Maroc

Le marché «contre» la liquidation

Un sondage online exclusif de Flm pour «Les Inspirations ÉCO» fait ressortir qu’une majorité est opposée à la liquidation de la Samir. Des craintes qui restent justifiées.

85% des 316 internautes qui ont répondu à la question de Flm, sont opposés à la liquidation judiciaire de la Samir contre 15% qui y sont favorables. En introduction, notons que le Tribunal de commerce de Casablanca a décidé, le 21 mars dernier, la mise en liquidation judiciaire de la Samir dans trois mois. L’appel de la Samir n’étant pas suspensif, le raffineur est géré maintenant par un Syndic et un juge-commissaire nommés par le tribunal. Cette question de la liquidation pourrait être posée selon deux angles. Le premier est celui des dégâts causés par une liquidation judiciaire. Le deuxième est celui de l’existence d’une alternative.

Les OPCVM réagissent
Concernant les dégâts au niveau de la Bourse, sur une demande fort probable de l’AMMC, la société gestionnaire devrait procéder à la radiation des valeurs inscrites à la cote car les statuts prévoient cette issue pour toute personne morale qui fait l’objet d’une mise en liquidation. Ce fût déjà le cas de General Tire Maroc en 2003. Aujourd’hui, les minoritaires attendant toujours un boni de liquidation. Justement, cette radiation risque d’être une perte sèche pour les petits porteurs, le flottant étant estimé à 500MDH, soit autant de pertes certaines pour les actionnaires minoritaires. Pour le marché financier, l’addition ne s’arrête pas aux actions car la masse obligataire détenant 800MDH, qui n’a pas été honorée risque de voir son investissement passer à la trappe si la vente des actifs ne boucle pas le remboursement des dettes prioritaires. D’ailleurs, certains OPCVM semblent déjà donner une valeur nulle aux obligations Samir détenues. Pour les banques et les autres créanciers financiers, au 30 juin 2015, la dette nette culminait à 21,7 MMDH. L’État joue aussi gros au vu des 13MMDH réclamés par l’Administration des douanes et des impôts indirects.

Des craintes justifiées
Au niveau socio-économique, un scénario catastrophe est à craindre en cas de liquidation avec dépeçage et une reprise hachée par lots, les uns rachetant les capacités de stockage, les autres démantelant l’usine, les autres participations étant aussi vendues aux enchères. Ce scénario mettrait des milliers de salariés dans la rue et signerait la fin de l’activité de raffinage de pétrole au Maroc. Ainsi, au niveau du chapitre des dégâts d’une liquidation, les internautes ont raison de la craindre, surtout vu l’étendue des dégâts. Pour la question de l’alternative à la liquidation judiciaire, le redressement judiciaire mérite l’étude. En effet, en année normale (2012 et 2013), la Samir a dégagé un EBITDA compris entre 682MDH et 1.046MDH, ce qui peut permettre théoriquement un apurement des dettes en cas de rééchelonnement. Aussi, cette option a l’avantage d’amener Corral à mettre la main à la poche et à assumer ses responsabilités. 


 

Farid Mezouar
Directeur général de FL Markets

Il faut trouver un terrain d’entente

Les Inspirations ÉCO : Peut-on être favorable à la liquidation de la Samir ?
Farid Mezouar : Il est clair qu’en absence de déblocage de l’entrée de pétroliers approvisionnant la Samir en brut, ainsi que de la poursuite de la saisie des comptes, la filiale de Corral pouvait difficilement rester dans une situation de statu quo. Toutefois, la situation pouvait très bien être débloquée si Al-Amoudi et la Douane s’entendaient sur un échéancier de remboursement.

Quelles sont les issues possibles ?
En cas de maintien de la liquidation judiciaire, nous pouvons espérer la reprise de la raffinerie par l’État ou par des distributeurs. Toutefois, il est fort probable que Corral revienne à la charge en cas de liquidation judiciaire en demandant un arbitrage international. De plus, dans sa lettre adressée au chef du gouvernement, Al-Amoudi imputait ses difficultés au niveau de l’État tout en rappelant son apport à l’industrie locale du raffinage. 


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