L'invité des ÉcosMaroc

Investissement et export : la compétitivité comme mot d’ordre !

Invité des ÉCO, le 22 mai dernier, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a joué le jeu des questions-réponses sans concession. Parmi les multiples points abordés, figuraient aussi la dynamique des investissements, la place des PME-TPE et l’énorme potentiel du Made in Morocco.

La dynamique économique du Maroc nourrit globalement le satisfecit du ministre de l’Industrie et du commerce. Ryad Mezzour se félicite en effet des effets de la stratégie à long terme adoptée par le pays, sous l’impulsion des Hautes instructions royales, qui a permis la création de zones industrielles à guichet unique pour attirer des «investisseurs de classe mondiale». Il estime, chiffres à l’appui, qu’un palier a été atteint dans la production marocaine de valeur ajoutée : elle était de 60 milliards de dirhams en 2002, elle dépasse aujourd’hui les 200 milliards. 85% des exportations sont dorénavant des produits manufacturés, ajoute-t-il.

Ces chiffres comprennent les fertilisants : 90% de la valeur des exportations phosphatées sont manufacturées. Le Royaume est donc en train de s’extirper de la «malédiction» du Sud, trop longtemps cantonné, depuis la révolution industrielle, dans le seul rôle de fournisseur de matières premières. Ceci, d’autant plus que l’expérience accumulée dans l’aéronautique fait du pays «le 20e ou 19e au monde» dans le secteur et rend envisageable l’objectif d’un avion entièrement assemblé au Maroc d’ici 2030.

De l’aveu même de Ryad Mezzour, un poste clé reste à développer, celui de la formation des ressources humaines. Si son ministère n’est pas le premier concerné, il aura sans aucun doute à y participer. Il n’a donné de précisions à ce sujet que pour les secteurs en tension, où ses collègues de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Transition numérique sont en phase de négociation avancée.

Soutenir le tissu des petites et moyennes entreprises
Un vrai sujet d’inquiétude reste pourtant le découplage entre les (très) bienvenus investissements de géants mondiaux au Maroc et le soutien apporté aux petites et moyennes entreprises. Construire un État social ne pourra passer que par un soutien à la classe moyenne.

Par ailleurs, parmi les pistes évoquées par Ryad Mezzour, le gouvernement travaille, mais ce n’est encore qu’au stade d’étude, au moyen d’associer le petit commerce au commerce électronique. Partant du constat que 30% des revenus des très petits commerçants viennent des recharges téléphoniques, il ajoute que « 80 à 90% des ventes en ligne sont des ventes en post-paiement».

Ce qui a conduit le gouvernement à «travailler pour mettre en place une sorte de tiers de confiance, ou de last mile, au niveau du petit commerçant pour lui permettre de s’associer avec les plateformes et de prendre une commission sur le produit». Il pourrait aussi s’agréger à ces centrales d’achat pour pouvoir s’approvisionner dans des conditions comparables à celles de ses compétiteurs et améliorer son offre. On trouve d’autres indications dans les propos du ministre, lorsqu’il s’exprime sur les idées soutenues par la Banque de projet.

Rappelant l’expérience des réponses créatives et réussies pendant la crise du Covid, «les respirateurs, les masques, etc. qui ont fait la fierté de notre industrie», précise-t-il, Ryad Mezzour a rappelé que sur les 1.700 fiches projets qui avaient été validées par la task force, 80% ont commencé, dont 25-26% relèvent du secteur agroalimentaire.

Il ajoute qu’« aujourd’hui, sur les 30 mois depuis le début du mandat de ce gouvernement, nous avons plus de 2.000 projets validés sur l’ensemble des régions qui sont susceptibles de créer 360.000 emplois, Incha’Allah, d’ici la fin du mandat ou juste un peu après».

Tourner le Made in Morocco vers l’export
Enfin, Ryad Mezzour souligne que 62% des Marocains préfèrent les marques locales. Une amélioration forte, puisqu’il y a 5 ans, c’était à peu près moitié moins. Chez un détaillant, un produit importé avait une valeur commerciale plus importante. Prenant l’exemple du secteur du textile, il avait été remarqué que toutes les gammes, haute, moyenne et économique, se vendaient très bien sur le marché mondial, depuis quelque temps. Un peu avant le Covid, le ministère a connecté ces opérateurs avec les distributeurs locaux. Ils n’avaient pas, auparavant, l’habitude de se parler.

Après quelques balbutiements, c’est désormais le cas, se félicite le ministre. Associé à «quelques mesures de protection contre la concurrence déloyale», «ça commence à donner ses fruits». Les consommateurs marocains ont eux aussi changé leurs habitudes. Or, consommer local, c’est aussi soutenir l’emploi local, se réjouit Ryad Mezzour, qui voudrait que d’autres secteurs suivent. Il s’agira, maintenant, de fabriquer au Maroc des produits manufacturés que le pays importe. Les entrepreneurs pourront s’appuyer sur un marché local existant, avec l’objectif, à terme, de devenir à leur tour exportateurs.

Le confinement a montré que le savoir-faire est là. Et la conjoncture mondiale joue en notre faveur. Les marchés européens, et même américains, cherchent désormais des pays «intermédiaires», tels le Maroc, le Mexique, le Vietnam, etc., pour raccourcir leurs chaînes d’approvisionnement qui se sont révélées un peu trop dépendantes de la seule Chine lors de la pandémie. Or, les infrastructures comme le port de Tanger Med rendent aujourd’hui le Maroc très compétitif.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO


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