Finances publiques : l’excédent ordinaire positif malgré un déficit persistant
Le Maroc est parvenu à rétablir un excédent ordinaire tout en réduisant progressivement son déficit global. La hausse des recettes fiscales et la maîtrise des dépenses, notamment grâce à la réduction des subventions de compensation, ont joué un rôle clé dans cette évolution.
Les finances publiques affichent un excédent ordinaire de 12,6 milliards de dirhams (MMDH) à fin août 2024, marquant un tournant important depuis un an. Cette performance, révélée dans le dernier Bulletin mensuel de statistiques des finances publiques de la Trésorerie générale du Royaume (TGR), met en lumière les efforts du gouvernement pour stabiliser les finances publiques. Toutefois, malgré cette embellie, le déficit global du Trésor demeure important, s’élevant à 32,8 MMDH à fin août 2024, contre 42,4 MMDH un an plus tôt.
Une hausse significative des recettes fiscales
La dynamique positive des recettes publiques, qui ont augmenté de 11,7% à fin août 2024 pour atteindre 228,8 MMDH contre 204,8 MMDH à la même période en 2023, a largement contribué à cet excédent ordinaire. Les recettes fiscales, représentant la majorité des revenus de l’État, ont progressé de 11,9%, atteignant 201,1 MMDH. Plusieurs facteurs expliquent cette performance. Les recettes douanières ont crû de 10%, en grande partie grâce à l’augmentation des droits de douane (+8,8%) et de la TVA à l’importation (+10,5%), portant les recettes douanières nettes à 60,1 MMDH.
Par ailleurs, la fiscalité domestique a également connu une solide progression, avec une hausse de 11,8%, soutenue par l’impôt sur les sociétés (IS), qui a augmenté de 11,4%, et l’impôt sur le revenu (IR), en hausse de 12,3%.
Cette dynamique a été renforcée par une meilleure collecte des taxes intérieures de consommation (TIC), notamment sur les produits énergétiques (+9,5%) et les tabacs manufacturés (+4,7%). Les recettes non fiscales ont également progressé de 10,5% par rapport à 2023, atteignant 27,8 MMDH. Cette hausse est en partie attribuable à l’augmentation des recettes en atténuation des dépenses de la dette, qui sont passées de 942 MDH à 4,1 MMDH.
Toutefois, les revenus des monopoles et participations de l’État, notamment de l’OCP et de Bank Al-Maghrib, ont baissé de 15,3%, atteignant 8,3 MMDH à fin août 2024, contre 9,8 MMDH un an auparavant.
Une réduction des subventions compensatoires
En parallèle à cette hausse des recettes, le gouvernement marocain a réussi à mieux contrôler ses dépenses ordinaires, qui n’ont augmenté que de 3,7% à fin août 2024, pour atteindre 216,2 MMDH. Une des principales évolutions concerne les dépenses liées à la compensation, qui ont chuté de manière spectaculaire, passant de 19,1 MMDH à 8,1 MMDH, soit une baisse de 57,8%.
Cette réduction témoigne des efforts du gouvernement pour rationaliser les subventions sur les produits de base, un levier souvent utilisé pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
Cependant, certaines catégories de dépenses continuent d’augmenter. Les dépenses de personnel ont progressé de 5,5%, atteignant 106,5 MMDH à fin août 2024. Cette hausse s’explique par l’augmentation des salaires dans la fonction publique, ainsi que par l’augmentation des charges de la dette, qui ont grimpé de 18,6% pour atteindre 30,9 MMDH. Les intérêts de la dette extérieure ont particulièrement bondi de 43,8%, illustrant la pression exercée par le financement des emprunts extérieurs sur les finances publiques.
Relance de l’investissement public
Outre la gestion prudente des dépenses ordinaires, le Maroc a continué de renforcer ses investissements publics, un pilier essentiel de sa stratégie de croissance économique. À fin août 2024, les dépenses d’investissement ont augmenté de 13,5%, atteignant 67,5 MMDH, contre 59,4 MMDH un an plus tôt.
Cette hausse est largement due à l’augmentation des dépenses des ministères, qui ont progressé de 19,4%, tandis que les dépenses des charges communes ont crû de 6,7%. Ces investissements, majoritairement orientés vers les infrastructures, visent à soutenir la croissance économique et à améliorer la compétitivité du pays. Par ailleurs et malgré l’excédent ordinaire enregistré, le déficit global du Trésor reste préoccupant.
À fin août 2024, il s’élève à 32,8 MMDH, en amélioration par rapport aux 42,4 MMDH observés à la même période en 2023. Cette réduction du déficit s’explique par la combinaison de la hausse des recettes fiscales et de la réduction des subventions de compensation.
Pour couvrir ce déficit, le Trésor a intensifié son recours au financement intérieur, mobilisant 50,6 MMDH sur le marché intérieur à fin août 2024, contre 20,3 MMDH un an plus tôt. Cette stratégie vise à limiter la dépendance vis-à-vis des financements extérieurs, qui ont généré un flux net négatif de 5,4 MMDH en raison des remboursements de la dette extérieure.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO