Maroc

Filière pharmaceutique. Le générique, un atout pour la souveraineté sanitaire

Le contexte pandémique de Covid-19 a démontré combien il est important de disposer d’un tissu industriel national capable à tout moment de mettre sur le marché des produits de première nécessité de qualité et à des prix justes. Dans le même sillage, une récente étude, publiée par le Policy center for the new south, a jeté la lumière sur la filière pharmaceutique industrielle nationale, mettant en exergue la capacité du Royaume à relever le défi de la souveraineté sanitaire. 

La course à la souveraineté dans le domaine de l’industrie pharmaceutique est un marathon, et le Maroc est bien engagé dans la course. Après les phosphates, l’industrie pharmaceutique marocaine, qui contribue à hauteur de 1,5% au PIB national, constitue la deuxième activité chimique du pays, avec 53 Établissements pharmaceutiques industriels (EPI). 47 d’entre eux disposent de sites de production qui permettent de satisfaire quelque 52% de la consommation nationale en valeur et 78% en volume.

Rappelons que le contexte de pandémie covid-19 a déjà démontré combien il est important de disposer d’un tissu industriel national capable à tout moment de mettre sur le marché des produits de première nécessité de qualité et à des prix justes. Dans le même sillage, une récente étude, publiée par le Policy Center for the New South, a jeté la lumière sur la filière pharmaceutique industrielle du Maroc, mettant en exergue sa capacité à relever le défi de la souveraineté sanitaire.

Avec un chiffre d’affaires dépassant annuellement les 17 MMDH, l’industrie pharmaceutique nationale a connu une année record en 2023. Cette étude a été consacrée à l’une des trois composantes de ce secteur : la composante industrielle. En priorisant l’usage des génériques et en diversifiant son offre, ce pôle s’apprête à relever le défi de la souveraineté sanitaire du Maroc.

110 EPI à l’horizon 2035

Selon ladite étude, l’écosystème de l’industrie pharmaceutique au Maroc a été amorcé dès 1933. «Avant 1980, on recensait 16 EPI, qu’on peut considérer comme les pionniers de l’écosystème. Entre 1980 et 1999, cet écosystème s’enrichit de 14 nouveaux établissements, auxquels viendront s’ajouter, à partir de 2000, 20 nouveaux», indique l’étude réalisée par Henri Louis Vedie, docteur en sciences économiques et senior fellow au Policy center for the new south.

Selon la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), qui est le plus important groupement du secteur, le secteur vise, à l’horizon 2035, la génération d’un chiffre d’affaires global de 80 MMDH et un accroissement du nombre des EPI pour atteindre 110 unités industrielles. Il prévoit également le renforcement du budget d’investissements en Recherche et Développement (R&D) pour atteindre 5% du chiffre d’affaires annoncé, en conformité avec les orientations stratégiques du Nouveau modèle de développement (NMD).

Selon ladite étude, le Maroc est un des rares pays capables de réunir autant d’EPI et d’être aussi attractif pour les IDE du médicament, et ce, en développant sa filière médicamenteuse avec un double moteur de croissance : un moteur interne, basé que le marché intérieur, et un moteur externe, visant le marché international. Le marché africain est particulièrement concerné, sachant que l’industrie pharmaceutique marocaine y occupe aujourd’hui la deuxième place, derrière l’Afrique du Sud, et qu’elle est la cinquième de la région MENA.

Les génériques, noyau dur de la souveraineté sanitaire

Aujourd’hui, fort d’une expérience qui remonte aux années 70, ce secteur couvre selon l’étude 80% des besoins du Royaume en médicaments. Cette performance n’aurait pas été possible sans une stratégie avisée, particulièrement dans le cadre du Plan d’accélération industrielle 2014-2020, complété par un fonds de développement industriel à partir de 2015. Ce secteur compte trois composantes, à savoir l’officinal, qui regroupe 11.000 pharmacies privées ; le secteur de la distribution, représenté par les grossistes répartiteurs ; et le secteur industriel, celui de la fabrication des médicaments, avec 50 Établissements pharmaceutiques industriels.

En priorisant l’usage des génériques et en diversifiant son offre, l’industrie pharmaceutique a fait du générique le noyau dur de la souveraineté sanitaire du Royaume. En 2021, le marché des génériques représente, en volume, 42,7% du marché pharmaceutique privé, quasi exclusivement celui des EPI, selon l’étude. En valeur, cette part de marché est de 44,3%. Par contre, si on distingue les génériques Princeps et les génériques Biosimilaires, la part de marché de ces derniers est très inférieure à 42,7%, certains experts l’estimant à 20%. Des résultats qui sont largement en deçà de ceux de la plupart des pays occidentaux et des pays de l’OCDE.

Médicaments : le Maroc en mesure de couvrir jusqu’à 70% de ses besoins

En réponse à une question orale relative à la consolidation de la souveraineté du Maroc dans l’industrie pharmaceutique, Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale a affirmé que le pays est en mesure de produire jusqu’à 70% de ses besoins en médicaments, incluant les génériques.

À cet égard, le Roi Mohammed VI a donné Ses Hautes Directives pour la réalisation d’une usine de fabrication de vaccins, assurant que cette unité, capable de produire 100% des vaccins dont le Maroc a besoin, peut même exporter vers le continent africain et contribuer ainsi à sa souveraineté pharmaceutique. L’usine devrait produire jusqu’à 144 millions de doses, assurant de loin les différents besoins du Royaume en vaccins qui s’élèvent à 22 millions de doses par an.

Rappelons enfin que parmi les objectifs tracés pour parvenir à une souveraineté dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, figure la mise à disposition d’un stock de réserve stratégique destiné à permettre de gérer les différentes crises.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO

 


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