Évolution génétique des semences : l’INRA sur le front de bataille

Face au défi du changement climatique et de la sécurité alimentaire, l’INRA développe de nouvelles variétés végétales résistantes et performantes. Après des années de recherche, l’institut a déjà créé 34 variétés, dont 13 ont été cédées aux semenciers. Ces variétés, conçues pour améliorer les rendements et la durabilité des systèmes agricoles, sont conçues en perspective de leur adoption à grande échelle par les agriculteurs.

Dans un contexte de changement climatique et de stress hydrique croissant, le développement de nouvelles variétés végétales résilientes et à haut rendement est devenu un enjeu stratégique majeur pour assurer la sécurité alimentaire au Maroc.

Face aux sécheresses récurrentes et aux températures extrêmes, l’amélioration génétique des semences représente un levier essentiel pour renforcer la durabilité et la productivité des systèmes agricoles. C’est dans cette optique que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Meknès mène depuis plusieurs décennies des recherches intensives visant à créer de nouvelles variétés de céréales, légumineuses et oléagineuses, adaptées aux conditions agro-écologiques locales.

Parmi les lieux emblématiques de ces travaux, le Domaine expérimental de Douiyet qui se distingue par son rôle crucial dans la conception de variétés combinant hauts rendements, tolérance aux stress environnementaux et qualités nutritionnelles supérieures.

Un processus de création variétale «long et rigoureux»
La création d’une nouvelle variété végétale est un processus de longue haleine, nécessitant 12 à 14 ans d’expérimentation et d’évaluation avant d’être proposée aux agriculteurs. Ce long délai s’explique par la nécessité de tester les variétés dans différentes conditions agro-écologiques pour garantir leur résilience aux stress biotiques (maladies et ravageurs) et abiotiques (sécheresses et températures extrêmes).

34 nouvelles variétés créées
Dans son plan stratégique, l’INRA s’est engagé à développer entre 30 et 50 nouvelles variétés dans le cadre de la stratégie «Génération green 2020-2030». Ces variétés, couvrant céréales, légumineuses alimentaires et oléagineuses, sont conçues pour améliorer les rendements agricoles de 50% tout en renforçant la durabilité des systèmes de production.

À ce jour, 34 nouvelles variétés ont été créées, dont 13 ont déjà été cédées aux sociétés semencières pour leur multiplication. Parmi elles, on trouve six variétés de blé dur, six de blé tendre, cinq d’avoine, quatre d’orge, trois de colza, trois de pois chiche, deux de triticale, deux de lentille, deux de fève et une de fèverole.

Taghouti Mona, chercheuse au Centre régional de Rabat, nous a expliqué que «ces variétés se distinguent par un rendement élevé, une adaptation aux conditions climatiques difficiles et une qualité supérieure de production». Elle a insisté sur l’importance de faire connaître ces variétés aux agriculteurs et aux semenciers et de favoriser leur adoption à grande échelle pour atteindre la souveraineté nationale en matière de semences.

Encourager l’utilisation des nouvelles variétés
L’INRA comprend que la création de variétés performantes n’a de sens que si elles sont adoptées par les agriculteurs. C’est pourquoi l’institut a mis en place une stratégie de communication proactive pour sensibiliser les agriculteurs et les semenciers aux avantages de ces nouvelles variétés.

Dans ce cadre, plusieurs manifestations sont organisées au cours du mois de mai, dont l’objectif est de présenter les derniers résultats de la recherche agronomique aux différentes parties prenantes, surtout aux partenaires stratégiques.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO