Maroc

Filière cinéma : le couvre-feu à 21h provoque des grincements de dents

Depuis le début de la crise sanitaire, les acteurs du secteur du cinéma multiplient les sorties. Suite aux dernières mesures visant à réduire les horaires de fermeture des commerces, les trois chambres syndicales représentant le secteur du cinéma, à savoir la Chambre marocaine des salles de cinéma, la Chambre marocaine des distributeurs de films, et la Chambre marocaine des producteurs de films, sont montées au créneau.

Grincements de dents chez les propriétaires et gestionnaires de salles de cinéma. Dans un courrier daté du trois août et adressé à Saad dine El Otmani, Chef du gouvernement, Othman El Ferdaous, ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, et Sarim Fassi-Fihri, Directeur du centre cinématographique marocain, les trois chambres syndicales représentant le secteur du cinéma, à savoir la Chambre marocaine des salles de cinéma, la Chambre marocaine des distributeurs de films, et la Chambre marocaine des producteurs de films, représentés par leurs présidents respectifs, montent au créneau pour dénoncer l’impact immédiat des nouveaux horaires du couvre-feu. Fixé à 21 H jusqu’à nouvel ordre, ces horaires vont inévitablement grever les revenus des billetteries des salles obscures. Selon les estimations obtenues, la chute des recettes avoisinerait les 90% par rapport à la normale, d’où un manque à gagner important. «Le couvre-feu de 23 H précédent, associé aux mesures barrières, avait déjà fait chuter la billetterie de 60%. Depuis le début de la période correspondant aux nouveaux horaires fixés à 21 H, nous avons, malheureusement, connu une baisse de -90% des fréquentations», dénoncent les professionnels du secteur. Espérant drainer de l’audience parmi les personnes déjà vaccinées, les professionnels plaident, également, pour la mise en place en urgence du pass sanitaire, et demandent aux autorités d’autoriser l’accès aux salles de cinéma après le couvre-feu, pour les personnes vaccinées. «Le pass sanitaire existe au Maroc depuis le début de l’année 2021, et désormais plus de 10 millions de Marocains, de plus de 30 ans, sont complètement vaccinés et prompts à consommer dans les secteurs affaiblis par la pandémie, tels que la restauration, les loisirs et la culture», arguent-ils.

Des milliers d’emplois menacés
Après 15 mois de fermeture administrative, les professionnels Marocains du secteur comptabilisent un record singulier, celui de la période de fermeture de cinémas, liée à la pandémie, la plus longue au monde. Au Maroc, le secteur du cinéma emploie, directement, plus de 5.000 personnes et en fait vivre 30.000, en incluant les familles des salariés concernés. Pour les employés des salles obscures, les indemnités servis, de 2.000 DH, ont pu apporter un certain soulagement, mais jusqu’à quand ? «Les soutiens d’État, reçus par les exploitants de cinéma, n’ont couvert, partiellement, que huit mois de charges fixes, et seulement trois mois d’aides leur ont été versés à ce jour», déplore le collectif. Après 15 mois de fermeture administrative des cinémas, ces derniers ont réouvert le quatre juin. Les mesures sanitaires, alors en vigueur, ont fait chuter la fréquentation de 60%, et les exploitants de cinéma, exerçant leur activité à pertes, compte-tenu de ces mesures, ont pourtant «joué le jeu», à la demande des autorités, au nom de la relance économique.

Avant la pandémie, les exploitants de cinéma enregistraient, en soirée, plus de 60% de leur recette quotidienne
Cependant, les exploitants de cinéma enregistraient, avant la pandémie, plus de 60% de leur recette quotidienne en soirée, et le couvre-feu de 23 H pesait, à lui seul, pour moitié, dans les 60% de perte de fréquentation. En imposant un couvre-feu à 21H, les entrées dans les cinémas chutent, en conséquence, d’au moins 90% par rapport à une exploitation hors pandémie, sans parler des billets, car cette chute de fréquentation a réduit à néant les recettes publicitaires qu’enregistraient les cinémas. Les chiffres publiés, collectés quotidiennement par le Centre cinématographique marocain (CCM) auprès des salles de cinéma, abondent dans ce sens, et révèlent que les 90% de perte de chiffre d’affaire sont, pour les deux tiers, liés à la privation de projections en soirée, et concernant le dernier tiers, sont en relation avec les autres mesures sanitaires. «Aucune société au Maroc ne peut survivre à une telle baisse de chiffre d’affaire, et les cinémas étant le guichet quasi-exclusif de toute la filière au Maroc, distributeurs et producteurs Marocains subissent de plein fouet ces mesures», soutien Elhousain Boudih, président de la Chambre marocaine des salles de cinéma. Ainsi, c’est toute la filière cinéma qui est en quasi-faillite, plongeant 30.000 personnes dans la précarité, sans préavis, et du jour au lendemain.

Concurrence des plateformes de streaming
Depuis le début de la crise sanitaire, les acteurs du secteur du cinéma multiplient les sorties. Fin juin dernier, le collectif a alerté la tutelle sur la gigantesque fraude fiscale opérée au Maroc par les opérateurs de streaming tels que Netflix et Amazon Prime, qui se sont développés de façon spectaculaire, au niveau mondial, grâce à la fermeture des cinémas, et dont la régularisation fiscale au Maroc, comme elle s’opère actuellement dans de nombreux pays, permettrait de rééquilibrer la balance entre les bailleurs de fonds de l’assurance santé.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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