Maroc

Grève nationale des adouls : le compte à rebours a commencé

Les récentes déclarations du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, ont suscité une vive indignation au sein de la communauté des adouls. Elles ont été le détonateur d’une grève nationale, entamée le 29 janvier et qui durera jusqu’au 5 février. Au cœur de leurs revendications, l’égalité entre les différentes professions judiciaires et la dénonciation du refus des instances compétentes de leur accorder le droit de dépôt dans le cadre des transactions immobilières.

La grève des adouls, déclenchée en réaction aux déclarations du ministre de la Justice, expose les fissures existant au sein du système judiciaire marocain. Entamée hier, cette grève trouve son origine dans le mécontentement généralisé face à des inégalités perçues. Les auxiliaires de la justice, souvent dans l’ombre, estiment être laissés pour compte par rapport à d’autres catégories professionnelles. Leur mobilisation s’articule principalement autour de la quête d’équité et de reconnaissance de la valeur de leur contribution au système judiciaire.

Au cœur des revendications des adouls, se trouve la demande pressante d’égalité avec les autres professions judiciaires. Ils dénoncent avec vigueur le traitement différencié dont ils estiment être victimes, pointant du doigt le ministère de la Justice et les instances compétentes. Ils réclament également le droit de dépôt dans le cadre des transactions immobilières, un privilège dont ils sont actuellement privés.

Cette grève nationale ne manquera pas d’avoir des répercussions significatives sur le fonctionnement du système judiciaire national. En effet, leur rôle crucial dans la validation des actes notariés confère aux adouls une place stratégique dans le processus judiciaire. La suspension de leurs activités pendant cette période de grève pourrait entraîner des retards et des complications dans la gestion des affaires judiciaires et des transactions immobilières. Face à cette situation tendue, de nombreux observateurs et acteurs de la société civile appellent à un dialogue constructif entre le ministère de la Justice et les adouls. La résolution pacifique de ce différend est essentielle pour restaurer la confiance et assurer le bon fonctionnement des rouages de la justice.

Rappel des faits
Lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a catégoriquement refusé aux adouls le droit de pratiquer certains actes liés aux transactions immobilières, notamment le dépôt des dossiers et la perception de sommes d’argent des parties contractantes.

Le ministre a précisé que cette décision était motivée par le fait que le travail des adouls dépend de la réception d’un certificat émanant d’un notaire, les excluant ainsi du droit de percevoir des frais auprès des contractants. Face à ces déclarations, l’Instance nationale des adouls a immédiatement réagi en annonçant une grève d’une semaine, du 29 janvier au 5 février. Durant cette période, ils refuseront de célébrer des mariages ou de traiter des divorces.

Dans un communiqué rendu public, l’Instance a exprimé sa ferme volonté de défendre les droits de cette corporation, notamment avec le maintien des dispositions du projet de loi concernant leur profession et l’habilitation de recevoir des sommes d’argent et des dépôts de dossiers de transactions immobilières. Le conflit actuel ne fait que raviver des tensions persistantes.

Les adouls, s’estimant lésés depuis plus de dix ans, avaient déjà organisé une grève en juillet 2021 pour exprimer leur mécontentement face au manque d’écoute de la tutelle. Leurs revendications récurrentes portent sur l’égalité avec d’autres professions judiciaires, l’indépendance de leur profession et la modernisation des procédures, notamment par la révision de la loi 16.03. Ils dénoncent une loi qu’ils estiment déphasée et inadaptée à l’évolution constante de leur profession. Ils soulignent, notamment, des restrictions discriminatoires, telles que l’exclusion de la rédaction des contrats de vente à crédit bancaire et l’interdiction de participer à des actes liés au logement social, réservés exclusivement aux notaires.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO

 


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