Maroc

Hydrocarbures : carton “plein” sur le stockage

Alors que les prix à la pompe continuent leur baisse, l’Exécutif renforce la capacité de stockage des produits pétroliers du pays pour faire face à une éventuelle future flambée des prix internationaux et rassurer tant les consommateurs que les agents économiques. 

Rassurer à la fois les consommateurs et les agents économiques en matière d’approvisionnement en carburant. Un exercice difficile pour les gouvernements de pays tels que le Maroc qui dépendent largement des importations pour répondre à leurs besoins énergétiques. Pour réussir ce pari dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement, a annoncé mardi la constitution d’une commission technique chargée du suivi de l’alimentation du stock des produits pétroliers pour atténuer les conséquences de la flambée des prix internationaux sur le marché interne. Celle-ci est composée de représentants de son département, du ministère de l’Économie et des finances et de la Caisse de compensation. L’annonce en a été faite à l’occasion d’une réponse à une question orale à la Chambre des conseillers sur la stratégie dédiée à la révision à la baisse de la facture énergétique.

Pour l’économiste Omar Bakkou, ces mesures – qui vont dans le sens de l’atténuation des conséquences de l’envolée des cours à l’international sur le marché domestique – sont à saluer.

«Ce sont des mesures pertinentes et nécessaires qui, d’ailleurs, auraient dû être adoptées depuis longtemps», soutient le spécialiste, rappelant que le Royaume est un importateur net de pétrole et de produits énergétiques, et que ceux-ci pèsent lourd dans l’économie nationale avec des fluctuations sur le marché international.

Dès lors, poursuit-t-il, pour rassurer à la fois les consommateurs et les agents économiques, le Maroc est condamné à mettre en place une stratégie d’achat de manière à acquérir une grande quantité de carburant quand le produit se vend moins cher sur le marché. Pour ce faire, il est nécessaire de disposer d’une importante capacité de stockage. Le gouvernement le sait et veille à l’accompagnement des projets programmés par des opérateurs privés dans le but de tirer vers le haut la capacité de stockage, faisant état d’une augmentation du niveau du stock de 187.000 mètres cubes (m3) de produits pétroliers depuis début 2023, soit un volume supplémentaire estimé entre 7 et 19 jours, et ce, pour un investissement de l’ordre de 800 millions de dirhams (MDH). Il est prévu, dans le cadre d’un partenariat avec le secteur privé, un investissement d’environ 1,2 milliard de dirhams (MMDH) qui augmentera le stock à hauteur de 370.000 m3, l’équivalent de 6 à 17 jours en produits pétroliers, un investissement auquel s’ajoute 700 MDH permettant d’augmenter le stock de 255.000 m3 (10 à 12 jours de stock).

Aujourd’hui, la capacité de stockage de la raffinerie SAMIR est de 345.000 tonnes en gasoil, soit l’équivalent de 22 jours de consommation. Disposer d’un stock suffisant en cas de perturbation de l’approvisionnement en produits pétroliers, c’est bien, mais faire en sorte que le consommateur lambda puisse acheter son carburant à des prix raisonnables, c’est encore mieux ! Se pose donc la question de savoir si les mesures prises par le gouvernement, et visant à garantir une disponibilité suffisante de produits pétroliers sur le marché national, permettront pour autant de mieux gérer l’instabilité des prix sur le marché local. Ceux-ci fluctuant en fonction de divers facteurs tels que l’offre et la demande, les événements géopolitiques, les conditions climatiques mais aussi et surtout… l’humeur des distributeurs ! «Certains achèteront moins cher mais il ne faudrait pas non plus qu’ils soient pénalisés par le régulateur» au profit du consommateur.

Pour Bakkou, «c’est une question technique et c’est le rôle du régulateur d’agir de manière à ce que ceux qui font l’effort de maintenir le produit disponible sur le marché, ou anticipent d’éventuelles pénuries, ne soient pas sanctionnés».

À ce propos, il est prévu, jeudi 4 avril, une légère baisse des prix à la pompe. Ainsi, le prix du litre d’essence devrait diminuer d’environ 0,44 DH, et celui du diesel de quelque 0,22 DH, selon la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations de service au Maroc (FNPCGS). Des baisses qui, en soi, pourrait donner l’impression que ces mesures ne sont pas nécessaires d’autant plus que le marché international se stabilise. Mais ceux-ci pourraient être temporaires et les cours pourraient augmenter à nouveau à l’avenir.

Dans ce cas, les mesures prises par le gouvernement marocain pour renforcer la capacité de stockage de produits pétroliers devraient s’avérer très utiles pour faire face à un éventuel impact d’une flambée des cours internationaux sur le marché national, insiste notre interlocuteur.

En revanche, dit-t-il, il existe des mesures toujours en application et qui n’ont plus de raison d’être. Il s’agit, notamment, du soutien exceptionnel supplémentaire destiné aux professionnels du transport routier. Une mesure prise au plus fort de la hausse des prix du carburant et qui ne se justifie plus à un moment où le prix à la pompe tourne autour des 11 DH le litre, estime notre interlocuteur.

Omar Bakkou
Économiste et spécialiste de la politique de change

«Ces investissements et mesures s’inscrivent dans le cadre d’une politique intégrée de gestion de la question énergétique qui comprend à la fois les actions structurelles à moyen terme (efficacité énergétique, production alternative, gestion du marché à travers le stockage) et le développement de certains produits et instruments de couverture».

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO

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