Maroc

Inclusion financière : troisième prêt de la Banque mondiale au Maroc

Pour favoriser l’accès aux services financiers et numériques pour les particuliers et les entreprises au Maroc, le Conseil d’administration de la Banque mondiale vient d’approuver le troisième Prêt de politique de développement (PPD) de 450 mmillions de dollars.

La Banque mondiale renforce son soutien aux réformes du Maroc en matière d’inclusion financière et numérique. Le troisième financement de cette série vient d’être approuvé, dans le but de favoriser l’accès aux services financiers et numériques pour les particuliers et les entreprises. En effet, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé le 31 mars 2023 le troisième Prêt de politique de développement (PPD) de 450 millions de dollars.

Ce prêt vise à développer l’inclusion financière et numérique, en complément des deux financements précédents. Cette série de projets de financement soutient le gouvernement marocain dans la mise en œuvre des réformes visant à améliorer l’inclusion financière, l’entrepreneuriat numérique et l’accès des particuliers et des entreprises aux infrastructures et aux services numériques. Depuis 2018, l’inclusion financière est au cœur des préoccupations politiques du Maroc.

Cette initiative vise à favoriser l’émergence d’opportunités d’emploi et à assurer l’autonomisation économique des ménages, des micros, petites et moyennes entreprises (MPME), des femmes, des jeunes et des populations rurales. L’accessibilité à une gamme variée de services financiers tels que les transferts de fonds, l’épargne, l’assurance et le crédit est essentielle pour aider les populations vulnérables à gérer les risques et à s’adapter aux défis liés au changement climatique. Durant la pandémie de la Covid 19, les services financiers numériques et les institutions de microfinance ont joué un rôle clé dans l’acheminement de l’aide destinée aux ménages, aux entreprises et aux populations isolées.

L’inclusion financière en progression
La progression de l’inclusion financière au Maroc est indéniable. Grâce à cette série de financements, les barrières liées à l’inclusion financière et numérique ont été significativement repoussées. Aujourd’hui, 44 % des Marocains ont accès à un compte bancaire, contre 29 % en 2017, et 30 % d’entre eux utilisent des paiements numériques, contre 17 % en 2017 (Enquête Findex). L’infrastructure des paiements numériques s’est développée, couvrant actuellement 31 % des zones rurales grâce à 19 prestataires de services. La valeur des paiements numériques a connu une hausse considérable, atteignant 2 milliards de dirhams (environ 195 millions de dollars) en 2021. Cette évolution a jeté les bases de la réforme des programmes de protection sociale grâce aux transferts monétaires numériques. La série de financements a également permis le développement de la micro-assurance, du registre des nantissements et des garanties, facilitant ainsi l’accès au crédit pour les MPME.

Favoriser l’accès des femmes
La promotion de l’autonomisation économique des femmes est au cœur des actions entreprises pour favoriser l’inclusion financière. Les mesures mises en place en ce sens ont eu un impact significatif. En effet, la participation des femmes aux conseils d’administration des entreprises cotées en bourse a augmenté de 14,9% en 2019 à près de 20% à la fin de l’année 2022.

De plus, 13,5% des start-ups technologiques dirigées par des femmes ont bénéficié pendant la pandémie de la Covid 19 d’une allocation annuelle en devises étrangères pour faciliter l’importation des biens et services nécessaires à leurs activités. Cependant, des défis importants subsistent, notamment l’écart d’accès aux services financiers entre les hommes et les femmes qui demeure à 25 points de pourcentage. Il est également nécessaire de renforcer l’utilisation et l’acceptation des services financiers numériques par les commerçants.

Pour Jesko Hentschel, directeur Pays pour le Maghreb et Malte à la Banque mondiale, «ce troisième financement s’inscrit dans les recommandations du Nouveau modèle de développement (NMD) qui souligne la nécessité d’un changement de paradigme visant à promouvoir une croissance inclusive et tirée par le secteur privé afin d’améliorer les services publics et de réduire les disparités sociales et géographiques».

Consolidation des réformes initiées par le Maroc
Ce troisième financement vise à consolider les réformes entreprises par le Maroc pour favoriser l’inclusion financière en améliorant l’accès des populations rurales, des femmes, des jeunes et des entrepreneurs numériques à une gamme variée de services financiers. Il s’agit également de diversifier les instruments financiers à disposition des entreprises jeunes et innovantes pour encourager la création d’emplois.

«Ces réformes incluent un nouveau régime juridique pour les institutions de microfinance qui leur permet de recevoir des dépôts et d’étendre leur portée, mais aussi des réglementations permettant de développer la micro-assurance, et une nouvelle loi sur les bureaux de crédit pour le traitement des données non financières afin que les personnes non bancarisées puissent bénéficier d’un historique pour accéder au crédit», précise Caroline Cerruti, spécialiste principale du secteur financier, et coresponsable du Programme à la Banque mondiale.

Et d’ajouter : «Les réformes impliquent également la mise en œuvre de la gestion et des paiements numériques pour le plus grand programme de transfert monétaire du Maroc, Tayssir, qui procure des subventions à 3 millions d’écoliers et contribue à poser les bases de la réforme de la protection sociale».

Évolution du statut des acteurs en microfinance
L’évolution du statut des acteurs en microfinance impliquera une transition des associations à but non lucratif vers des institutions de dépôt, permettant ainsi une diversification de leurs sources de financement et proposant une gamme étendue de produits d’épargne et de crédit aux femmes et aux populations rurales.

Toutefois, le nombre de bénéficiaires actuels est inférieur à l’objectif fixé dans la Stratégie nationale d’inclusion financière du Maroc, qui prévoit l’atteinte de 1,8 million de personnes en 2023 et de 3 millions en 2030. Il faut noter que le Groupe de la Banque mondiale considère que l’inclusion financière et numérique est un élément clé de la réduction de l’extrême pauvreté et de la promotion d’une prospérité partagée.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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