Maroc

Fès : les architectes face au défi du changement climatique

Près de 700 architectes, urbanistes et décideurs se sont réunis à Fès à l’occasion de la 39e Journée nationale de l’architecte. Un rendez-vous pour repenser la ville de demain face à l’urgence climatique, en plaçant l’architecte au cœur de la transition énergétique et de la gestion durable de l’eau. De la vision royale à l’expertise terrain, le Maroc s’engage pour une architecture résiliente et éco-responsable. 

Sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, la ville de Fès a été l’hôte, le 14 janvier 2025, de la 39e édition de la Journée nationale de l’architecte. Cet événement majeur, orchestré par le Conseil national de l’Ordre des architectes, en collaboration avec le ministère de l’Aménagement du Territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a rassemblé près de 700 personnes, dont des personnalités de premier plan et des professionnels du secteur.

La thématique portait sur un sujet capital pour l’avenir du pays : «L’architecte citoyen face aux impacts du changement climatique : la problématique de l’énergie et de l’eau».

Dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique, cette rencontre a permis de mettre en lumière le rôle déterminant des architectes dans la conception de villes résilientes et durables, et de réaffirmer l’engagement du Royaume en faveur d’un développement urbain respectueux des enjeux environnementaux. Elle a constitué une plateforme d’échange et de réflexion sur les défis et les opportunités liés à la transition énergétique et à la gestion des ressources hydriques dans le secteur du bâtiment.

L’occasion de poser les jalons d’une architecture marocaine innovante et responsable, en phase avec les aspirations nationales et les exigences d’un monde en mutation.

Fès, un carrefour historique et un laboratoire d’innovation
Le choix de Fès comme lieu de cette rencontre n’est pas anodin. Comme l’a souligné dans son allocution Mouaad Jamai, wali de la région, Fès est une ville millénaire dont la fondation et le développement sont intrinsèquement liés à l’eau. La richesse de son patrimoine architectural, qui remonte à plus de 1.200 ans, témoigne d’une gestion ancestrale de cette ressource précieuse.

La coïncidence de cette journée avec la célébration du Nouvel An amazigh «Yanayer 2975» a ajouté une dimension symbolique forte, rappelant la richesse et la diversité culturelle du Maroc, dont l’architecture est un reflet vibrant.

Le wali a également mis en lumière les défis actuels de la ville, notamment la nécessité de renforcer la résilience des bâtiments et de développer des stratégies architecturales durables. Fès se positionne ainsi comme un laboratoire d’innovation. Elle est engagée dans une dynamique de grands projets structurants en prévision d’événements sportifs majeurs tels que la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du monde 2030.

L’architecte, un acteur clé face aux défis climatiques
Adib Benbrahim, secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Aménagement du Territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, chargé de l’Habitat, a rappelé l’engagement du Maroc dans les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ce, conformément à la vision royale. Il a souligné le rôle de modèle du pays en Afrique en matière d’énergies renouvelables ainsi que son ambition de devenir un leader de la résilience climatique. Face aux défis posés par le changement climatique, l’architecte citoyen est appelé à jouer un rôle crucial.

«Nous devons agir pour asseoir cette impulsion royale en accompagnant nos concitoyens en vue de leur permettre de s’approprier ce nouveau mode de vie résilient», a affirmé Benbrahim.

Il a insisté sur la nécessité de créer des espaces de vie accessibles, agréables, sûrs, et respectueux tant des valeurs identitaires que des spécificités architecturales, tout en s’inspirant des modes constructifs traditionnels. L’architecte est ainsi placé au cœur de la transition vers des villes durables et inclusives.

Vers une architecture résiliente et éco-responsable
Chakib Benabdellah, président de l’Ordre national des architectes, a insisté pour sa part sur le rôle proactif que doit jouer l’architecte face à la problématique du changement climatique. Il a détaillé les axes d’intervention concrets pour une architecture éco-responsable, dont la maîtrise de l’énergie des bâtiments par la conception de bâtisses à haute performance énergétique.

Celles-ci doivent favoriser les énergies renouvelables, à travers le choix de matériaux locaux à faible impact environnemental. Il a également mis l’accent sur l’utilisation de stratégies passives telles que l’orientation et la ventilation naturelle ainsi que sur l’intégration de la récupération et du traitement des eaux dans la conception architecturale. L’architecte devient ainsi un concepteur d’espaces résilients, capable d’anticiper les crises futures et de réduire l’empreinte écologique des constructions.

L’intégration de systèmes de collecte des eaux de pluie et de traitement des eaux usées est présentée comme une solution à même de réduire la pression sur les ressources hydriques, un enjeu majeur dans un contexte de stress hydrique croissant.

Un appel à l’innovation et à la collaboration
La 39e Journée nationale de l’architecte a été un véritable appel à l’innovation et à la collaboration. Les différentes interventions ont souligné l’importance de repenser les modèles de développement urbanistique, d’adopter des approches écologiques et d’intégrer les technologies innovantes dans la conception architecturale. La journée a été ponctuée par des rencontres professionnelles et scientifiques ainsi que par des conférences et des débats autour de thématiques d’intérêt commun, favorisant le partage d’expertises et de bonnes pratiques.

Dans le cadre du renforcement de ses partenariats avec les acteurs de l’écosystème de la construction, cette journée a été marquée par la signature d’une convention de partenariat entre le Conseil national de l’ordre des architectes du Maroc (CNOA) et la société STRUGA.

Cet accord vise à instaurer une collaboration fructueuse entre les deux entités. STRUGA, fabricant de systèmes de menuiserie et façades en aluminium, s’engage ainsi à accompagner le CNOA et les conseils régionaux tout en proposant des sessions de formation aux architectes dans les domaines de l’aluminium et du verre.

L’événement a été marqué par la participation des présidents de grandes organisations professionnelles internationales, dont l’Union africaine des architectes (AUA), l’Union méditerranéenne des architectes (UMAR), et la Fédération des architectes francophones d’Afrique (FAFA).

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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