le recours et le traitement des plaintes dans les antennes régionales de cette instance. En revanche, le rapport évoque «un recours à une force excessive ou inutile dans la répression des manifestations». Le Maroc a répondu à ces allégations que «le droit de réunion est garanti, sauf si ses actions sont jugées troublant l’ordre public». D’ailleurs, un grand nombre de manifestations a eu lieu sans incident au cours de la visite de membres du Conseil onusien des droits de l’Homme au Sahara.
6. Quels sont les dangers à surveiller l’année prochaine ?
Le SG de l’ONU décline les dangers à surveiller pour la prochaine année. «Le risque d’une rupture de la trêve et la reprise des hostilités, avec le danger d’une guerre à grande échelle, va croître de manière significative dans le cas où la MINURSO est contrainte de partir ou se trouve incapable d’exécuter son mandat», prévient Ban Ki-moon. Le contexte régional constitue un élément à surveiller, selon le SG de l’ONU. La situation actuelle peut être exploitée par les groupes terroristes actifs dans le Sahel et les réseaux de trafic de drogues, dont certains sont actifs déjà dans les camps de Tindouf.
7. Quelle est la suite à donner à ce rapport ?
Depuis 25 ans, la formule revient chaque mois d’avril: «Dans ce contexte, et compte tenu des efforts continus de mon Envoyé personnel, et la poursuite de la mission importance de la MINURSO, je recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de MINURSO pour une période supplémentaire de 12 mois, jusqu’au 30 avril 2017». Le Conseil devrait répondre par l’affirmative à cette requête. La nouvelle résolution des 15 membres du Conseil devrait clarifier le nouveau statut de la MINURSO et son financement.