«Il n’y a pas de développement économique sans la RCE»

Mehdi Benzaari, Président de la Chambre de commerce suisse au Maroc
La Chambre de commerce suisse au Maroc multiplie les rencontres de réflexion sur l’environnement et la responsabilité climatique de l’entreprise. Son président Mehdi Benzaari, explique les enjeux de la RCE.
Les Inspirations ÉCO : La CCSM multiplie les rencontres de réflexion sur des thèmes d’actualité brûlants et d’ordre économique, financier et environnemental. Qu’est-ce qui explique ce soudain regain de dynamisme ?
Mehdi Benzaari : La multiplication de ces rencontres émane d’une volonté de la chambre d’accompagner le rythme soutenu de développement de l’économie de notre pays et d’être une source d’actions et une force de propositions d’idées stratégiques pouvant davantage orienter les entreprises.
Dans cet élan formidable, vous venez d’organiser une conférence sur l’environnement et la responsabilité climatique de l’entreprise. Pourquoi ce thème ?
Le Maroc a fait du développement durable une priorité dans sa stratégie de développement économique. C’est dans ce contexte que s’inscrivent nos programmes de rencontres autour de l’environnement dont la dernière en date a porté sur l’environnement et la responsabilité climatique de l’entreprise. À travers cette rencontre, on a voulu montrer qu’on ne peut pas parler de développement économique sans aborder la responsabilité sociale et sociétale des entreprises et dans le cadre de l’engagement du Maroc à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% à l’horizon 2030, les entreprises, au même titre que les autres parties prenantes ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique, ceci d’une part. D’autre part, on a lancé le message qui consiste à dire aux entreprises qu’elles se doivent de prendre conscience de la RCE et surtout de faire leur bilan carbone. À ce propos, nous avons invité certaines entreprises à venir présenter leur expérience, ce qui a montré que la mise en place d’une stratégie bas-carbone est très bénéfique en termes écologique, économique, social et sociétal.
Quels sont les rapports entre la RCE et l’efficacité énergétique ?
L’efficacité énergétique est une partie prenante et intégrale de la RCE. L’ensemble des études le montrent, l’efficacité énergétique est la source principale et la plus importante de toute économie low-carbone. À cet effet, les entreprises ont commencé à prendre conscience que le changement climatique pouvait constituer une opportunité et ont commencé à agir en conséquence. Elles intègrent ainsi ce risque dans leur politique et mettent en place des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
À votre avis, est-ce que l’entreprise marocaine s’est approprié la RCE et ses avantages ?
Grâce aux diverses initiatives nationales autour de la protection de l’environnement, la plupart des entreprises ont pris conscience des enjeux climatiques, des risques mais aussi des opportunités. Nous remarquons notamment qu’il y a un réel changement dans la culture de l’entreprise marocaine et une prise de conscience accrue et sérieuse surtout de la part des grandes entreprises.
Sachant que ce sont surtout les grandes entreprises qui sont engagées dans des programmes bas-carbone, est-ce qu’on peut dire que votre rencontre est un plaidoyer pour les PME/PMI ?
Les grandes entreprises sont effectivement en première ligne et les plus dynamiques dans les programmes low-carbone grâce à leur assise financière et leur capacité à gérer les changements structurels. Cependant les PME/PMI ont un rôle de pivot à jouer et des opportunités uniques à saisir grâce à leur agilité et leur capacité à innover.
Justement que faut-il faire, à votre avis, pour que les PME/PMI, qui représentent 95% du tissu économique marocain puissent s’engager massivement dans des programmes bas-carbone ?
Afin d’accélérer l’engagement des PME/PMI dans cette dynamique, il faut renforcer mais également diversifier les outils d’accompagnement existants, notamment sur le plan fiscal (Carbon Incentive) mais aussi en facilitant les «green-investments». L’objectif ultime est de créer un cercle vertueux pour l’environnement entre les entreprises privées et les gouvernements. Et nous avons bon espoir puisque le dynamisme du secteur de l’énergie imposera la mise en place, à moyen terme, d’un nouveau cadre réglementaire et fiscal plus incitatif pour la PME/PMI. En effet, les lois spécifiques en cours d’élaboration inciteront et aideront davantage les entreprises, surtout les plus énergivores, à revoir leur mode d’approvisionnement et de gestion de l’énergie, ce qui leur permettra à la fois de contribuer à l’effort collectif d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et de bénéficier des avantages de la stratégie bas-carbone à travers la réduction de leur facture d’énergie.