Fraude en entreprises : Les Marocains, peu portés sur la transparence
L’Afrique est championne du monde de la fraude en entreprise, selon la dernière enquête du cabinet PwC. Pourtant, il est difficile de quantifier des dégâts par pays, y compris au Maroc. Les entreprises rechignant à communiquer.
Une entreprise sur 3 a déjà été touchée par la fraude. Le constat de PricewaterhouseCoopers (PwC) est sans appel : détournements d’actifs, cybercriminalité, fraude comptable… les crimes économiques se propagent. Ainsi, le cabinet d’audit, d’expertise comptable et de conseil a dressé un état des lieux mondial de la fraude en entreprises et a mis en garde contre ses conséquences. Pourtant, il est impossible de quantifier les dégâts au Maroc. Sur les 6.337 entreprises questionnées dans le monde, seule une société marocaine a répondu à l’enquête de PwC. «Pour tirer des statistiques représentatives, nous devons au moins disposer de 120 réponses par pays», souligne Reda Loumany, associé PwC Advisory. Les experts de PwC affirment avoir tenté de réaliser une étude pour le Maroc en 2015, mais que seulement 20 entreprises ont répondu.
Le phénomène demeure relativement stable et qu’il s’est situé de 2009 à 2016 entre 30 et 36%. «Certes, il y a bien eu une évolution de la régulation et de la lutte contre la fraude, mais il faut croire qu’entre-temps, les techniques des fraudeurs ont également évolué», explique l’expert. Autre enseignement de l’enquête, l’Afrique enregistre, aujourd’hui, l’un des taux de fraude les plus importants au monde (57%). Un taux qui a connu un bond considérable (+14%) depuis 2014. À titre de comparaison, l’Europe de l’Ouest, en seconde position, enregistre aujourd’hui un taux de 40%.
Les catégories de crimes les plus répandus sont d’abord ceux liés au détournement d’actifs (64%). «Cela peut aller de cas de fraude sur les notes de frais, jusqu’à la délinquance astucieuse en passant par l’utilisation frauduleuse de voitures de services…», précise Fabienne Borde, Associé PwC France. La cybercriminalité n’est pas en reste et occupe la seconde place avec 32% des cas de fraudes. Pour ce qui est des secteurs les plus concernés, l’enquête affirme qu’il s’agit des secteurs des services financiers où 48% des entreprises du secteur seraient concernées, ainsi que des établissements publics (44% de structures).