Le Maroc et le Mali accordent leurs violons
Un mémorandum d’accord a été signé à Bamako pour le partage d’expériences. La signature de cet accord intervient dans un contexte global où le royaume est devenu un acteur incontournable de la sécurité de la zone sahélo-saharienne.
Incontournable en matière de flux migratoires, l’axe Rabat-Bamako est en voie de consolidation. En effet, un mémorandum d’entente de coopération en matière de gestion des politiques migratoires entre le Maroc et le Mali a été signé lundi à Bamako par le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq et le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’intégration africaine, Yaya Sangaré. Le texte vise à mettre en place un cadre de coopération entre les deux pays qui permet d’une part le partage des acquis et des expériences dans le domaine de la gestion des affaires des communautés résidant à l’étranger et d’autre part leur mobilisation pour le développement des deux pays. Le premier axe de ce mémorandum permettra le partage des programmes relatifs à l’organisation et à l’encadrement de l’émigration internationale (flux sortants, protection des droits des émigrés et conventions bilatérales en lien avec l’émigration). Il s’agit aussi du partage des expériences en matière d’encadrement des associations opérant en faveur des migrants résidant dans les pays d’accueil, de l’échange des acquis en matière de mobilisation des compétences et leur contribution dans le développement du pays d’origine notamment dans le cadre de la coopération décentralisée ainsi que la coordination et l’échange en matière de transfert de fonds, d’épargne, de création d’emplois et d’opportunités d’investissements. Le second axe vise quant à lui à renforcer le partenariat entre les deux pays dans le cadre de la coopération pour une meilleure intégration éducative, culturelle et sociale des communautés marocaines et maliennes à travers notamment l’échange des besoins réciproques en métiers porteurs afin d’orienter la formation des jeunes et faciliter leur intégration sur le marché du travail. Il s’agit également de la mise en place d’un programme d’appui aux étudiants en fin de cycle dans les deux pays en facilitant l’acquisition des expériences par des stages en entreprises ou dans l’administration publique ainsi que l’offre de conditions propices pour une meilleure intégration des communautés respectives à travers la garantie des droits fondamentaux et le respect des devoirs et des lois du pays de résidence.
Faire face aux défis régionaux
La signature de cet accord intervient dans un contexte global où le royaume est devenu un acteur incontournable de la sécurité de la zone sahélo-saharienne, une région livrée depuis quelques années à une instabilité chronique et surtout à une menace climatique de plus en plus pesante. Pour ôter cette épée de Damoclès, un plan d’investissement de près de 400 milliards de dollars étalé sur la période 2019-2030 pour réduire l’impact du dérèglement climatique sur le Sahel en termes de désertification et d’instabilité a été signé à Niamey par la commission climatique instituée sous l’impulsion du roi Mohammed VI. Il faut en effet garder à l’esprit que les changements environnementaux et les catastrophes naturelles ont toujours été des facteurs déterminants dans le processus de migration. De plus, du fait du changement climatique, le réchauffement global est aujourd’hui un fait (+0,85 °C au cours de la période 1880-2012) provoquant des dégradations progressives des écosystèmes tandis que les phénomènes météorologiques extrêmes gagnent en fréquence et en intensité. Ces deux catégories de phénomènes – à déclenchement lent ou soudain – impactent la vie des populations de différentes manières : réduction ou disparition complète des moyens de subsistance, nécessité de fuir face à une catastrophe soudaine, impacts sur la santé sur le long terme, etc. La décision ou l’obligation de migrer est souvent liée à de nombreux facteurs dont il est souvent difficile d’isoler les facteurs climatiques et environnementaux. Même si l’on manque d’estimations exhaustives sur les migrations environnementales actuelles ainsi que de données projectives, les études existantes menées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) démontrent que de nombreux individus et foyers sont déjà contraints ou choisissent de migrer de manière interne ou transfrontalière pour faire face à ces phénomènes.