La reprise du tourisme marocain serait-elle durable?
38% des 672 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm sont confiants dans une reprise durable du tourisme marocain. À l’inverse, 62% des sondés en ligne ont affiché une opinion contraire avec un manque de confiance dans la reprise du tourisme national. Cette question du titre de notre analyse est d’autant importante que le tourisme est une source importante de devises pour le Maroc. À ce titre, à fin août 2017, les recettes de voyages ont atteint 46,7 MMDH, ce qui a permis de couvrir près de 37% du déficit commercial.
Aussi, le tourisme mondial représente 7% des exportations de biens et services, un chiffre en hausse de 1 point de pourcentage par rapport à 2015. De même, le secteur croît plus rapidement que le commerce international a cru durant les 5 dernières années. Concernant la reprise du tourisme au Maroc, selon les données de l’Observatoire du tourisme, sur les 7 premiers mois de 2017, les arrivées ont atteint 6,5 millions de touristes en progression de 8% par rapport à la même période en 2016. Cette reprise est portée par une hausse de 13,5% des arrivées de touristes étrangers car la progression de celle des MRE n’a été que de 3%. Concernant les nuitées, celles-ci ont enregistré une hausse de 17% par rapport à la même période de 2016 avec une croissance de 21% pour les touristes non-résidents et de 9% pour les résidents. Aussi, le taux d’occupation jusqu’à fin juillet 2017 a atteint 41%, en amélioration de quatre points par rapport à la même période de 2016. Un autre point plaide pour la reprise du tourisme car au vu des statistiques par ville, en dehors d’El Jadida/Mazagan (-1% des nuitées), toutes les villes ont profité de la reprise touristique en 2017. Ainsi, les nuitées ont augmenté de 20% à Marrakech, de 16% à Agadir, de 14% à Casablanca, de 26% à Tanger, de 38% à Fès et de 10% à Rabat et Oujda/Saïdia.
Ainsi, pour ceux qui pensent à une reprise durable, nous pouvons nous rappeler des nombreux accords conclus dans l’aérien avec des liaisons directes vers les différents marchés émetteurs. D’ailleurs, dans une tribune récente, Thomas Reilly, l’ambassadeur britannique au Maroc a indiqué sa confiance dans la poursuite de la reprise touristique notamment en raison de l’augmentation des vols internationaux reliant le Maroc à d’autres destinations mondiales. Au passage, l’ambassadeur souhaite porter le nombre de touristes britanniques de 610.000 actuellement à un million par an en 2020. Aussi, les accords avec certains TO ont donné leurs résultats comme le montre la hausse de 51% des nuitées des Allemands. De même, la saturation de l’Espagne a pu certainement orienter une partie de la clientèle internationale vers le Maroc.
Enfin, l’amélioration de la sécurité en Tunisie a dû rejaillir sur toute la destination Maghreb. Par ailleurs, le potentiel marocain est bien là car à titre d’exemple, le Maroc a accueilli en 2016 10,2 millions de touristes pour 6,3 MM$ de recettes. En comparaison, la Tunisie c’est 5,7 millions de touristes pour 1,2 MM$ de recettes. Aussi, l’Égypte n’a accueilli en 2016 que 5,3 millions de touristes pour 2,6 MM$ de recettes. De plus, en termes de benchmark faisable, la Croatie a accueilli en 2016, 13,8 millions de touristes pour des recettes de 9,6 MM$. Pour ceux qui sont un peu plus sceptiques, le Travel & Tourism Competitiveness Index 2017 du World Economic Forum, constitue une bonne base de comparaison et d’évaluation de la destination Maroc. Ainsi, le royaume est à la 65e place sur 136 pays, en recul de 3 places par rapport à 2015, quand la Croatie est par exemple classée au 32e rang. Sans surprise, les atouts relatifs du Maroc sont ses ressources culturelles et naturelles (41e place mondiale). Concernant les infrastructures, le Maroc est à la 68e place quand un bon point est accordé à la sécurité (20e rang). Aussi, la compétitivité en termes de prix place le royaume à la 47e place. Les points noirs à améliorer sont les ressources humaines (117e place) et la soutenabilité de l’environnement (107e rang) ainsi que l’ouverture à l’international (91e place).
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Est-ce que le tourisme national a atteint un plafond de verre ?
Farid Mezouar : Non, car malgré les efforts faits en termes de diversification de marchés émetteurs, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne représentent 52% des nuitées générées par les touristes étrangers. Aussi, dans le Top 10 des dix plus grands marchés émetteurs en termes de recettes, 5 ne sont pas dans notre Top 10 comme la Chine, le Canada, l’Australie, la Corée du Sud ou Hong Kong. Il en est de même pour la comparaison avec la Tunisie qui accueille 1,8 million de touristes algériens. Aussi, l’archipel des Canaries a reçu 15 millions de touristes en 2016, donnant une idée sur le potentiel intrinsèque.
Comment alors booster le tourisme marocain ?
Il s’agit tout d’abord de maintenir les acquis notamment au niveau de l’aérien et du soutien à la création de nouvelles capacités. Ensuite, nous pouvons évoquer la duplication des réussites actuelles du tourisme national. Ainsi, Marrakech peut être dupliquée à Fès ou à Meknès par exemple quand Agadir peut l’être à Tanger. Enfin, l’essor du tourisme nécessite une volonté collective notamment en termes de qualité de services, de bienveillance envers les touristes ainsi qu’une politique volontariste des villes touristiques, notamment en termes de propreté, de sécurité et de transport.