Fonction publique : l’approche régionale mise sur les rails
L’accès à la fonction publique sera décidé au niveau des régions avec l’entrée en vigueur d’un nouveau décret qui accordera aux responsables locaux le droit d’organiser des concours à l’échelle régionale. Pour lutter contre le chômages des jeunes, plusieurs régions sont prioritaires.
L’emploi public régional demeure l’un des objectifs primordiaux de l’État durant cette phase de lutte nationale contre l’impact économique et social de la pandémie. Pour assurer un accès équitable à la fonction publique, le gouvernement est sur le point de finaliser un nouveau décret qui devra capitaliser sur les avantages accordés par la charte de la déconcentration, laquelle a délégué plusieurs prérogatives aux élus régionaux.
Interpellé au Parlement sur l’état d’avancement de ce chantier visant à réaliser un équilibre territorial en matière de répartition des ressources humaines, le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme administrative, Mohamed Benchaâboun, a précisé que la nouvelle réglementation garantira une répartition des postes budgétaires selon les besoins des régions. Elle accordera surtout «les prérogatives aux services déconcentrés de gérer les ressources humaines dans l’optique de leur accorder un pouvoir décisionnel pour organiser des concours», a indiqué le ministre devant les élus de la 1re Chambre.
«Nous travaillons actuellement sur un projet de décret qui fixe les modalités et les conditions d’accès aux emplois publics, et qui permettra d’organiser des concours au niveau déconcentré», a tenu à ajouter l’argentier du pays devant les députés. L’approche régionale qui primera dès lors concernera également le prochain projet de Budget, qui sera conçu tout en tenant compte des nouvelles modalités d’accès à la fonction publique.
Une veille régionale
S’agissant du volet crucial de l’emploi régional, le gouvernement poursuivra les principaux chantiers en cours qui forment des leviers incontournables pour faciliter l’intégration des jeunes diplômés dans le marché du travail. Actuellement, neuf régions ont entamé l’élaboration de leurs plans régionaux de l’emploi, reposant sur l’amélioration de l’employabilité, le renforcement de l’auto-emploi et le suivi du marché régional.
Une étude a été lancée pour l’instauration d’observatoires régionaux de l’emploi, qui sera accompagnée par la préparation d’une structure de veille «en vue d’assurer la coordination des interventions et la convergence entre les producteurs d’information et des études sur le marché de l’emploi», indique la feuille de route du gouvernement.
Plusieurs niveaux d’amélioration seront par ailleurs recherchés avant la fin de cette année, notamment en matière de diversification des programmes d’insertion et d’adéquation du contenu des formations avec les métiers les plus prisés sur le marché. L’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi fera aussi l’objet d’une étude, en guise de prélude à une série d’évaluations, telles que des études d’impact sur le travail décent et le parachèvement du diagnostic déjà entamé à propos de l’emploi des sans-diplômes. Du côté des députés, l’enjeu principal reste «la sauvegarde de l’emploi, mais aussi la création des postes de travail pour les nouveaux demandeurs sur le marché».
Les élus insistent sur le fait que les entreprises ne doivent aucunement licencier leurs salariés «sous prétexte de l’impact de la pandémie». Ils ont appelé le gouvernement à renforcer les inspections du travail durant cette période. Actuellement, des comités de veille au sein du ministère de tutelle ainsi qu’au niveau régional délivrent leurs rapports quotidiens sur la situation économique et sociale des PME qui ont été durement frappées par la baisse d’activité.
Les régions prioritaires
Le plan exécutif de l’emploi sera prioritairement déployé sur les régions de Marrakech-Safi, Souss-Massa, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, avec un élargissement de l’approche de la promotion de l’emploi dans le monde rural. L’État fixera également les modalités de l’intégration à d’autres régions, avec une mise en œuvre territoriale du plan exécutif de l’emploi, qui s’appuie sur la numérisation. Deux études seront par ailleurs réalisées, portant sur l’évaluation des programmes «Idmaj», et «Tahfiz», et devront donner plus de visibilité sur les données relatives aux demandes du marché dans les 12 régions du pays.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco