Gestion de la pandémie : comment le Maroc a géré (étude)
L’institut australien Lowy Institute s’est penché sur l’étude du comportement des pays vis-à-vis de la pandémie de Covid-19. Plusieurs aspects ont été décortiqués dans ce sens. Le Maroc est 68e sur 98 pays analysés. Décryptage…
Quel impact ont la géographie, les systèmes politiques, la taille de la population et le développement économique sur la gestion de la Covid-19 dans le monde ? C’est la question à laquelle une étude récente de l’institut australien Lowy Institute s’est attelée à répondre. L’organisme, basé à Sydney, a évalué près d’une centaine de pays sur la base de six critères, afin d’établir un «Covid performance index». Ces différents indicateurs démontrent dans quelle mesure les pays étudiés ont bien ou mal géré la pandémie, explique l’organisme indépendant dans le cadrage présentant son étude. Dans le détail, l’étude explore comment les 98 pays concernés, disposant de données accessibles au public et comparables sur le virus, ont géré la pandémie à ce jour après leur centième cas confirmé de Covid-19. «Les pays ont été classés en grandes catégories -par régions, systèmes politiques, taille de la population et développement économique- pour déterminer s’il existe des variations significatives entre les différents types d’États dans la gestion de la pandémie», détaille Lowy Institute.
Zoom sur le Maroc
Premier constat concernant le Maroc, qui figure dans le classement: le Royaume se positionne au 68e rang sur les 98 pays étudiés. La Nouvelle-Zélande est le pays qui a le mieux géré la crise de la Covid-19 et le Brésil ressort comme le dernier de la classe, selon les résultats du classement. En effet, selon les statistiques du Lowy Institute, le Maroc a mieux géré la crise sanitaire, que la France (73e), l’Espagne (78e) ou encore les États-Unis (94e). Les critères pris en compte par le Lowy Institute dans son classement sont notamment: les cas confirmés de nouveau coronavirus, les décès et les dispositifs de dépistage. Une moyenne des classements pour ces indicateurs a été normalisée pour chaque pays afin de produire un score compris entre 0 (la moins performante) et 100 (la plus performante) un jour donné, au cours des 36 semaines qui ont suivi leur centième cas confirmé de Covid-19.
Régions
Pour ce qui est de l’analyse par régions, et bien que l’épidémie ait commencé en Chine, «les pays d’Asie-Pacifique, en moyenne, se sont avérés les plus efficaces pour contenir la pandémie», explique l’institut. En revanche, la propagation de la Covid-19 a rapidement submergé l’Europe puis les États-Unis. Toutefois, Lowy Institute assure que «l’Europe a également enregistré la plus grande amélioration au fil du temps de toutes les régions -la plupart des pays de cette région dépassant à un moment donné la performance moyenne des pays de la région Asie-Pacifique». Ceci avant de succomber à une deuxième vague, encore plus sévère, de la pandémie au cours des derniers mois de 2020. Les confinements successifs sur le continent européen ont réussi à calmer la première vague de la pandémie, mais l’ouverture des frontières a rendu les pays vulnérables à de nouvelles flambées de contamination. Pendant ce temps, la propagation de la pandémie s’est accélérée dans une grande partie des Amériques (nord et sud), ce qui en fait le continent le plus touché au monde. Par ailleurs, l’institut affirme que «de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique sont parvenus à enrayer les progrès initiaux de la pandémie grâce à des mesures préventives solides». La situation régionale s’y est finalement aggravée, avant de se stabiliser à nouveau au second semestre 2020.
Engagements politiques
Selon le Lowy Institute, les mesures mises en place pour contenir la propagation de la Covid-19 (confinements, fermetures des frontières) sont communs à la plupart des pays. «Mais la manière dont les gouvernements ont convaincu ou contraint leurs citoyens à adhérer à ces mesures reflétait souvent la nature de leurs systèmes politiques», assure-t-on. Il est certain que la majorité des régimes politiques convergent tous dans la même gestion de la cirse sanitaire. En général, et selon l’institut, les pays dotés de modèles autoritaires n’avaient aucun avantage dans la maîtrise du virus. Toutefois, malgré un début difficile et quelques exceptions notables, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, les démocraties ont rencontré un peu plus de succès que d’autres formes de gouvernement dans leur gestion de la pandémie au cours de la période examinée. «En revanche, de nombreux régimes hybrides, comme l’Ukraine et la Bolivie, semblent les moins en mesure de relever le défi», détaille l’institut dans son étude.
Population
La catégorisation des pays en fonction de leur taille de population a révélé les plus grandes différences dans les expériences avec le défi de la Covid-19. Au début de la pandémie mondiale, il y avait peu de différence perceptible dans la performance des pays en fonction de la taille de leur population. Cependant, les expériences entre les grandes populations, moyennes et petites, ont nettement divergé moins d’un mois après que les pays aient enregistré leur centième cas de Covid-19. Les pays comptant moins de 10 millions d’habitants ont moins enregistré de cas que leurs homologues plus grands tout au long de l’année 2020. Selon l’étude : «Les pays ayant une population plus faible, des sociétés cohésives et des institutions compétentes sont favorisés pour faire face à une crise mondiale telle qu’une pandémie». Depuis le début de la pandémie, plus de 100 millions de cas ont été enregistrés et 2,16 millions de personnes sont décédées du nouveau coronavirus.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco