Maroc

Guerre commerciale/Métaux de base : le Maroc à l’abri pour le moment

À l’instar du marché boursier, les turbulences de la guerre commerciale ont atteint les matières premières industrielles. Si certains métaux voient leur valeur bondir, d’autres subissent des fluctuations erratiques. Le Maroc, entre dépendance aux importations et résilience sectorielle, évolue dans un contexte incertain, où la prudence s’impose. Certaines filières, toutefois, restent jusqu’ici épargnées.

C’est une onde de choc venue de Washington qui, une nouvelle fois, rebat les cartes du commerce international. Avec l’annonce de nouvelles mesures douanières par l’administration Trump, les marchés se sont brutalement tendus. Si les places boursières ont réagi avec nervosité, le monde des matières premières, lui, entre dans une phase de recomposition aux effets qui ne tardent à être perceptibles.

Volatilité persistante
La première salve des taxes douanières a bousculé les cours mondiaux des matières premières industrielles. Les métaux non ferreux, comme l’aluminium ou le zinc, ont vu leur valeur grimper. Si l’aluminium et le zinc se négocient à la hausse, le cuivre, quant à lui, a ouvert en chute de 7%, en début de semaine, sur le London Metal Exchange (LME), bourse des métaux de Londres, avant de revenir en territoire positif. Très utilisé dans la construction, et ingrédient phare des batteries et des circuits électroniques, le métal rouge demeure ainsi au cœur de la transition écologique.

Face aux menaces, les acheteurs américains se sont empressés de faire des emplettes de cuivre, ce qui a contribué à la revalorisation rapide de son prix. Sous la pression de cette fièvre acheteuse, il a ainsi bondi au-dessus du seuil des 9.500 dollars la tonne. Un cours qui demeure dans une moindre mesure favorable au marché marocain, comme affirmé par Ali El Harti, président de la Fenelec (Fédération nationale de l’électricité de l’électronique et des énergies renouvelables), soulignant au passage que le cours des matières premières reste assujetti à une forte volatilité, ce qui requiert une prudence. Un climat de grande fébrilité règne, en effet, auprès des investisseurs.

«Les cours des métaux de base ont subi des variations erratiques, reflet d’un marché dominé par les mouvements spéculatifs davantage que par les fondamentaux économiques. En ces temps d’incertitude, les investisseurs se rabattent sur les valeurs refuges, en l’occurrence l’or et éventuellement l’argent. Mais une fois que les cours seront élevés, les investisseurs chercheront de nouveaux véhicules. Les minerais de base peuvent ainsi représenter un intérêt stratégique comme la transition énergétique demeure l’industrie la plus en vogue», commente un analyste financier de la place.

La prudence prévaut
Cependant, les producteurs marocains, notamment dans les secteurs du BTP et de la métallurgie, se trouvent pris en étau entre la flambée des prix à l’importation et un marché intérieur peu disposé à absorber ces hausses. L’équation se complique d’autant plus que les contrats d’approvisionnement sont, pour la plupart, conclus à moyen terme, rendant toute renégociation immédiatement délicate. Plusieurs industriels, interrogés à ce sujet, reconnaissent se maintenir dans une posture attentiste, incapables, à ce stade, d’évaluer avec précision l’ampleur du choc à venir.

Abdelhamid Souiri, président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), estime que tant que les fluctuations du marché des métaux de base restent contenues entre 2% et 7% à la hausse, la situation demeure gérable.

Au-delà de ce seuil, les conséquences pourraient s’avérer préoccupantes. Pour l’heure, les stocks de matières premières permettent de couvrir les besoins de la filière pour une période de trois à quatre mois, offrant ainsi un répit relatif dans l’attente de l’évolution des négociations internationales.

À l’inverse, d’autres filières affichent plus de sérénité. Pour Ismail Akalay, président de l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM), le marché international des minerais traverse actuellement une période de fluctuations, influencées par les récentes taxes imposées par les États-Unis.

Toutefois, il reste difficile de prévoir l’évolution exacte des marchés, étant donné la volatilité des paramètres économiques mondiaux. Néanmoins, en ce qui concerne la sidérurgie marocaine, il convient de noter que, depuis 2018, les États-Unis appliquent des droits additionnels de 25% sur les importations d’acier en provenance du Maroc.

«Ainsi, pour notre secteur, les nouvelles mesures n’ont pas eu d’impact significatif, les exportations vers les États-Unis étant limitées et la production locale bénéficiant davantage de la dynamique du marché intérieur», rassure-t-il.

Dans ce tableau globalement tendu, la volatilité des métaux de base persistera à moyen et long terme tant que les tensions géopolitiques ne s’apaisent pas. Une détente des cours est toutefois attendue dans le cas où les négociations entre les grandes puissances aboutissent sur un accord durable.

Ismail Akalay
Président de l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM)

«En ce qui concerne la sidérurgie marocaine, il convient de noter que, depuis 2018, les États-Unis appliquent des droits additionnels de 25% sur les importations d’acier en provenance du Maroc. Ainsi, pour notre secteur, les nouvelles mesures n’ont pas eu d’impact significatif, les exportations vers les États-Unis étant limitées et la production locale bénéficiant davantage de la dynamique du marché intérieur»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



Droits de douane américains : malaise ambiant chez les exportateurs marocains


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page