Grippe saisonnière : Le vaccin, seule parade contre la maladie
Le laboratoire Sanofi Pasteur révèle un taux de positivité au Maroc qui est de 79,77% pour la grippe A et de 20,22% pour la grippe B. Une campagne de sensibilisation a été lancée pour sensibiliser le public sur l’utilité du vaccin.
«La grippe est souvent bénigne mais elle peut tuer». Ce sont les mots du professeur Abdelfettah Chakib, du service des maladies infectieuses du CHU Ibnou Rochd. Ce message intentionnellement dur et direct, le spécialiste en infectiologie l’a tenu lors de la conférence de presse organisée jeudi 24 novembre dernier par Sanofi Pasteur à l’occasion du lancement de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière. Un appel à la prise de conscience en direction de la population et qui se base sur un constat scientifique sans appel. «Selon l’OMS, les épidémies annuelles sont responsables d’environ 3 à 5 millions de cas de maladies graves, et de 250.000 à 500.000 décès», a déclaré Chakib. Le professeur n’a pas manqué d’insister sur les complications médicales que peut entraîner la maladie. «La grippe peut être une cause aggravante de pneumonies virales ou infections bactériennes secondaires et de maladies chroniques sous-jacentes comme les insuffisances cardiaques ou le diabète».
À ce propos, il a également tenu à souligner que parmi les personnes présentant le plus grand risque de complications liées à la grippe, figurent les enfants âgés de moins de 2 ans, les adultes de 65 ans et plus et les sujets de tout âge dont le système immunitaire est affaibli. Revenant sur le Maroc, le Dr Jalal Nourlil, chef du laboratoire de virologie de l’Institut Pasteur a pour sa part rappelé que le pays n’est pas épargné par le fléau. «La surveillance virologique, menée auprès des centres de santé de l’hôpital pédiatrique et auprès de quelques médecins privés sur la période 2015-2016, a démontré que 79,77% de la population est positive à la grippe A et 20,22% sont positifs à la grippe B», a-t-il révélé. Mais comment la grippe, une maladie pourtant considérée comme banale a-t-elle pu acquérir une telle ampleur et une telle gravité ? Pour Chakib, la première raison est sa forte contagiosité. «Le virus peut se transmettre d’une personne à l’autre par l’air en toussant ou en éternuant, et très facilement par les mains contaminées», explique-t-il. Des risques de contamination qui sont renforcés selon lui par le fait que la maladie est contagieuse dès le jour précédant l’apparition des symptômes et jusqu’à 5 jours après le début de la maladie chez les adultes et pendant plus de 10 jours après l’apparition des symptômes chez les enfants. Autre particularité de la grippe, elle évolue par épidémie voire par pandémie, ce qui fait d’elle un problème majeur de santé publique. À ce propos, Chakib a rappelé que l’OMS estime qu’au cours des épidémies annuelles de grippe saisonnière, 5 à 15% de la population est touchée par des infections des voies respiratoires supérieures et que 5 à 10% des adultes et 20 à 30% des enfants sont affectés par la grippe chaque année dans le monde.
Enfin selon le professeur, le troisième problème que présente la grippe, c’est qu’il n’existe pas de traitement pour la maladie. D’où la nécessité de la prévention. Pour lui, si les personnes infectées peuvent éviter la transmission du virus par exemple en se couvrant la bouche et le nez à l’aide d’un mouchoir jetable lorsqu’elles toussent ou éternuent, et en se lavant les mains régulièrement, la vaccination annuelle reste le moyen le plus efficace de prévenir l’infection ou les complications de la maladie. «Les vaccins existant sont sûrs et efficaces, conférant une protection d’environ 70 à 90% contre la maladie clinique chez les adultes en bonne santé âgés de 18 à 59 ans, sous réserve d’une bonne concordance entre les antigènes du vaccin et les virus en circulation», a-t-il affirmé et de rassurer : «Le coût de la vaccination est 30 fois inférieur à celui des traitements nécessaires en cas de complications médicales existant en tenant compte entre autres de l’absentéisme et la perte de productivité entraînés par la maladie». Les conférenciers ont par ailleurs déploré qu’au Maroc le taux de personnes qui se vaccinent annuellement n’excède guère 2%. Autre faiblesse du système de surveillance virologique, le manque d’observatoire dédié aux fléaux donc d’études fiables pour donner plus de visibilité quant à l’évolution du phénomène au niveau national. Pour rappel, la campagne de vaccination antigrippale au Maroc s’est soldée entre 2014 et 2015 par 108.088 doses reçues et un nombre total de 63.512 personnes vaccinées.