Maroc

GNL : la première livraison marocaine en route

La première cargaison de gaz naturel liquéfié achetée par le Maroc est en route et devrait arriver dans les jours à venir. Cette première cargaison fait partie des 500 millions de mètres cubes commandés par le Maroc dans le cadre d’un contrat signé avec Shell.

Le méthanier Orion Bohemia, parti du Pérou le 25 mai, livrera la première cargaison de gaz naturel liquéfié au Maroc via l’Espagne, selon des sources bien informées. Le navire affrété par Shell, traçable sur les sites spécialisés, se trouve actuellement dans le port de Cartagena, au sud-est de l’Espagne, où il devrait décharger une partie de sa cargaison, avant de reprendre la route vers le port de Huelva pour décharger la livraison destinée au Maroc. Le GNL marocain sera regazéifié sur place, avant d’être acheminé vers le Royaume via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME).

Cette première livraison fait suite aux achats par le Maroc de GNL sur le marché spot en 2022, ce qui avait abouti à la signature d’un accord entre Shell international trading Middle East limited FZE et l’ONEE pour la fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL). Le contrat portait sur une durée de 12 ans, avec 0,5 milliard de mètres cubes par an.

«Cet accord nous permettra de répondre à une partie de nos besoins et de garantir l’approvisionnement en gaz naturel de nos centrales. Le gaz naturel est aujourd’hui une composante majeure de notre mix électrique, car il offre la flexibilité nécessaire pour compenser l’introduction massive d’énergies renouvelables dans notre système électrique», avait déclaré à l’époque l’ex-directeur général de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi.

Choix ingénieux
«L’enjeu, depuis l’arrêt de GME, est de maintenir les deux centrales de Tahaddart et d’Aïn-Béni-Mathar, qui ne tournent plus à pleine puissance depuis», nous explique un expert, ayant requis l’anonymat. Les deux centrales, de 380 et 450 mégawatts (MW) chacune, sont «cruciales», étant donné qu’elles permettent au Maroc «de disposer d’une certaine flexibilité», poursuit-il.

Pour ne pas condamner les deux centrales, le Maroc a commencé en juin 2022 à se fournir en gaz depuis l’Espagne via le gazoduc en inversant le flux. En deux ans seulement, le Royaume est ainsi devenu l’un des premiers clients de l’Espagne. Depuis le début de l’année, le Maroc a accaparé 16,5% des exportations de gaz naturel depuis l’Espagne. En janvier dernier, il s’est même classé, et c’est une première, comme principale destination des exportations de gaz depuis l’Espagne, confirment les données publiques du groupe Enagas, gestionnaire du réseau gazier espagnol.

«Le Maroc, comme tout autre pays, explore d’abord les options à plus bas coûts avant d’envisager d’autres scénarios, qui pourraient s’avérer plus coûteux. C’est pour cela que nous recourons en dernier aux turbines à gaz fonctionnant au diesel ou au fioul», indique l’expert.

C’est donc avec «ingéniosité» que le Royaume a décidé de «sécuriser une grande quantité de gaz, sans d’ailleurs avoir à subir les fluctuations des prix sur le marché, en se tournant vers l’Espagne qui dispose des ressources et moyens nécessaires pour nous approvisionner, en attendant la mise en marche des trois stations de regazéification prévues au niveau du port de Nador», indique-il.

Actuellement, le focus est mis sur les deux centrales, mais le pays pourrait envisager de convertir ses turbines à long terme, afin qu’elles tournent au gaz naturel, estime notre interlocuteur.

«La vision du Maroc sur le dossier énergétique est bien ficelée, mais tout passe par la mise en œuvre de celle-ci», nuance-t-il toutefois, notant que le Royaume «ne pourra pas développer les énergies renouvelables sans avoir des moyens de production flexibles». À noter que durant les deux années à venir, les livraisons de GNL, dans le cadre du contrat avec Shell, se feront via les ports espagnols. Par la suite, elles seront directement livrées dans les futurs terminaux marocains. D’ici 2030, le Maroc compte, pour rappel, porter la part des énergies renouvelables de la capacité installée de 40% à 52%.

Nador, nouvelle porte d’entrée

Le Maroc lancera dès cet été un appel d’offres pour la construction d’un terminal flottant de gaz naturel liquéfié dans le port de Nador West Med. Le ministère prévoit d’atteindre le bouclage financier en 2025, la construction, la mise en service et les opérations commerciales étant prévues pour 2026. Ce terminal sera directement connecté au Gazoduc Maghreb-Europe. Les besoins du Maroc en gaz naturel devraient passer de 1 milliard de m3 à 8 milliards en 2027. Le port de Nador constituera la pièce maîtresse pour l’indépendance énergétique du Royaume.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO


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