Forum MD Sahara : à Dakhla, une masterclass sur les piliers de la diplomatie marocaine

Lors de la 4e édition du Forum Maroc diplomatique (MD) Sahara à Dakhla, Omar Hilale, ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies à New York, a tracé les contours de la diplomatique marocaine à travers les principes cardinaux qui l’ont guidée durant le quart de siècle écoulé. Une diplomatie dynamique, marquée par quatre crédos qui ont permis d’aboutir aux victoires éclatantes enregistrées par la première cause nationale.

C’est l’un des moments phares qui ont marqué les travaux de la 4e édition du Forum Maroc diplomatique (MD) Sahara, qui a clôturé ses travaux, en fin de semaine à Dakhla. L’intervention d’Omar Hilale, ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies à New York, a rappelé les contours de la dynamique diplomatique marocaine au sujet de la première cause nationale, celle du Sahara marocain. Le diplomate est aussi revenu sur les progrès socioéconomiques enregistrés dans les provinces du Sud durant les 25 ans de règne du Roi Mohammed VI, et a exposé une rétrospective du déploiement du Programme de développement des provinces du Sud qui a mobilisé plus de 87,55 milliards de dirhams (MMDH). D’entrée, Omar Hilale, qui a participé pour la seconde fois au forum MD Sahara, a rappelé le message qu’a adressé le Souverain neuf mois après son accession au trône, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la Journée nationale de la diplomatie marocaine du 20 avril 2000. Le Roi avait tracé, à l’époque, les grandes lignes d’une orientation prospective de la diplomatie marocaine qui demeure attachée à ses spécificités de pondération et de réalisme. Qualifiant cette diplomatie de plurielle par excellence et non pas de monocausale, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies à New York a souligné que «la diplomatie marocaine repose depuis un quart de siècle sur un socle de fondamentaux qui font aujourd’hui sa force autant que sa spécificité».

Diplomatie : les principes cardinaux prévalant depuis un quart de siècle
En tête des fondamentaux sur lesquels la diplomatie marocaine est adossée depuis 25 ans, figure figure la sacralité de la cause nationale. Selon Hilale, «l’intégrité territoriale du Royaume a été et demeure sa priorité suprême et son sacerdoce absolu sur la scène internationale, quels que soient le prix ou les sacrifices à consentir». Et d’ajouter : «il s’agit aussi de la force des principes de la diplomatie marocaine qui est par essence principielle, abhorrant la logique de la confrontation et privilégiant la vertu du dialogue, de l’ouverture sur tous les acteurs internationaux ainsi que le rapprochement avec les blocs tant régionaux que géopolitiques». La diplomatie marocaine est aussi guidée par une vision lucide des enjeux mondiaux, une transparence avec les partenaires bilatéraux et internationaux et le courage d’assumer ses positions sans complaisance. Omar Hilale a rappelé à ce propos que l’audace et la résilience face aux bouleversements régionaux et internationaux permettent au Maroc de s’adapter continuellement, voire d’accompagner ces changements, plutôt que de les subir. À cela s’ajoute l’ambition de placer le Royaume parmi les pays écoutés, agissants et influents sur la carte géopolitique du monde par-delà son voisinage régional et continental. En ce qui concerne les trois derniers fondamentaux, ils se basent sur le respect de la Charte des Nations unies, l’attachement au droit international, l’engagement résolu en faveur de la paix et de la sécurité internationale ainsi que la proactivité dans la discrétion dans les négociations des différends.

Sahara marocain : une cause existentielle
Au-delà de la série des victoires diplomatiques enregistrées par la première cause nationale, Hilale a souligné que «le fait de placer le Sahara marocain au premier rang des priorités diplomatiques a débouché sur une prise de conscience internationale. Ce n’est pas seulement une question d’intégrité territoriale, mais également et surtout, une cause existentielle pour le Royaume», insiste-il. «L’action soutenue et les efforts de sensibilisation menés par le souverain ont ancré la justesse de la cause nationale au niveau régional et international. Le résultat a été la reconnaissance de la marocanité du Sahara par de grands pays, tels les États-Unis, la France ainsi que des dizaines de pays arabes, africains, latino-américains dont une trentaine ont ouvert des consulats généraux à Laâyoune et Dakhla», a-t-il rappelé. De surcroît, ce soutien international à la cause nationale s’est accompagné également par le rétrécissement des appuis aux séparatistes à travers le monde avec le retrait ou le gel de leur reconnaissance par 38 pays.

Quatre crédos de la diplomatie marocaine
Toujours selon l’ambassadeur, les réalisations de la diplomatie marocaine ont été guidées par quatre crédos fondateurs autour de la question du Sahara. Ainsi, résume Omar Hilale, le Roi Mohamed VI a imposé une fermeté sans faille à toute tentative de remise en cause de la récupération de son intégrité territoriale.

Cette fermeté a ainsi mis en échec le piège du plan de règlement et les incertitudes de la commission d’identification, ce qui a abouti à la conclusion historique du secrétaire général des Nations unies sur le caractère inapplicable du plan de règlement et par conséquent la renonciation définitive au référendum. Elle a déjoué aussi plusieurs plans, imposant le respect de l’exclusivité du rôle de l’ONU dans le processus politique et déjouant toutes les tentatives d’absoudre la responsabilité de l’Algérie dans ce différend.

Le deuxième crédo porte sur le courage politico-diplomatique du Roi Mohammed VI à travers la proposition d’une solution politique mutuellement acceptable à ce différend régional au sujet de ses propres provinces sahariennes. Une solution qui porte sur l’initiative d’autonomie. Présentée en 2007, elle a été reconnue par plus d’une centaine de pays comme seule et unique base pour le règlement définitif de cette question dans le cadre de l’intégrité territoriale et de la souveraineté marocaine.

Il s’agit aussi du retour du Royaume à sa famille africaine en 2017 et la réintégration de l’Union Africaine en plus de l’ouverture du point frontalier de Guerguerat occupé par les séparatistes. Le troisième crédo, et non des moindres, est la clarification à travers le discours royal du 20 août 2022 qui a défini le nouveau référentiel de la diplomatie marocaine concernant la question du Sahara. Celui-ci est désormais considéré comme le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international et l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats. Le discours royal, prononcé à l’occasion du 49e anniversaire de la Marche Verte, s’est inscrit dans la continuité d’un langage de vérité autour du Sahara marocain.

C’est ainsi que le souverain a appelé les Nations unies à prendre leurs responsabilités en mettant en évidence la grande différence entre deux paradigmes : celui qu’incarne le Maroc dans son Sahara, réaliste et légitime, et celui qui repose sur une vision sclérosée, coupée du monde réel et de ses évolutions. Quant au quatrième crédo portant sur la sagesse royale, il s’est concrétisé, entre autres, avec le lancement de l’initiative Royale pour l’espace atlantique annoncée dans le discours royal à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche verte. Une initiative qui vise à favoriser l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique, face à un demi-siècle d’instrumentalisation de la question du Sahara marocain.

Par ailleurs, une série de recommandations ont été émises lors de la clôture de cette 4e édition, marquée par l’organisation de plusieurs conférences et tables rondes sur le développement des provinces du Sud.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO