L’or, véhicule de placement ?
L’or a toujours constitué une valeur refuge de prédilection. Bien que 76% des 623 internautes sondés par Flm s’y intéressent, les options pour l’investir ne sont pas légion. Les 24% qui n’y sont pas favorables produisent aussi de solides arguments.
76% des 623 internautes ayant répondu au sondage online de Flm sont prêts à s’exposer financièrement à l’or. À l’opposé, 24% des sondés ne sont pas prêts à investir dans le métal jaune. En effet, l’or constitue une classe d’actifs à part entière, vu son statut de valeur refuge parmi les plus anciennes de l’histoire mondiale de la finance. Malgré les progrès techniques, la production de métal jaune demeure limitée avec un TCAM de près de 2% sur les 30 dernières années. D’ailleurs, malgré la hausse des taux de la FED, les craintes géopolitiques avec Trump, le Brexit, la Syrie, la Corée du Nord et le risque de Frexit (sortie de la France de l’Union européenne) ont remis l’or au cœur du statut de valeur refuge. Ainsi, depuis fin 2016-début 2017, l’or réalise une bonne performance, dépassant celle des autres classes d’actifs avec un cours de près de 1.280 dollars/Oz. Depuis fin décembre, le cours de l’or affiche une hausse de 10,2%. Cette performance atteint 17,7% depuis début 2016. Sur 10 ans, la hausse du cours de l’or atteint désormais 85%. Aussi, en avril, la hausse du cours de l’or est de près de 3%. En plus des peurs géopolitiques, cette hausse des cours s’explique aussi par l’accumulation progressive des réserves d’or par la Russie et les pays émergents. À titre d’exemple, en 2016, la Chine, la Russie et l’Inde détenaient un stock d’or de respectivement 1.842, 1.615 et 558 tonnes. Ces stocks sont en hausse de, respectivement, 4,5%, 14,2% et 0,2%. Surtout, les ETF (fonds indiciels sur l’or) sont en forme comme le montre l’encours de 2.251 tonnes, plus que le stock de la Chine ou de la Russie.
Aussi, en 2016, la demande des ETF a augmenté de 660 tonnes, étant le principal driver de la demande qui a augmenté de 2% en 2016. Justement, en plus des ETF, il existe grosso modo deux autres manières de s’exposer à l’or. La première et la plus ancienne au Maroc est celle de l’achat de bijoux en or, les moins sophistiqués possibles pour une meilleure indexation à l’évolution du cours du métal de jaune. La deuxième manière d’exposition à l’or est celle de l’achat de titres de sociétés minières qui détiennent des mines d’or. Au Maroc, Managem a signé une convention minière en Guinée concernant le projet aurifère Tri-K. Cette convention prévoit un investissement de 100 millions de dollars avec une production cible de 100.000 onces d’or par an. La première production commerciale est prévue pour fin 2019. Aussi, à terme, Managem aspire à atteindre en 2020 une production aurifère de 250.000 onces par an. En effet, en plus de la Guinée, Managem compte développer des permis de recherche, détenus dans plusieurs pays africains comme le Soudan ou le Mali. Quant aux ETF, en dehors des institutionnels qui ont la possibilité d’investir une partie de leurs actifs en devises, les particuliers n’ont pas encore accès à ces fonds indiciels indexés sur des matières premières ou des indices.
Au niveau des particuliers, une exception existe au niveau de ceux qui ont bénéficié de l’amnistie contre une contribution libératoire, ce qui leur a permis de conserver des avoirs en devises avec la possibilité d’investir dans des ETF indexés sur l’or. Pour ceux qui sont moins enthousiastes au niveau de l’investissement dans l’or, deux explications peuvent être avancées. La première est celle de l’absence de rendement car l’or ne donne pas de coupon d’intérêt ou de dividende. Ainsi, pour dégager des flux, l’investisseur est obligé de vendre une partie de son portefeuille. La deuxième explication est celle de la difficulté d’investissement dans l’or au Maroc, en dehors de la joaillerie ou des sociétés minières exposées au métal jaune.
«L’or est une classe d’actifs à part»
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Faut-il investir dans l’or ?
Farid Mezouar : Tout dépend du profil risque-rentabilité recherché pour le portefeuille car l’or est une classe d’actifs à part, qui offre le statut de valeur refuge à mi-chemin entre une monnaie et un actif physique. L’or est à privilégier en cas de peur de dépréciation de la monnaie locale, de crainte d’hyperinflation ou de graves tensions géopolitiques.
Quel est votre conseil pour l’exposition à l’or ?
Pour ceux qui ne peuvent pas acheter des ETF/Fonds indiciels sur l’or, l’achat d’actions de minières exposées au métal jaune est une bonne option. Ainsi, en plus de Managem que nous avons citée, SMI offre aussi une alternative car le cours du minerai de l’argent est souvent corrélé à celui de l’or avec une élasticité qui peut varier. Naturellement, l’achat de joaillerie est aussi une option, mais elle n’est pas adaptée à l’investissement professionnel à cause des problèmes de sécurité de stockage, de liquidité et/ou de valorisation.