Maroc

Fatima Arib: Malgré le contexte sanitaire, nous avons marqué des points

Entretien avec Professeure Fatima ARIB, Directrice de l’École nationale de commerce et de gestion – ENCG – Marrakech.

Moins de deux ans après sa nomination à la tête de l’Ecole nationale de commerce et de gestion – ENCG Marrakech, la seule femme promue à ce jour à ce poste, au Maroc, nous entretient de ses débuts difficiles qui ont coïncidé avec la crise sanitaire, notamment des mesures prises pour assurer la continuité pédagogique et certaines réalisations.

Le Maroc vient de se doter d’un nouveau gouvernement où l’ex-président de l’Université Cadi Ayyad, Abdellatif Miraoui, est nommé ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
La nomination du professeur Abdellatif Miraoui au poste de ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation est une fierté pour toutes les composantes de l’Université Cadi Ayyad. J’ai eu personnellement l’honneur et le grand plaisir de travailler avec lui à la présidence comme chargée de mission «Développement durable et grands projets». Monsieur le Ministre est très connu comme un grand défenseur de l’innovation et des nouvelles technologies dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Il est une source d’inspiration pour toutes les personnes qui l’on côtoyé.

Cela fait exactement un an et huit mois que vous occupez le poste de Directrice de l’ENCG Marrakech, où vous avez été nommée fin février 2020 comme la première femme directrice d’une grande école de commerce. Comment avez-vous passé vos premiers mois qui ont coïncidé avec la crise sanitaire ?
Effectivement, j’ai commencé ma fonction deux semaines avant le confinement, qui a été décidé soudainement, comme partout dans le monde. Cette décision nous a, bien entendu, pris au dépourvu et nous nous sommes tous trouvés dans l’obligation d’un enseignement à distance forcé. Un enseignement de crise, d’urgence, non préparé, et de grand défi d’assurer la continuité pédagogique et scientifique pour tous les étudiants. Certes, il s’agissait d’une période dense et difficile, mais c’était pour moi un très beau challenge professionnel, une expérience passionnante, instructive, incitative à l’innovation et riche en leçons. Finalement, grâce à la mobilisation, la collaboration et le grand sens de responsabilité de toutes les composantes de l’école, professeurs, administratifs et étudiants, nous avons pu relever les défis. En effet, grâce à la plateforme existante MOODLE, mise en place bien avant la crise, la continuité pédagogique a été rapidement assurée, ceci dès le lendemain du confinement.

C’est prématuré de faire un bilan de votre activité, mais peut-on avoir une idée sur la réalisation de votre feuille de route ?
Nous nous sommes, en effet, doté d’un projet de développement de l’école axé sur cinq orientations stratégiques, à savoir : instaurer les principes de la bonne gouvernance et promouvoir les ressources humaines ; améliorer le rendement pédagogique et promouvoir l’employabilité et l’insertion promotionnelle de nos lauréats ; développer la recherche scientifique et l’orienter vers des thématiques sociétales ; cultiver un environnement universitaire favorable et inclusif ; et développer des coopérations et partenariats pour un ancrage régional et national et un rayonnement continental et international. Malgré le contexte sanitaire exceptionnel, nous avons pu réaliser diverses actions. C’est par exemple le cas au niveau de l’axe 2 de notre feuille de route. Nous avons pu procéder à la généralisation de l’internet et au perfectionnement de l’usage des NTI au sein de l’école. Nous avons aussi développé un fonds documentaire et conclu de nouveaux partenariats pour l’accueil des étudiants en stage. Un projet de Business Center a été également élaboré et soumis à la présidence de l’Université Cadi Ayyad dont nous dépendons. Un autre exemple : dans le cadre de la réalisation de l’axe 6 de notre feuille de route, nous avons pu nouer des partenariats au niveau international pour créer une nouvelle génération de formations continues répondant aux attentes du monde socio-économique dans les domaines de la santé et de la culture, avec le Réseau IAE France, Kedge Business School, Brest Business School, Montpellier Business School en France, l’Établissement spécialisé de la francophonie pour l’administration et le management ESFAM-Bulgarie, et le Centre du commerce international, une agence des Nations-Unies et de l’Organisation mondiale du commerce. Bref, malgré la crise, nous avons pu engager plusieurs chantiers.

La gestion de votre établissement se fait aussi à travers l’échange de bonnes pratiques avec vos collègues des autres ENCG avec qui vous êtes en réseau. Comment se porte votre collaboration ?
Nous sommes effectivement constitués en un réseau qui se porte bien. Tous les membres sont conscients de son rôle comme composante majeure dans le système de l’enseignement supérieur national. En plus de la programmation des concours et des examens, nous préparons actuellement la réadaptation de la carte des formations, notamment pour y intégrer de nouveaux diplômes comme celui d’expert-comptable. Nous sommes également en train de préparer une grande manifestation scientifique, les 14 et 15 mars 2022 à Dakhla, placée sous le thème «Mieux gérer l’Afrique : vers de nouveaux modèles résilients et solidaires». Cet événement sera l’occasion pour le réseau de lancer des actions communes pour mieux nous positionner au niveau continental.

Comment évaluez- vous aujourd’hui les formations des ENCG? Quels profils voyez-vous pour les managers de demain ?
Nous sommes aujourd’hui dans un environnement turbulent, complexe et incertain qui nécessite la formation de managers flexibles, innovateurs et capables de s’adapter. Un environnement qui demande davantage d’agilité, afin de saisir de nouvelles opportunités, de relever des défis inédits et d’accompagner un changement organisationnel en adéquation avec les enjeux sociétaux. Tout le monde est d’accord que, depuis leur lancement, les programmes de formation des ENCG Maroc ont fait la preuve de leur excellence, avec un grand taux de satisfaction et une large communauté d’alumni qui s’insèrent assez facilement dans le monde du travail. Cela témoigne d’une bonne adéquation formation/emploi. Ceci étant, nous nous employons au quotidien pour faire évoluer ces programmes afin de mieux répondre aux nouvelles attentes du monde socio-économique qui a besoin de nouveaux profils de managers.

Au niveau international, avez-vous des liens avec d’autres pays, africains, par exemple. Que faites-vous ensemble pour le développement du continent ?
L’international et l’ancrage territorial constituent des axes phares de la stratégie de développement de l’ENCG Marrakech. L’École s’est largement ouverte ces derniers mois sur son environnement socio-économique régional et national, avec une attention particulière aux accords de partenariats à l’international pour encourager la mobilité des étudiants, professeurs et administratifs, mais aussi pour soutenir le réseautage international et créer de nouvelles synergies avec de nouveaux partenaires, universités et organisations internationales. Nous souhaitons aussi développer des partenariats originaux avec des institutions africaines pour promouvoir la coopération Sud–Sud et accompagner notre pays dans sa stratégie en Afrique. D’ailleurs, nous avons entamé des contacts avec des universités africaines, notamment au Sénégal et en Côte d’Ivoire, avec qui nous avons l’objectif de concrétiser une nouvelle génération de partenariats dans les métiers des organisations.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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