Fès : L’UPF s’allie à l’université de Grenade
L’Université privée de Fès (UPF) vient de signer un partenariat de collaboration avec l’université de Grenade. Le but est de fructifier les relations bilatérales entre les deux établissements et développer de nouvelles pistes de recherche inter-universitaires.
La coopération culturelle entre le Maroc et l’Espagne est l’une des plus importantes coopérations pour Madrid à l’étranger. En effet, durant ces dernières années, une moyenne de 2 à 3 millions d’euros est allouée chaque année aux partenariats bilatéraux. Le degré de ces partenariats se distingue de manière plus concrète dans certaines villes du nord du Maroc (Tétouan, Chefchaouen, Al Hoceima).
Aujourd’hui, l’Université privée de Fès (UPF) veut compléter ses partenariats classiques avec les universités francophones et a opté pour la diversification de ses relations à l’international pour rester connectée au progrès perpétuel dans le monde de la recherche universitaire. Dans ce cadre, l’UPF a organisé une journée d’étude consacrée au Patrimoine partagé entre Fès et Grenade, et qui a été une occasion de formaliser un partenariat de collaboration avec l’Université de Grenade. «La signature aujourd’hui de cette convention-cadre nous oblige à agir. Pour nous, le facteur temps est un des paramètres essentiels de la compétition dans laquelle nous sommes engagés et que nous devons gagner pour l’avenir de notre jeunesse, nos élèves et de nos étudiants», précise Mohamed Aziz Lahlou, président de l’Université privée de Fès. «C’est une initiative de notre part pour rapprocher nos deux villes dans le but d’un éventuel partenariat ou jumelage. C’est donc un appel au politique pour renforcer l’initiative du scientifique», ajoute le président de l’UPF. Il faut noter que le lien entre Fès et Grenade a été culturel bien avant d’être économique ou politique.
Selon le comité d’organisation de cet événement, «depuis l’origine, nos cultures sont entrées en résonance, faisant progressivement émerger les relations politiques entre le Maroc et l’Espagne, chose qui n’aurait pas été possible sans cet héritage qui est ancré dans notre histoire commune». Lors de cette rencontre, les différents participants ont esquissé les contours du lien fané, perdu, complexe du patrimoine partagé entre les deux villes (patrimoine humain, scientifique, architectural, paysager, culturel, intellectuel).
José Antonio Gonzalez
Alcantud Professeur des universités d’anthropologie sociale à l’université de Grenade
Les ÉCO : En quoi consiste le partenariat entre l’Université de Grenade et l’UPF ?
José Antonio Gonzalez Alcantud : D’abord, il faut savoir que nos deux universités sont pleines d’espoir et d’ambition pour porter ensemble leurs pierres à l’édifice, dans le monde de l’invention et de la recherche. Ainsi à l’avenir, nous visons la complémentarité entre la modernisation de l’UPF et le savoir historique de l’Université de Grenade. Ce partenariat ambitionne principalement la promotion et l’inter-échange des savoirs scientifiques. Il exprime également la volonté des deux côtés de développer un programme concret qui va permettre aux étudiants des deux villes de partager leurs expériences et leur savoir.
Comment les deux villes peuvent-elles se servir de ce partenariat pour développer la recherche scientifique au sein des deux universités ?
Aujourd’hui, il est temps de se passer de la rhétorique et penser vraiment à une collaboration technique et pousser les deux villes à créer un lien de jumelage qui permettra de contribuer aux relations bilatérales entre les deux pays. Je pense qu’il faut d’abord éviter le blocage historique entre les deux villes et mettre la lumière sur les points communs qu’il faut absolument fructifier. Il y a plusieurs exemples de villes marocaines qui ont développé leurs relations avec Grenade comme Tétouan, Chefchaouan, Al Hoceima… Donc pourquoi pas Fès. Pour cela, nous allons programmer plusieurs colloques qui réuniront les deux établissements pour faire avancer nos relations économiques et politiques.
Comment décryptez-vous le patrimoine partagé entre Fès et Grenade ?
Pour moi, il y a plusieurs similitudes, mais aussi certaines convergences. En effet, nous sommes un pays qui a une tradition culturelle qui est d’origine arabe, romaine et chrétienne. Grenade dispose de plusieurs bâtiments et de palais qui sont jusqu’à aujourd’hui un souvenir partagé entre les Mérinides et les Almoravides. On peut également constater la présence de l’artisanat à fort contenu culturel qui sauvegarde l’histoire des deux pays.