Maroc

Industrie pharmaceutique : « Nous avons besoin de fabrication locale »

Le secteur pharmaceutique, considéré comme un maillon fort de l’économie nationale, doit relever de nombreux challenges, dont le plus pressant est d’asseoir une réglementation qui lui octroiera une souveraineté totale.

L’écosystème pharmaceutique du Maroc comprend plus de 60 grossistes répartiteurs, 11.000 pharmacies et 47 sites de productions. Il représente plus de 55.000 emplois (98% de Marocains selon les données de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique), dont plus de 12.000 directs, et affiche un chiffre d’affaires annuel de 15 milliards de dirhams, constituant 1,5% du PIB national et 5,2% du secteur industriel. Les établissements pharmaceutiques industriels du Maroc consacrent 17% de la production à l’export. Avec plusieurs multinationales implantées au Maroc et des unités nationales qui fabriquent une grande partie des médicaments génériques, l’industrie pharmaceutique reste connectée à la chaîne de valeurs mondiale. Le Maroc a également mis en place des partenariats de codéveloppement avec des pays d’Afrique subsaharienne. Des laboratoires ont, en effet, investi dans des unités de fabrications en Afrique ; une manière de contribuer au développement de l’industrie africaine.

Covid-19 : un lourd impact sur le secteur
Dans un contexte mondial marqué par la crise du coronavirus et ses conséquences sur l’économie mondiale en général, et marocaine en particulier, l’industrie pharmaceutique nationale n’échappe pas à la liste des victimes. En effet, ses exportations ont enregistré une baisse de 14,7% passant de 750 millions de dirhams à fin juillet 2019 à 640 MDH, durant la même période de 2020, selon les données de l’Office des changes. «Malgré l’incidence négative qu’a eue la crise du coronavirus sur l’industrie pharmaceutique, celle-ci a poursuivi son activité pour répondre à l’approvisionnement normal du marché», explique Layla Sentissi, directrice exécutive de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (Amip). Elle a ajouté que durant le confinement, certains laboratoires ont enregistré des baisses de chiffre d’affaires, allant de 40% à 50% même si, indique-t-elle, «tous les membres de l’Amip ont préservé leurs emplois et continué leurs activités avec la sécurisation de l’approvisionnement du marché». De fait, certaines matières premières ont vu leurs prix tripler, et le prix du transport multiplié par cinq.

«Mais nous avons pu résister grâce à nos fondamentaux et à l’indépendance de notre industrie pharmaceutique qui date de plus de soixante ans», ajoute Layla Sentissi.

Quant aux exportations, celles-ci ont enregistré des pertes d’environ 200 millions de dirhams dues, notamment, à la fermeture des frontières et aux procédures administratives mises en place pour sécuriser le stock national. Partant du constat que la fabrication locale a considérablement reculé (de 80% à 51%) depuis les années 90 à nos jours, le défi aujourd’hui est surtout d’asseoir une réglementation pour permettre le renforcement de l’industrie pharmaceutique et lui donner l’impulsion nécessaire. «Nous avons besoin de cette fabrication locale pour notre sécurité et notre souveraineté sanitaires», souligne la directrice exécutive de l’Amip avant de conclure : «Je pense qu’en haut lieu, il existe déjà une préoccupation pour la souveraineté du secteur et j’espère que nous aurons l’appui du gouvernement pour accompagner l’industrie pharmaceutique marocaine.» D’ailleurs, rappelons-le, la commission sociale du Nouveau modèle de développement a érigé l’industrie pharmaceutique comme secteur stratégique pour le développement socio-économique au Maroc.

Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco



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