Maroc

Le Maroc peaufine sa contre-attaque

Une forte mobilisation des deux chambres du Parlement pour mener une contre-attaque diplomatique, qui pourrait être le prélude d’autres actions sur le terrain. Une réaction unanime pour activer les mesures de représailles aux provocations des séparatistes.

Face au laxisme de l’ONU devant les agissements des séparatistes, la diplomatie marocaine compte user de tous les moyens légaux pour les  contraindre  à abandonner la tactique du fait accompli qu’elle a menée depuis des mois sur le territoire marocain. Le chef de la diplomatie ainsi que le ministre de l’Intérieur se sont déplacés au Parlement pour se réunir avec deux commissions permanentes au sujet des dernières évolutions de la question de l’intégrité territoriale. Les deux responsables ont exposé devant les députés et les conseillers l’état des lieux actuel qui menace le cessez-le-feu de manière unilatérale. «Les adversaires de l’intégrité territoriale ont changé leur plan et ont fait de l’occupation de la terre une réponse face à l’échec qu’ils ont rencontré au niveau diplomatique», a indiqué Lahbib El Malki à l’issue de cette réunion avant d’insister sur «la résistance du Maroc devant cette présence injustifiée». La même attitude d’intransigeance a marqué aussi l’attitude du président de la 2e Chambre. «On ne peut pas tolérer les derniers agissements provocateurs du Polisario», a-t-il noté. Pour accompagner les efforts de l’Exécutif, les élus ont mis en avant la nécessité d’avoir «une vision anticipative stratégique», qui est inscrite dans la durée. Sans aller jusqu’à mettre en cause la responsabilité de l’instance onusienne dans l’escalade de la tension, les élus ont appelé à ce que l’ONU assume ses responsabilités et de mener une action diplomatique, non pas d’apaisement, mais pour attirer l’attention sur la gravité des actes commis par les séparatistes sur le sol marocain. En ligne de mire des membres des deux chambres figure surtout l’unanimité des partis politiques sur les mesures à prendre dans l’optique de dissuader lesdits séparatistes à ne pas franchir d’autres pas dans leurs manœuvres, qui ciblent le contenu de l’accord militaire numéro 1 conclu avec les forces de maintien de paix onusiennes durant le mandat 2016-2017.

Un virage décisif
La menace que fait peser le Polisario sur la solution politique prônée par l’ONU est bien réelle. Les détails apportés aux parlementaires laissent en effet envisager un climat tendu tout au long de ce mois d’avril, qui coïncide avec le vote de la résolution onusienne. Un épisode semblable a été vécu par les Marocains lors de la visite de l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en mars 2016 et qui avait pour effet d’altérer le rôle partial de l’organisation internationale. Concernant l’étape actuelle, le durcissement de la position du Maroc découle essentiellement de son souci de sauvegarder l’option de la négociation sur la base du plan d’autonomie et des résolutions antérieures du Conseil de sécurité. Deux exigences sont demandées et concernent successivement le recensement des populations et le détournement des aides humanitaires destinées aux séquestrés des camps. D’ici le vote de la nouvelle résolution, la machine diplomatique sera orientée vers la prorogation dans les mêmes termes que ceux adoptés depuis l’ouverture des pourparlers de Manhasset en 2008, essentiellement la non intégration des questions liées aux droits de l’homme dans les provinces du sud dans les conclusions finales du rapport onusien.


Jaouad Kerdoudi
Président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI)

Je pense que le Maroc choisira la voie diplomatique, comme il l’a toujours fait, en faisant pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU, pour que ce dernier oblige le Polisario à se retirer de la zone tampon. En effet, ce dernier n’a pas le droit de s’installer dans cette zone ni de demander à l’envoyé spécial au Sahara de visiter Bir Lahlou que les séparatistes considèrent comme leur capitale. Diplomatiquement, le Polisario s’affaiblit vis-à-vis de la société mondiale en violant les résolutions onusiennes qui font de Guergarate, une zone démilitarisée. Ceci dit, bien que les partis politiques poussent vers une solution extrême, je pense que le gouvernement fera preuve de retenue tout en investissant les voies légales. Par ailleurs, d’après le draft du rapport du Conseil de sécurité, relayé par la presse dans l’attente de la version officielle, plusieurs points positifs profitent au Maroc. Il s’agirait notamment du respect du leadership exclusif de l’ONU dans l’affaire du Sahara, du fait que l’arrêté de la Cour de justice européenne ne soit pas mentionné dans le rapport, de l’appel au Polisario à se retirer de la zone tampon, de la suppression de la possibilité du référendum et de l’appel à l’Algérie de s’impliquer dans le processus de paix».

Nabil Benabdellah
SG du PPS

La réunion que nous avons tenue dimanche avec le chef de gouvernement et les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères a porté sur les derniers développements de notre cause nationale, notamment après les provocations répétées et incessantes de la part du Polisario pour essayer d’invertir les rapports de force et de créer une situation de fait dans la zone tampon. Et ce à travers une occupation de ce territoire qui fait partie de notre sol national. Après les explications multiples qui ont été données, j’ai exprimé, dans le cadre de la discussion générale qui s’en est suivie, les positions claires du Parti du progrès et du socialisme à cet égard. J’ai notamment appelé à la plus grande fermeté et à une forte détermination dans le traitement de ces provocations et la réponse adéquate qui doit y être apportée. J’ai aussi souligné qu’il ne pouvait être question que les rapports de force sur le terrain soient inversés et qu’il était inadmissible que des portions de la zone tampon puissent être occupées par le Polisario et ceux qui le soutiennent. J’ai insisté sur la nécessité de conforter l’unanimité nationale pour une réponse nationale et populaire vigoureuse à ces provocations. J’ai enfin insisté sur le fait que cette unanimité doit être renforcée à travers la consolidation du front intérieur et la relance du processus de réforme et de démocratisation dans notre pays et à travers une impulsion nouvelle à notre économie nationale et à l’action, pour une plus grande justice sociale et spatiale. C’est ainsi que nous pouvons mobiliser encore plus le peuple marocain pour défendre sa souveraineté.


Les options du Maroc

La diplomatie marocaine n’accordera aucune concession durant cette étape. C’est le message lancé par les élus lors de leur réunion avec le chef de la diplomatie marocaine, avec une consolidation de la position militaire du Maroc dans les zones menacées. Tout en assurant un plein respect aux accords militaires conclus avec la MINURSO, le Maroc ne devra exclure aucune hypothèse dans sa réaction, qui dépendra de l’attitude des séparatistes à respecter leurs engagements. L’aboutissement à une solution qui s’inscrive au sein de la souveraineté pleine et entière du Maroc reste une position immuable, confortée par un engagement fort qui a été formulé par le roi pour la réalisation du modèle de développement propre aux provinces du sud. Enfin, concernant la prochaine étape de la supervision par l’instance onusienne du processus de résolution du conflit, ce sont 4 règles qui devront primer pour la diplomatie marocaine. «Aucun règlement de l’affaire du Sahara n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara et en dehors de l’initiative d’autonomie», de même que le fait que les expériences passées «devraient permettre de méditer sur une évidence : le problème n’est pas tant de trouver une solution à cette affaire mais plutôt d’arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir».



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