Maroc

«Il faut une autoroute maritime et aérienne entre Madagascar et le Maroc»

Herintsalama Rajaonarivelo, président de l’Agence de promotion des exportations de Madagascar

Créer une chaîne de valeur commune, mais aussi lancer des liaisons maritimes et aériennes entre le Maroc et le lointain Madagascar. Telles sont les initiatives qui pourront donner un coup de fouet aux échanges commerciaux entre Rabat et Antananarivo. C’est du moins l’avis de Herintsalama Rajaonarivelo, président de l’Agence de promotion des exportations de Madagascar. Interview.

Les Inspirations ÉCO : Quelle est l’offre exportable de Madagascar, notamment à destination du Maroc ?
Herintsalama Rajaonarivelo : Comme offre exportable, nous avons tout ce qui est lié au secteur textile. Madagascar dispose d’un potentiel important dans ce secteur, notamment en termes d’export vers le marché américain, grâce aux facilités offertes par l’AGOA. En dehors du textile, l’agroalimentaire offre également de belles opportunités. L’exportation de produits de la mer, notamment les crevettes, les langoustes, ainsi que d’autres produits tels que les épices, les girofles, etc. peut fort bien intéresser les industriels et consommateurs marocains. Dans l’agrobusiness également, nous avons la possibilité de créer des joint-ventures avec les grands groupes marocains. Le pays est vaste, avec une importante réserve foncière de terre arable. La pluie est également abondante. Il suffit juste de nous aider à transformer nos ressources naturelles en créant de la valeur ajoutée sur place et créer une chaîne de valeur maroco-malgache.

Qu’en est-il du secteur des services ?
Le secteur des nouvelles technologies de l’information représente aussi un potentiel à explorer. Nous connaissons actuellement un boom des activités des centres d’appels internationaux. Madagascar dispose d’un avantage considérable dans ce domaine, car naturellement, le citoyen malgache est polyglotte. Ici, nous parlons anglais ou français sans accent.

En termes d’investissements, quels sont les secteurs porteurs de l’économie malgache ?
Vous savez, il ne peut y avoir d’investissements sans infrastructures. Il nous en manque beaucoup à Madagascar. Notamment dans le secteur portuaire, énergétique, électrique, etc. Le Maroc a beaucoup d’avance dans l’électrification, d’autant plus que le pays s’est engagé dans les énergies renouvelables avec l’inauguration de la centrale Noor de Ouarzazate. Il y a énormément de choses à faire dans le domaine de la production et de distribution d’électricité à Madagascar.

Mais l’insularité ne vous désavantage-t-elle pas ?
Nous sommes un pays insulaire qui a besoin de s’ouvrir. Et j’entends par là, la nécessité de disposer de toute une logistique dans le domaine des transports, notamment maritime et aérien. Il faut penser à créer une autoroute maritime et aérienne entre Madagascar et le Maroc, autrement dit, entre l’extrême sud-est du continent et son extrême nord-ouest. Aujourd’hui, il faut presque 26 heures pour rallier Casablanca à Antananarivo. Pour un homme d’affaires, c’est beaucoup. Si c’est pour faire du business, on peut choisir plus loin, mais avec un gain de temps plus consistant.

Comment évolue l’environnement des affaires à Madagascar ?
Des efforts sont faits pour que l’environnement des affaires soit le meilleur possible. Je pense que la situation actuelle peut sensiblement être améliorée. D’ici là, il suffit, pour les investir, de tenir compte des contraintes du pays. J’entends par là les contraintes liées aux infrastructures et à la logistique, même si d’autres facteurs sans rapport avec le business sont à prendre en considération. Je pense que pour améliorer l’environnement des affaires, nous allons intégrer les grands ensemble juridictionnels comme l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires (OHADA), le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et nous suivons la dynamique d’intégration économique dans l’espace de la Communauté des États de l’Afrique australe (SADC), le COMESA. Ces ensembles régionaux dont nous faisons partie nous permettent d’harmoniser notre cadre général. Madagascar est certes un pays insulaire certes, mais nous ne comptons pas «rester insulaires».

Quels sont les fruits de votre partenariat avec Maroc Export ?
Avec Maroc Export, notre partenariat s’articule autour de trois axes. Il a commencé à Dubaï lorsqu’il s’agissait de choisir le pays qui devait accueillir le sommet mondial des organismes de promotion des exportations. À cette occasion, le Maroc a été choisi pour abriter l’événement, à Marrakech plus précisément. Cette manifestation nous a porté chance, car c’est à Marrakech que Madagascar a reçu un trophée mondial dans le domaine de promotion des exportations. Par la suite, nous avons mené des manifestations techniques. J’ai par exemple participé à Casablanca à une rencontre sur le «Made in Africa», notamment dans le domaine du textile. L’intégration continentale des organismes de promotion des exportations a besoin d’un leadership continental que nous reconnaissons à Maroc Export. Nous misons donc sur un partage d’expérience.  



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