Maroc

L’heure est aux concessions!

Près de trois semaines après le lancement du round du dialogue social, les négociations autour des points de discorde, dont l’amélioration des revenus, s’annoncent ardues. Les priorités des trois commissions du dialogue social sont désormais tracées. 

Le gouvernement et les partenaires sociaux et économiques vont-ils parvenir à sceller un accord avant le 1er mai, comme voulu par Saâd-Eddine El Othmani? Visiblement, les syndicats n’y croient pas trop. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des déclarations de certains dirigeants syndicalistes contactés par les Inspirations ÉCO. En dépit de leur scepticisme, les partenaires sociaux tiennent à aller jusqu’au bout des négociations tripartites dans l’espoir de pouvoir satisfaire quelques points de leur cahier revendicatif, demeuré inchangé depuis des années. «Il ne faut pas laisser passer cette occasion de dialogue social pour prendre le maximum et pouvoir sortir avec un accord concret qui tarde à voir le jour», souligne la parlementaire au groupe de l’Istiqlal à la Chambre des conseillers et dirigeante à l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Khadija Zoumi.

Jusque-là, les contours de l’accord qui devra être signé avant la fête du travail ne sont pas encore dessinés. Les trois commissions ont essayé, de prime abord, de rapprocher les points de vue autour des points prioritaires à négocier. Le compte à rebours est enclenché, et il ne reste pas beaucoup de temps pour passer en revue toutes les doléances syndicales. Les centrales syndicales misent sur l’amélioration des revenus qui est érigée en priorité et à laquelle est dédiée l’une des trois commissions thématiques du dialogue social. Les syndicats ne comptent pas lâcher du lest sur ce dossier, et ce dans l’espoir de redorer leur blason et de faire renaître la confiance perdue dans l’échiquier syndical. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils insistent sur l’augmentation salariale, l’allègement de la fiscalité sur les salariés ainsi que l’augmentation des montants des allocations familiales qui sont dérisoires. Le bras de fer s’annonce serré sur cette question qui exige un effort financier de la part du gouvernement. Le dialogue social risque de buter sur cette éternelle doléance. L’Exécutif va-t-il cette fois-ci pouvoir répondre à cette requête pour faire aboutir le dialogue social? Rien n’est moins sûr. Le gouvernement a minutieusement étudié l’ensemble du cahier revendicatif des centrales syndicales les plus représentatives et l’a chiffré. Le message est on ne peut plus clair: il s’avère impossible pour l’Exécutif de dire oui à toutes les doléances syndicales. Trois scénarios ont été établis par le gouvernement, selon Zoumi: le premier se chiffre à 28 MMDH, le second à 14 MMDH et le troisième à 10 MMDH. Le gouvernement espère que les syndicats réviseront leurs requêtes à la baisse pour les contenir dans une fourchette ne dépassant pas les 5 à 6 MMDH, afin que le gouvernement puisse les satisfaire. Les centrales syndicales doivent ainsi faire le calcul pour venir avec des propositions concrètes lors de la réunion, prévue la semaine prochaine, de la Commission de l’amélioration des revenus. Alors que les syndicats demandent une augmentation générale des salaires d’au moins 500 DH, l’Exécutif, lui, ne semble pas être prêt à concrétiser cette doléance, étant plutôt disposé à augmenter les salaires des fonctionnaires qui ne dépassent pas les 5.500 DH. En ce qui concerne les allocations familiales, les syndicats qui plaident pour une augmentation de 300 DH sont appelés à faire des concessions en réduisant ce montant à 100 DH. Le gouvernement serait aussi prêt à porter la prime de naissance à 1.000 DH. Les syndicalistes demeurent sceptiques. «Le plafond proposé par le gouvernement n’est pas suffisant. Il faut, ainsi, cibler les plus démunis dans le cadre de la solidarité», indique Zoumi.

Pour sa part, Abdelkader Zair, SG adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), ne décolère pas : «le gouvernement lance un ballon d’essai pour nous embrouiller. L’augmentation générale des salaires s’impose. Il est difficile de faire des concessions sur cette doléance». Même le secteur privé est appelé par les partenaires sociaux à faire des efforts en la matière. Mais,   il est difficile d’arracher un consentement au patronat qui brandit  la carte de la nécessité de sauvegarder la compétitivité des entreprises. À la veille des élections pour la présidence de la CGEM, la patronne des patrons, Miriem Bensalah Chaqroun, serait-elle capable de prendre une telle décision? Les syndicats en doutent. Au sein de la Commission du secteur privé, la CGEM tentera de peser de tout son poids pour avancer sur le volet législatif, notamment sur la question de la flexibilité du travail et de l’accélération du processus d’adoption du projet de loi organique sur la grève, gelé à la Chambre des représentants depuis son transfert par l’ancien gouvernement. Les partenaires sociaux refusent d’entamer le débat au sein de l’institution législative sur cette question avant de trouver un terrain d’entente dans le cadre du dialogue social. Les négociations au sein de la Commission du secteur privé s’annoncent, ainsi, ardues. La dernière réunion a été consacrée à une présentation de l’état des lieux des conventions collectives, dont le nombre reste très limité. Les syndicats veulent discuter la manière de remédier à ce déficit dont les causes sont connues, souligne le dirigeant syndicaliste à l’UGTM Lahcen Hansali. Le volet des conventions collective est l’un des quatre axes prioritaires de la Commission du secteur privé qui doit accélérer la cadence pour parvenir à un accord sur l’épineux dossier des libertés syndicales, de la protection sociale et de la législation de discorde, dont la réforme du Code de travail.   



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